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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’esprit et savaient s’en servir avec avantage ; d’autres étaient des fats dont on pouvait rire sans qu’ils s’en aperçussent ; quelques-uns étaient des originaux qui, à défaut d’esprit, disaient des folies dont ils ne trouvaient pas mauvais qu’on s’amusât. La plupart de ceux qui brillaient dans la conversation avaient le véritable ton de la bonne compagnie de ce temps, ou du moins le jargon qui en tient lieu.
    En un mot, la compagnie et l’entretien furent si agréables, que le rigorisme de Nigel s’en adoucit ; il commença à voir de meilleur œil même le maître de la maison, et il écouta avec patience les détails que lui donna le chevalier de Beaujeu sur les mystères de la cuisine, voyant, lui dit-il, que milord avait du goût pour le curieux et l’utile. Pour satisfaire en même temps le goût pour l’antiquité qu’il supposait sans doute aussi à son nouveau convive, il fit l’éloge des grands artistes des anciens temps, et en vanta surtout un qu’il avait connu dans sa jeunesse, maître de cuisine du maréchal de Strozzi, très-bon gentilhomme pourtant, qui avait entretenu tous les jours pour son maître une table de douze plats pendant le long et sévère blocus du petit Leith, quoiqu’il n’eût à y servir que de la chair de cheval et les mauvaises herbes qui croissaient sur les remparts. – Dé par Dieu ! c’était un homme superbé {60}  ! s’écria-t-il ; avec uné têté dé chardon et une ou deux orties, il savait faire uné soupe pour vingt personnes ; la cuissé d’un chien faisait un excellent rôti ; mais son coup dé maître fut pour la reddition {61} dé la place. Avec lé quartier dé derrière d’un cheval salé, il fit quarante-cinq plats, dé sorte qué les officiers anglais et écossais qui dînèrent avec monseigneur sé séraient donnés au diable pour déviner cé qu’ils avaient mangé.
    Cependant le vin avait circulé si rapidement et avait produit un tel effet sur les convives, que ceux qui étaient placés au bas bout de la table, et qui jusqu’alors s’étaient bornés au rôle passif d’auditeurs, commencèrent à changer de rôle, ce qui ne fut ni à leur honneur ni à celui de l’Ordinaire.
    – Vous parlez du siège de Leith, dit un grand homme sec et maigre, qui avait d’épaisses moustaches relevées en l’air, un large ceinturon de peau de buffle, une longue rapière, et les autres symboles extérieurs de l’honorable profession qui vit en tuant les autres ; vous parlez du siège de Leith, et j’ai vu cette place. – Une espèce de village, entouré d’un mur en guise de rempart, et un ou deux pigeonniers à chaque angle, en forme de tours. – Mille sabres et mille fourreaux ! un capitaine de notre époque n’aurait pas mis tant de temps à l’emporter d’assaut. En vingt-quatre heures, il aurait pris la place et tous ses poulaillers l’un après l’autre, ou il n’aurait pas mérité plus de grâce que le grand-prévôt n’en accorde quand il a serré le nœud coulant.
    – Monsieur, dit le chevalier, monsieur lé capitaine, jé n’étais pas au siège du pétit Leith, et jé né sais pas ce que vous voulez dire en parlant dé poulaillers. Mais jé dirai, sandis ! que monseigneur de Strozzi entendait la grande guerre ; qué c’était un grand capitaine : – plus grand qué certains capitaines d’Angléterre qui parlent bien haut. – Ténez, monsieur, c’est à vous qué jé m’adresse.
    – Oh ! monsieur, répondit l’homme à la rapière, on sait que le Français se bat bien quand il est derrière une bonne muraille, défendu par une bonne cuirasse, et le pot en tête.
    – Lé pot ! s’écria le chevalier, qué voulez-vous dire par lé pot ? Avez-vous dessein dé m’insulter en présence dé mes nobles convives ? Apprénez qué j’ai fait mon dévoir en gentilhomme sous lé grand Henri IV, à Courtrai et à Ivry. Et, ventré saint gris ! nous n’avions ni pot ni marmite, et nous chargions toujours en chémise.
    – Ce qui réfute une autre calomnie, dit lord Dalgarno en riant ; car j’ai entendu prétendre que le linge était rare parmi les hommes d’armes français.
    – Oui, oui, milord, on pouvait souvent leur voir les coudes, dit le capitaine du bout de la table. Je vous demande pardon, milord, mais je connais un peu ces hommes d’armeset je…
    – Nous vous ferons grâce de vos connaissances quant à présent, répondit lord Dalgarno d’un ton dédaigneux, et nous

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