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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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était un peu petit…
    Débat sans fin, dont les médisants finirent, comme toujours, par avoir le dernier mot, puisque, au Moyen Âge, Bertrade reçut des poètes le surnom que l’Histoire lui a conservé : celui de Berthe au grand pied…
    Oublions ces racontars d’amoureux évincés et imaginons Bertrade telle qu’elle devait être en sa quinzième année : une jeune fille gracieuse et enjouée, qui filait la laine au côté de sa mère en fredonnant de vieilles chansons mérovingiennes… Comment aurait-elle pu se douter que le destin lui réservait d’être la première reine d’une nouvelle dynastie et la mère d’un empereur comme on n’en avait pas vu depuis Jules César ?…
     
    Un jour, une troupe arriva chez Caribert. Elle avait à sa tête un cavalier dont la petite taille étonna lorsqu’il mit pied à terre.
    Bertrade, de sa fenêtre, vit son père se précipiter avec déférence vers le visiteur et entrer avec lui dans la plus belle pièce de la villa.
    — C’est Pépin, le maire du Palais, expliqua-t-on à la jeune fille. Sa courte taille l’a fait surnommer le Bref.
    Bertrade resta songeuse.
    À cette époque, le maire du Palais était une sorte de Premier ministre disposant de pouvoirs considérables, et la jeune fille avait entendu dire qu’il était plus puissant que le roi. Il est vrai qu’en ce début du VIII e  siècle le dernier roi mérovingien, Childéric III, n’était pas grand-chose. Les excès de toute sorte avaient épuisé la race de Clovis. Après avoir sombré dans la luxure, elle s’éteignait dans la paresse. Voici d’ailleurs ce qu’en dit avec une grande franchise le chroniqueur Éginhard : « La famille des Mérovingiens ne faisait, depuis longtemps, preuve d’aucune vertu. Le prince en était réduit à se contenter de porter le nom de roi, d’avoir les cheveux flottants et la barbe longue, de s’asseoir sur le trône et de jouer le personnage du monarque. Il donnait audience aux ambassadeurs et leur faisait les réponses qui lui étaient dictées. À l’exception d’une pension alimentaire mal assurée que lui payait le maire du Palais selon son bon plaisir, il n’avait en propre qu’une unique propriété d’un très petit revenu ; c’est dans cette propriété qu’il vivait avec un très petit nombre de domestiques. S’il fallait que le roi allât quelque part, il voyageait sur un chariot traîné à la manière des paysans par des bœufs qu’un bouvier conduisait ; quant à l’administration du royaume et à toutes les mesures de gouvernement, les maires du Palais en étaient seuls chargés. »
    Bertrade savait tout cela et lorsque son père, avant le déjeuner, la présenta à Pépin, elle fut très intimidée.
    Au cours du repas, elle regarda du coin de l’œil ce personnage important et le trouva beau. Lui, de son côté, ne fut point indifférent.
    Tout en mangeant, il la considérait d’un œil enflammé et s’évertuait à raconter des histoires de guerre susceptibles de la faire vibrer.
    Il y réussit plusieurs fois et en fut heureux.
    À la fin du banquet, Bertrade sut gré à Pépin de ne pas jeter tous les os qui se trouvaient dans son assiette à la tête des autres convives, comme le faisaient généralement les invités de Caribert.
    Or c’est une chose que Pépin avait l’habitude de faire par manière de plaisanterie et pour finir gaiement le repas. Mais, ce jour-là, il n’avait qu’un désir : s’en aller au plus vite et emmener la jolie Bertrade avec lui.
    Lorsqu’il fit part de cette décision à Caribert, celui-ci pleura de joie.
    Jamais il n’aurait espéré un si beau parti pour sa fille. Quant à celle-ci, qui était amoureuse pour la première fois de sa vie, il lui semblait entrer en paradis.
    Deux heures plus tard, Pépin chevauchait fièrement en tête de ses hommes avec Bertrade tendrement blottie entre ses bras.
    Le soir même, ils travaillaient à la naissance de Charlemagne.
     
    Devenue l’unique favorite du maire du Palais, Bertrade eut une vie fort agréable. Pendant le jour, elle jouait avec des compagnes de son âge, et, le soir, elle retrouvait son cher Pépin qui la caressait avec ardeur. Il la caressa tant – et si bien – que, le 2 avril 742 [27] , elle mit au monde un gros bébé que l’on appela Charles.
    À sept ans, cet enfant montrait une telle intelligence que Bertrade conçut l’ambition folle d’en faire un roi. Puisque Childéric III n’était plus qu’un

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