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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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de commerçans de Madrid, qui, après sa mort, ne se montra nullement disposée à rendre ses comptes.
    Plût à Dieu que nous eussions laissé ces méchans hommes en possession de leur butin ! car ce fut ainsi que leur cupidité considéra la propriété de leur correspondant. Nous avions assez pour vivre dans l’aisance, et même dans la splendeur en Angleterre ; mais nos amis se récrièrent sur la folie de souffrir que ces hommes sans principes nous dépouillassent. La somme qui était notre propriété légitime était forte, et la réclamation en ayant été faite, ma mère pensa que la mémoire de mon père exigeait qu’on persistât d’autant plus à la soutenir, que les associés cherchaient à porter atteinte à sa réputation, pour donner une couleur de justice à leur refus de nous satisfaire.
    Nous allâmes donc à Madrid. J’étais alors de votre âge, ma chère Marguerite ; jeune et inconsidérée comme vous l’avez été jusqu’ici. Nous allâmes, dis-je, à Madrid solliciter la protection de la cour et du roi, sans laquelle on nous prévint que nous attendrions vainement justice contre une société riche et puissante.
    Notre séjour dans la capitale de l’Espagne se prolongea pendant plusieurs mois. Pour ce qui me regardait, la douleur naturelle que m’avait causée la mort d’un père dont la tendresse était réelle, quoique peu démonstrative, s’étant adoucie, je m’inquiétai peu d’être retenue à Madrid par un procès, quand il aurait dû nous y retenir pour toujours. Ma mère se permit et m’accorda plus de liberté que nous n’étions accoutumées d’en avoir. Elle trouva des parens parmi les officiers irlandais et écossais, dont plusieurs avaient des grades élevés au service d’Espagne. Leurs femmes et leurs filles devinrent nos amies et notre société. J’eus de continuelles occasions de m’exercer dans la langue de ma mère, que j’avais apprise dès l’enfance. Peu à peu ma mère devenant mélancolique, et voyant dépérir sa santé, se laissa entraîner par sa tendresse aveugle pour moi à me permettre d’aller dans des sociétés où elle ne venait pas ; j’y allais avec certaines dames à qui elle croyait pouvoir me confier, et surtout sous les auspices de la femme d’un officier général, dont la faiblesse ou la trahison fut la première cause de tous mes malheurs. J’étais vive, Marguerite, et je le répète, inconsidérée comme vous l’étiez naguère ; et mon attention, comme la vôtre, se fixa sur un seul objet, et fut absorbée par un seul sentiment.
    La personne qui l’excita était un Anglais, un militaire, jeune, noble, beau et brave. Jusque-là nos destinées se ressemblent : fasse le ciel que le parallèle ne puisse aller plus loin ! Cet homme si noble, si beau, si accompli, si brave, – ce lâche, car c’est là son véritable nom, Marguerite, me parla d’amour et se fit écouter. Pouvais-je soupçonner sa sincérité ? S’il était riche, noble, et d’une naissance illustre, n’étais-je pas une riche et noble héritière ? Il est vrai qu’il ne sut jamais quelle était la fortune de mon père, je ne la lui fis point connaître ; je ne me rappelle guère si moi-même, à cette époque, je savais que la plus grande partie de cette fortune était à l’abri d’un pouvoir arbitraire et affranchie des caprices d’un tribunal sans honneur. Mon amant pouvait penser, comme ma mère aurait voulu le faire croire à tout le monde, que presque toute notre fortune dépendait du procès hasardeux que nous étions venues suivre à Madrid. – Opinion qu’elle avait laissé s’établir à dessein, persuadée que si l’on savait que mon père avait transporté en Angleterre une portion si considérable de sa fortune, cela ne ferait que nuire au recouvrement des sommes qui nous étaient dues. Cependant, sans en savoir plus que le public sur ma position réelle, l’homme dont je parle était, je crois, sincère dans ses prétentions. Il avait lui-même assez de crédit pour obtenir une décision en notre faveur dans les cours de justice ; et quand ma fortune n’aurait consisté qu’en ce qu’il y avait en Espagne, elle aurait encore été assez considérable. En un mot, quels que fussent ses motifs, il s’adressa à ma mère pour obtenir ma main, de mon consentement et de mon aveu. Le jugement de ma mère s’était affaibli pendant une langueur et une maladie toujours croissantes ; mais ses passions n’en étaient

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