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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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faut.
    Le Torero la considéra un instant. Il vit qu’elle ne plaisantait
pas, qu’elle était sincèrement convaincue que le roi ne reculerait
devant rien pour le faire disparaître. À son tour, il eut la
perception très nette que sa vie, comme elle disait, ne tenait qu’à
un fil. En même temps, il comprit que la lutte était impossible. Il
eut une révolte intérieure. Il ne voulait pas mourir, mourir du
moins ainsi, stupidement assassiné, avant d’avoir goûté aux joies
de la vie. En même temps aussi, une voix intérieure lui disait que
cette femme qui lui parlait était une force capable de lutter
contre la puissance qui le menaçait, capable peut-être de battre
cette puissance. Machinalement il demanda :
    – Que faire alors ?
    Cette question, Fausta l’attendait. Elle avait tout dit pour la
lui arracher.
    Très calme, elle reprit :
    – Avant de vous répondre, laissez-moi vous poser une
question : Voulez-vous vivre ?
    – Si je le veux ! Mordieu ! madame, j’ai vingt
ans ! À cet âge, on trouve la vie assez bonne pour y
tenir !
    – Êtes-vous résolu à vous défendre ?
    – N’en doutez pas, madame.
    – Encore faudrait-il savoir jusqu’à quel point ?
    – Par tous les moyens, madame.
    – S’il en est ainsi, si vous m’écoutez, peut-être
réussirai-je à vous sauver.
    – Mort du diable ! madame, parlez, et s’il ne tient
qu’à moi, je suis assuré de mourir de vieillesse !
    – En ce cas, je puis répondre à votre question : vous
ne vous sauverez qu’en frappant votre ennemi avant qu’il vous ait
mis à mal.
    Ceci fut dit avec ce calme glacial que prenait Fausta en
certaines circonstances. Il semblait qu’elle avait dit la chose la
plus simple, la plus naturelle du monde. Malgré ce calme
effroyable, elle appréhendait vivement l’effet de ses paroles, et
ce n’était pas sans anxiété qu’elle observait le jeune homme.
    Le Torero, à cette proposition inattendue, s’était dressé
brusquement, et livide, tremblant, il s’exclamait :
    – Tuer le roi !… tuer mon père !… Vous n’y pensez
pas, madame… Vous voulez m’éprouver sans doute ?
    Fausta posa son œil noir sur lui. Elle vit qu’il n’était pas
encore au point où elle le voulait. Cependant elle insista.
    – Je croyais, dit-elle avec un léger dédain, que vous étiez
un homme. Je me suis trompée. N’en parlons plus. Pourtant, moi qui
ne suis qu’une femme, je ne laisserais pas la mort de ma mère sans
vengeance.
    – Ma mère ! dit le Torero d’un air égaré.
    Impitoyable, elle poursuivait :
    – Oui, votre mère ! Morte assassinée par celui qui
vous assassinera, puisque vous tremblez à la seule pensée de
frapper.
    – Ma mère, répéta le Torero en crispant les poings avec
fureur. Mais le tuer, lui, mon père !… C’est impossible !
J’aime mieux qu’il me tue moi-même.
    Fausta comprit qu’insister davantage risquait de lui faire
perdre le terrain gagné dans cet esprit. Avec une souplesse
admirable, elle changea de tactique, et avec un haussement
d’épaules :
    – Eh ! fit-elle avec une certaine impatience, qui vous
parle de tuer ?
    Depuis qu’il avait cru comprendre qu’elle lui proposait un
parricide, le Torero, bouleversé, oubliant toute étiquette, allait
et venait d’un pas nerveux et saccadé dans l’immense salle
encombrée de meubles précieux, de bibelots rares. Cet attentat
contre nature lui paraissait si monstrueux qu’il ne pouvait pas
tenir en place. Il s’arrêta net et, regardant Fausta en face, il
dit vivement :
    – Cependant vous avez dit…
    – J’ai dit : il faut frapper. Je n’ai pas dit, je n’ai
pas voulu dire : il faut tuer.
    Le Torero eut un soupir de soulagement d’une éloquence muette.
Ses traits convulsés se rassérénèrent, et pour cacher son désarroi,
il s’excusa en disant :
    – Pardonnez ma nervosité, madame.
    – Elle me paraît naturelle, dit gravement Fausta.
    – Expliquez-vous, de grâce.
    – Je vais donc parler clairement. Ce que le roi craint
par-dessus tout, c’est que l’on apprenne que vous êtes son fils
légitime et l’héritier de sa couronne.
    – Je comprends ceci qui est la conséquence logique de son
incompréhensible haine à mon égard.
    Fausta approuva d’un signe de tête et reprit :
    – Il eût pu employer la procédure usuelle. Cela lui eût
simplifié la besogne en lui permettant de vous frapper plus
sûrement peut-être. Mais si secret que soit un

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