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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ma… ma femme !
    Ainsi, jusqu’au bout, l’extravagant amoureux se refusait à
croire qu’il pût être aimé autrement que comme un frère !
    – Il ne faut pas m’en vouloir, reprit le blessé, je ne
t’aurais jamais dit cela… mais je vais mourir… ça n’a plus
d’importance. Rappelle-toi Juana… je t’aimais… bien !…
bien !…
    – Chico ! sanglota la petite Juana, éperdue,
Chico ! tu me brises le cœur… Ne vois-tu donc pas que moi
aussi je t’aime… et pas comme un frère.
    – Oh ! murmura le blessé, ébloui, qui trouva la force
de redresser sa petite tête, oh !… dis-tu vrai ?…
    – Luis ! clama la petite Juana, qui pressa tendrement
cette tête chère dans ses bras. Luis, je t’aimais aussi !… je
t’ai toujours aimé !…
    Une expression de joie céleste se répandit sur les traits du
nain ; il fit un grand effort et, saisissant la tête baignée
de larmes de sa maîtresse dans ses deux petites mains, plongeant
ses yeux dans ses yeux comme s’il eut voulu y puiser la
confirmation de ces paroles que ses oreilles se refusaient à
croire :
    – Tu m’aimais ?…
    – Je n’ai jamais aimé que toi !
    Alors d’un accent de regret désespéré :
    – Oh !… trop tard… fit-il dans un souffle, je… vais
mourir.
    – Luis ! cria Juana à demi folle, ne meurs pas… Je
t’aime !… Je t’aime !…
    – Trop… tard !… fit encore une fois le nain.
    Et il se renversa, évanoui.
    Et elle, qui le crut mort, sur un ton de reproche
indicible :
    – Oh !… Dieu n’est pas juste !…
    – Eh ! mordieu ! éclata Pardaillan, ne pleurez
pas, petite Juana !… Il n’est pas mort… Il ne mourra
pas !
    – Oh ! monsieur, fit la petite Juana en secouant
douloureusement la tête et sur un ton de dignité déconcertant, ne
jouez pas avec ma douleur… Je vous jure qu’elle est
sincère !…
    – Eh ! morbleu ! je le sais bien ! Mais
regardez-moi, ma mignonne, ai-je l’air d’un homme qui joue avec une
chose aussi respectable qu’une douleur sincère ?
    – Que voulez-vous dire ? haleta la jeune fille, qui ne
savait plus ce qu’elle devait croire.
    – Rien que ce que j’ai dit. Le Chico n’est pas mort… Voyez,
il s’agite… Et il ne mourra pas !
    – Juana, fit le blessé, dans un cri de joie délirante,
puisqu’il le dit… c’est que c’est la vérité… Je ne mourrai
pas !…
    Et avec une inquiétude navrante :
    – Mais… si je ne meurs pas… m’aimeras-tu quand
même ?
    – Oh ! méchant… peux-tu faire pareille
question ?
    Et pour cacher son trouble :
    – Mais, monsieur le chevalier, pourquoi cette comédie
lugubre ?… Savez-vous, soit dit sans reproche, que vous pouvez
me tuer ?
    – Que non, ma mignonne… Pourquoi cette comédie,
dites-vous !… Eh ! par Pilate ! parce que je n’ai
pas vu d’autre moyen d’amener cet incorrigible timide à prononcer
ces deux mots si terribles et si doux : Je t’aime !
    – Ainsi, c’était pour cela ?
    – M’en voulez-vous ? fit doucement Pardaillan en lui
prenant les deux mains.
    – Je suis bien trop heureuse pour vous en vouloir…
    Et avec un accent de gratitude infinie :
    – Il faudrait que je fusse la plus ingrate des créatures…
Ne vous devrai-je pas mon bonheur ?
    Alors se penchant sur elle, désignant le Chico du coin de l’œil,
Pardaillan lui dit tout bas :
    – Ne vous avais-je pas prédit que vous finiriez par
l’aimer ?
    – C’est vrai, fit-elle simplement. Tout ce que vous
promettez arrive.
    Pardaillan se mit à rire, de son bon rire si clair.
    – Et maintenant, fit-il, savez-vous ce que je vous
prédis ?
    – Quoi donc ?
    – C’est que votre premier enfant sera un garçon…
    Juana rougit et, considérant la petite taille du nain, secoua la
tête d’un air de doute.
    – Un garçon, reprit Pardaillan en riant toujours, que vous
appellerez Jean en souvenir de moi… et qui deviendra plus grand que
moi… et qui sera solide comme un chêne.
    – Je le crois, dit gravement Juana, puisque vous le dites,
et je vous promets de lui donner le nom de Jean en souvenir de
vous. Mais, monsieur le chevalier, quand on a eu l’honneur de vous
connaître et de vous apprécier, comme nous, soyez assuré qu’on ne
saurait vous oublier jamais.
    – Chansons ! murmura Pardaillan, embarrassé.
    Quant au Chico, il ne disait rien, il ne pensait à rien.
    Il croyait faire un rêve délicieux et ne souhaitait qu’une
chose :

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