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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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politique
    La plupart des grands hommes
    ont été faits par des femmes.
     
    Balzac
     
    Tout le monde sait que Charlemagne fut sacré empereur d’Occident en l’an 800.
    C’est un des rares faits historiques qui restent gravés dans les mémoires avec la prise de la Bastille et la bataille de Marignan, en 1515…
    Mais ce qu’on ignore généralement, c’est que, sans les femmes, Carolus, dit Magnus, ou Charlemagne, n’aurait peut-être jamais occupé une aussi belle situation. Il serait resté roi des Francs, comme son père, Pépin le Bref, et ne serait pas devenu, pour l’éternité – et pour les fabricants de jeux de cartes –, l’égal de David, de César et d’Alexandre…
    Heureusement pour lui, Charlemagne ne pouvait vivre sans femme. Il en eut cinq légitimes, et quatre qui le furent un peu moins.
    Ces neuf compagnes ont peu ou prou contribué à faire l’homme cultivé, fin, audacieux et diplomate que les historiens nous ont dépeint. Toutes, en effet, ont eu une influence considérable sur la politique de l’empereur carolingien, sur ses idées, ses mœurs, ses décisions d’ordre militaire, la conduite de ses finances, etc. Sans avoir l’air d’y toucher, et mues par une ambition légitime, elles lui firent entreprendre des choses étonnantes.
    Mon Dieu, que c’est habile, une femme !
    Alors, vous pensez, neuf !…
     
    Pour conter l’histoire des femmes de Charlemagne, il faudrait un livre entier. Je vais tâcher de la résumer ici, en m’efforçant de montrer que chacune d’elles correspondit à un moment très précis de la vie de l’empereur.
    La première, qui s’appelait Himiltrude, fut, semble-t-il, assez insignifiante. Elle servit, tout juste, à lui faire passer son acné, ce dont il fut content. Elle symbolise la période d’apprentissage du grand Charles. Il avait dix-huit ans, il était beau, et les filles commençaient à le considérer avec envie. Aussi, sa mère, Bertrade, dans sa grande sagesse, avait-elle pensé qu’il valait mieux lui permettre d’avoir, si j’ose dire, sous la main ce qu’il eût, peut-être, été tenté d’aller chercher ailleurs…
    Himiltrude était jolie, vertueuse, douce, calme, et Charles, que son tempérament portait à une certaine fougue amoureuse, l’étonna plus d’une fois.
    Les performances de son mari la laissaient épuisée et un peu effarouchée. On pense qu’elle était frigide. Ce qui n’empêcha pas Charles, dans son ardeur adolescente, de s’en donner à cœur joie. Elle le débarrassa de la timidité propre aux jeunes gens, en fit un garçon au regard assuré et lui donna un fils que l’on appela Pépin le Bossu, pour ce qu’il l’était effectivement un peu.
    Le deuxième mariage de Charles, je l’ai dit, fut contracté pour des raisons politiques. Afin d’empêcher son frère, l’ombrageux Carloman (qui avait reçu en héritage la Burgondie), de s’allier avec le roi des Lombards, Charles épousa la fille de celui-ci.
    Elle était terne, effacée, s’appelait Désirée, et n’avait aucune espèce de charme.
    Mais l’État a des raisons que la raison du cœur ne connaît pas, et Charles répudia Himiltrude, qui alla s’enfermer dans un couvent, la mémoire pleine d’exaltants souvenirs amoureux. Après quoi, il épousa cette Désirée au prénom qui lui convenait si peu.
    Bien sûr, elle était laide ; mais il avait du savoir-vivre. Il sut dissimuler sa répulsion et lui fit même, de temps en temps, une petite politesse…
    Au bout d’un an, Carloman mourut, et Charles, ne voyant plus la nécessité de demeurer l’allié du roi des Lombards, renvoya Désirée à son père, par le premier train de chars à bœufs en partance pour Pavie.
    C’est alors qu’il rencontra la gracieuse Hildegarde, en tomba éperdument amoureux et l’épousa. Elle était si belle que l’auteur de son épigraphe n’a pas hésité à écrire que « ses charmes n’avaient point de rivaux parmi les filles des Francs ».
    En outre, elle était gaie, vigoureuse et de tempérament ardent, trois qualités bien faites pour séduire Charles. Aussi Hildegarde eut-elle une influence considérable sur son époux. Au point que l’on peut vraiment dire, sans exagérer, que c’est elle qui a fait Charlemagne. À lui qui était embarrassé, méfiant, timoré dans ses décisions, elle communiqua son optimisme, son entrain, sa bonne humeur. Ce troisième mariage le transforma complètement [29] .
    C’est peu de temps après

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