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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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hasarder à vous faire connaître. Peut-être me demanderez-vous pourquoi je veux rappeler votre intérêt sur mes chagrins au moment où votre esprit est si agité. Je réponds que je ne puis résister à l’impulsion qui m’y engage. Peut-être est-ce parce que j’ai vu pour la première fois, depuis trois ans, les effets naturels d’une passion réelle, que ma douleur s’est réveillée, et ne peut plus être contenue dans mon sein. – Peut-être dois-je avoir l’espérance que vous profiterez de mon histoire, puisque vous êtes sur le point d’aller vous briser sur le rocher contre lequel toutes mes espérances de bonheur ont échoué sans retour. – Mais n’importe : si vous voulez m’écouter, je vous ferai connaître la triste solitaire de l’appartement Foljambe, et pourquoi elle y réside. Mon récit servira du moins à nous faire passer le temps, jusqu’à ce que Monna Paula nous apporte la réponse de Roberts.
    À toute autre époque de sa vie, Marguerite aurait entendu avec un intérêt sans partage une confidence si flatteuse en elle-même, et sur un sujet qui avait si fortement excité l’attention générale. Même dans ce moment d’angoisse, quoiqu’elle ne cessât pas d’écouter avec inquiétude et émotion, dans l’espoir d’entendre le bruit des pas de Monna Paula, cependant, autant par reconnaissance et par égard que par un peu de curiosité, elle eut du moins toute l’apparence de prêter une attention soutenue à lady Hermione, et elle la remercia humblement de la confiance qu’elle lui accordait.
    Lady Hermione, avec ce calme qui accompagnait ses discours et ses actions , raconta ainsi son histoire à sa jeune amie :
    – Mon père, dit-elle, était un marchand, mais il était d’une ville dont les marchands sont des princes. Je suis la fille d’une noble maison de Gênes, dont le nom antique et glorieux était des plus révérés parmi ceux de cette fameuse aristocratie.
    Ma mère était une noble écossaise. Elle descendait, – ne tressaillez pas, – elle descendait à un degré peu éloigné de la maison de Glenvarloch. – Il n’est donc pas étonnant que je me sois facilement laissé intéresser par les malheurs de ce jeune lord. Il est mon proche parent. Ma mère, qui était assez fière de son origine, m’apprit de bonne heure à prendre intérêt à ce nom. Mon aïeul maternel, cadet de la maison Glenvarloch, avait suivi la fortune d’un infortuné fugitif, Francis, comte de Bothwell, qui, après avoir promené ses malheurs dans plusieurs cours étrangères, s’établit enfin en Espagne, et y vécut d’une misérable pension qu’il obtint en embrassant la foi catholique. Ralph Olifaunt, mon grand-père, se sépara de lui, et fixa son séjour à Barcelone, où l’amitié du gouverneur fit tolérer son hérésie, puisque tel est le nom qu’on donnait à ses principes religieux. Mon père, par la nature de son commerce, résidait plus à Barcelone que dans son pays natal, quoiqu’il fît parfois des voyages à Gênes.
    Ce fut à Barcelone qu’il connut ma mère, qu’il l’aima et l’épousa. Ils différaient de croyance, mais l’amour les mettait toujours d’accord. Je fus leur seul enfant. En public je me conformais aux doctrines et aux rites de l’Église de Rome ; mais ma mère, qui les avait en horreur, m’élevait secrètement dans la religion réformée ; et mon père, soit indifférence, soit qu’il ne voulût pas affliger la femme qu’il aimait, ignora ou eut l’air d’ignorer que j’avais adopté la religion de son épouse.
    Mais quand malheureusement mon père fut attaqué, dans la force de l’âge, d’une forte maladie dont il mourut, et qu’il reconnut incurable, il prévit les risques auxquels sa veuve et sa fille seraient exposées, quand il ne serait plus, dans un royaume tout dévoué au catholicisme. Pendant les deux dernières années de sa vie, il s’occupa de réaliser et de faire passer en Angleterre une grande partie de sa fortune, et elle fut avantageusement placée, grâce à la probité de l’homme vertueux sous le toit de qui je réside. Si mon père avait assez vécu pour accomplir son dessein, il aurait retiré tous ses fonds du commerce, nous aurait accompagnées en Angleterre, et nous y aurait vues vivre en paix et honorées avant sa mort. Il mourut laissant plusieurs sommes engagées entre les mains de ses débiteurs d’Espagne ; il avait fait surtout une consignation considérable à une société

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