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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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dame ! dit Marguerite en tombant à genoux et en embrassant ceux de sa bienfaitrice, dans l’attitude d’une beauté affligée qui supplie son ange tutélaire. – Les lois des hommes, continua-t-elle, ne sont que des injonctions humaines ; mais les inspirations du cœur sont l’écho de la voix de Dieu.
    – Levez-vous, levez-vous, jeune fille, dit Hermione ; vous m’avez attendrie plus que je ne croyais pouvoir l’être. Levez-vous, et expliquez-moi comment il se fait que vos pensées, vos discours et vos moindres actions aient si promptement cessé d’être ceux d’une jeune fille capricieuse et fantasque, et que vous vous exprimiez avec toute l’énergie et l’éloquence du cœur.
    – Certainement, je ne sais, généreuse dame, répondit Marguerite en baissant les yeux ; mais je présume que, lorsque j’étais légère, je ne songeais qu’à des frivolités. Mes réflexions ont maintenant un objet profond et sérieux, et je suis heureuse que mes expressions répondent à mes pensées.
    – Cela doit être, répondit la dame ; cependant ce changement me semble aussi étrange que soudain. Je crois voir une enfant transformée tout à coup en femme réfléchie et passionnée, prête à tout employer ou à tout sacrifier, parce qu’elle éprouve pour l’objet de sa prédilection ce malheureux dévouement qui est souvent si mal récompensé.
    Lady Hermione soupira amèrement, et Monna Paula était revenue avant que la conversation allât plus loin. Elle parla à sa maîtresse dans la langue étrangère dont elles se servaient souvent entre elles, et qui était inconnue à Marguerite.
    – Il nous faut prendre patience pour quelques instans, dit la dame à Marguerite ; le caissier est sorti, mais on l’attend dans une demi-heure.
    Marguerite se tordit les mains avec un air de chagrin et d’impatience.
    – Les minutes sont précieuses, continua lady Hermione, je le sais, et nous chercherons du moins à n’en point laisser échapper une : Monna Paula restera en bas pour épier le retour de Roberts et terminer avec lui.
    Lady Hermione parla en conséquence à sa suivante, qui sortit une seconde fois.
    – Vous êtes pleine de bonté, madame, pleine de bienveillance, dit la pauvre Marguerite ; – et le tremblement de ses lèvres et de sa main témoignait assez l’agitation douloureuse qui trouble le cœur de ceux qui voient leurs espérances différées.
    – Prenez patience, Marguerite, et remettez-vous, dit lady Hermione ; vous pouvez avoir, – vous aurez beaucoup à faire pour venir à bout d’une entreprise si hardie ; réservez toutes les forces de votre esprit ; vous en aurez grand besoin. – De la patience… C’est le seul remède à opposer aux maux de la vie.
    – Oui, madame, dit Marguerite en essuyant ses yeux et cherchant en vain à contenir l’impatience naturelle à son caractère, – c’est ce que l’on m’a répété, – et souvent ; – c’est, je l’avoue, ce que j’ai moi-même, Dieu me pardonne ! dit à ceux qui étaient inquiets et affligés ; mais c’était avant que j’eusse connu moi-même l’affliction et l’inquiétude. Oh ! bien certainement je ne prêcherai plus la patience à qui que ce soit, maintenant que je sais combien le remède est cruel pour le cœur à qui on l’administre.
    – Vous y penserez mieux, jeune fille, dit lady Hermione. – Moi aussi, quand je connus le malheur pour la première fois, j’accusais d’injustice ceux qui me parlaient de patience. Mais mes chagrins n’ont cessé que lorsque j’ai appris à regarder la patience comme la meilleure et la seule consolation que cette vie nous offre. – J’en excepte les devoirs de la religion, dont la patience il est vrai fait partie.
    Marguerite, qui ne manquait ni de bon sens ni de sensibilité, essuya ses yeux à l’instant, et demanda à sa protectrice pardon de sa vivacité.
    – J’aurais pu, j’aurais dû penser, dit-elle, d’après votre genre de vie, madame, que vous aviez aussi connu l’affliction ; et cependant Dieu sait que la patience que je vous ai vue déployer vous donne toute sorte de titres pour proposer votre exemple aux autres.
    La dame garda un moment le silence, puis elle répondit :
    – Marguerite, je vais vous faire une confidence importante. Vous n’êtes plus une enfant, mais une femme raisonnable et sensible. – Vous m’avez dit de votre secret tout ce que vous avez osé ; – je vous dirai du mien tout ce que je puis me

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