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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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ce vieil âne de dessous sa vieille peau de lion. Voyez, Nigel, ce vaillant citadin, ferme sur son terrain, à un jet de boule, au milieu de l’allée ; ne le prendrait-on pas pour un porc sous les armes ? Voyez-le avancer le pied droit, et brandir son épée comme s’il voulait s’en servir pour mesurer une aune de mousseline ! Mais voici le capitaine qui arrive. On a, ma foi, l’air de le faire marcher malgré lui. Le voilà en face de son antagoniste. Il n’en est plus qu’à douze pas. Ah ! le voilà qui tire son épée ; mais, en bon général, il regarde par-dessus son épaule pour voir s’il a des moyens de retraite en cas qu’il ait le dessous. Voyez le brave boutiquier baisser la tête, plein de confiance sans doute dans le heaume civique dont son épouse lui a fortifié le crâne. De par le ciel ! c’est un spectacle admirable. A-t-il donc le projet d’entrer en lice comme un bélier ?
    Tout se passa comme lord Dalgarno se l’imaginait. Le citadin, comme on dit, y allait bon jeu bon argent, et s’apercevant que le capitaine n’avançait pas, il se précipita sur lui, fit baisser son épée par un coup de la sienne, et lui en portant un autre, parut l’avoir blessé mortellement, car le capitaine tomba en poussant un profond gémissement. Une vingtaine de voix crièrent au vainqueur, qui restait tout étonné de sa victoire : – Vite ! vite ! fuyez ! Entrez dans Whitefriars, ou passez la rivière à Bankside ! Hâtez-vous, nous retiendrons la populace, les constables ! Et le vainqueur, laissant le vaincu étendu par terre, prit la fuite de toute la vitesse de ses jambes.
    – De par le ciel ! dit Dalgarno, je n’aurais jamais cru que ce drôle attendit qu’on lui portât un pareil coup. Il faut que la peur l’ait paralysé, et qu’il ait perdu tout à coup l’usage de ses jambes. Voyez, voilà qu’on le relève.
    Le corps du capitaine semblait déjà raide quand un ou deux convives le relevèrent ; mais, lorsqu’ils commençaient à ouvrir son pourpoint pour chercher une blessure qui n’existait pas, le guerrier reprit ses sens tout à coup, et, sentant que l’Ordinaire n’était plus un théâtre sur lequel il pût désormais déployer sa valeur, il donna une preuve de la bonté de ses jambes en prenant la fuite à son tour au milieu des éclats de rire de toute la compagnie.
    – Sur mon honneur ! dit lord Dalgarno, il suit le même chemin qu’a pris son vainqueur. J’espère que le ciel permettra qu’il le rejoigne, et le vaillant citadin se croira poursuivi par l’esprit de celui qu’il a tué.
    – De par Dieu ! milord, dit le chevalier, on devrait lui attacher un vieux torchon en guise de linceul, pour prouver que c’est l’ombre d’un grand fanfaron.
    – En attendant, M. le chevalier, dit lord Dalgarno, vous nous obligerez tous en donnant ordre à vos garçons de recevoir cet homme d’armes le bâton à la main, s’il avait la hardiesse de se représenter ici. L’honneur de votre maison l’exige.
    – Ventre saint gris ! milord, fiez-vous à moi, répondit le chevalier. De par Dieu ! la fille du cuisinier jettera sur la tête du grand poltron l’eau de vaisselle.
    Quand on eut assez ri de cette aventure burlesque, la société commença à se diviser par groupes. Les uns prirent possession de l’allée qui venait d’être le théâtre de ce combat grotesque, demandèrent des boules, et la rendirent ainsi à sa destination primitive. Ils firent bientôt retentir le jardin de tous les termes techniques de ce jeu, et prouvèrent la vérité du proverbe qui dit qu’on perd trois choses au jeu de boule, son temps, son argent et ses juremens.
    Le reste de la compagnie rentra dans la maison. Les uns prirent des cartes et firent diverses parties d’hombre, de bassette, de gleek, de primero, et d’autres jeux qui étaient alors à la mode, tandis que d’autres, préférant les dés, jouèrent au hasard, au passage, etc. On ne paraissait pourtant pas jouer très-gros jeu ; tout se passait avec décence et décorum, et rien ne pouvait porter lord Glenvarloch à douter de la vérité de ce que lui avait dit son compagnon, que cette maison était fréquentée par des hommes de qualité, et que tout y était honorablement conduit.
    Lord Dalgarno ne proposa pas à son ami de jouer, et il s’en abstint lui-même. Il allait de table en table, faisant des remarques sur le bonheur qui favorisait tel ou tel joueur, et sur le talent qu’il montrait

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