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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sa voix fut couverte par
le bruit de l’arquebusade qui éclata comme un tonnerre à cet
instant précis.
    Avant d’avoir pu se ressaisir, elle était saisie, enlevée, jetée
sur l’encolure d’un cheval, deux poignes vigoureuses la happaient,
paralysaient toute résistance, la maintenaient immobile, tandis que
la voix railleuse du cavalier murmurait :
    – Inutile de résister, ma douce colombe. Cette fois-ci, je
te tiens bien, et tu ne m’échapperas pas.
    Elle leva son œil où se lisait une détresse qui eût apitoyé tout
autre et considéra celui qui lui parlait sur ce ton à la fois
grossier et menaçant, et, elle reconnut Centurion. Elle se sentit
perdue. D’autant mieux qu’autour d’elle, elle ne voyait que ces
cavaliers à mine patibulaire qui l’avaient si galamment poussée au
premier rang de la foule, ces mêmes cavaliers qui l’avaient ensuite
escortée jusque-là et qui, maintenant, riant haut, avec d’ignobles
plaisanteries à son adresse, enfourchaient les chevaux que des
acolytes gardaient dans ce coin de rue en prévision de l’événement
qui se produisait.
    Le guet-apens, soigneusement ourdi, adroitement exécuté, lui
apparut dans toute son horreur, et elle se demanda, trop tard,
hélas ! comment elle avait pu être aveugle au point de n’avoir
eu aucun soupçon à la vue de ces mufles de fauves qui suaient le
crime.
    Il est vrai que toute à la joie du triomphe escompté de son
bien-aimé César, elle n’avait pas même songé à les regarder à ce
moment-là, et Dieu sait si elle regrettait maintenant.
    Alors, comme un pauvre petit oiseau blessé qui replie ses ailes
et s’abandonne en tremblant à la main cruelle qui s’abat sur lui,
frissonnante d’horreur et d’effroi, elle ferma les yeux et
s’évanouit.
    La voyant immobile et pâle, les bras ballants, comme un corps
sans vie, le familier comprit et, cynique et satisfait, il
gouailla :
    – La tourterelle est pâmée. Tant mieux ! Voilà qui
simplifie ma besogne.
    Et d’une voix de commandement, à ses hommes :
    – En route, vous autres !
    Il se plaça, avec son précieux fardeau, au centre du peloton,
qui s’ébranla et partit à toute bride.

Chapitre 12 L’ÉPÉE DE PARDAILLAN
    Nous avons raconté, en temps et lieu, comment Bussi-Leclerc
avait échoué dans sa tentative d’assassinat sur la personne du
chevalier de Pardaillan. Nous avons expliqué à la suite de quels
combats et quels déchirements intérieurs Bussi, qui était brave,
s’était abaissé à cette besogne que lui-même, dans sa conscience,
stigmatisait avec une violence de langage qu’il n’eût, certes, pas
tolérée chez un autre.
    Bussi-Leclerc, voyant Pardaillan, l’épée à la main, s’avancer
menaçant sur lui, avait cru qu’il allait être encore une fois
désarmé, et dans un geste de folie, il avait jeté son épée loin de
lui, pour s’éviter cette humiliation, qui avait le don de lui faire
perdre la tête.
    Fuyant la voix, plus attristée qu’indignée du chevalier qui lui
disait, suprême honte : « Je vous fais
grâce ! » Bussi-Leclerc était rentré chez lui en courant
et s’était enfermé à double tour, comme s’il eût craint qu’on ne
devinât son déshonneur, rien qu’en le voyant.
    Car le spadassin qui avait fait triompher tout ce qui, dans
Paris, savait manier une épée, s’était sincèrement cru déshonoré le
jour où Pardaillan lui avait, comme en se jouant, fait sauter des
mains son épée, jusqu’à ce jour invincible.
    Après avoir vainement essayé de reprendre sa revanche en
désarmant à son tour celui pour qui il sentait la haine gronder en
lui, il en était venu à se dire que sa mort, à lui Bussi, ou celle
de son ennemi pouvait seule laver son déshonneur. Et par une
subtilité au moins bizarre, ne pouvant l’atteindre en combat loyal,
il s’était résigné à l’assassinat.
    On a vu comment l’aventure s’était terminée. Bussi-Leclerc
écumant, pleurant des larmes de honte et de rage impuissante,
Bussi-Leclerc tournant comme un fauve en cage à grands pas furieux
dans la solitude de la chambre où il s’était enfermé, n’était pas
encore revenu de la stupéfiante mésaventure dont il avait été le
triste héros.
    Toute la nuit, cette nuit que Pardaillan passait dans les
souterrains de la maison des Cyprès, toute cette nuit, Bussi la
passa à tourner et retourner comme un ours dans sa chambre, à
ramasser sans trêve son humiliante aventure, à se

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