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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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portait pour s’en faire faire de semblables, et pouvoir déclarer qu’ils étaient à la dernière mode.
    Le Genius loci {58} , le chevalier lui-même, ne fut pas le dernier à venir rendre hommage à un jeune lord qui était l’ornement et le principal soutien de son établissement. Il s’avança d’un air gauche , se confondit en mille singeries respectueuses, et répéta mille cher milord, pour exprimer le bonheur qu’il éprouvait en revoyant lord Dalgarno.
    – J’espère, milord, lui dit-il, qué vous raménez lé soleil avec vous ; votré pauvré chévalier s’en trouve privé, et même dé la lune, quand vous l’abandonnez si longtemps. Sandis ! jé crois qué vous les portez dans vos poches.
    – C’est sans doute parce que vous n’y avez pas laissé autre chose, chevalier, répondit Dalgarno. Mais, M. le chevalier, je vous présente mon ami et mon compatriote lord Glenvarloch.
    – Ah ! ah ! – très-honoré ! Je m’en souviens, oui, j’ai connu autréfois un milord Kenfarloque en Écosse. Oui, jé mé lé rappelle ; – lé péré dé milord apparemment. – Nous étions dé grands amis quand j’étais à Oly Root {59} avec M. de La Motte. J’ai souvent joué à la paume avec milord Kenfarloque à l’abbaye de Oly Root. Il était même plus fort que moi. Sandis ! lé beau coup dé révers qu’il avait ? Jé mé souviens aussi qu’auprès des jolies filles… Ah ! ah ! un vrai diable déchaîné. Jé n’ai pas oublié…
    – Vous feriez mieux de ne pas vous souvenir si bien du feu lord Glenvarloch, dit lord Dalgarno en interrompant le chevalier sans cérémonie ; car il prévit que l’éloge qu’il allait faire du défunt déplairait autant au fils qu’il était peu mérité par le père, qui, bien loin d’avoir été, comme le représentaient les souvenirs du chevalier, un joueur et un libertin, avait été pendant toute sa vie strict et sévère dans ses mœurs, et même un peu rigoriste.
    – Vous avez raison, milord, répondit le chevalier ; vous avez raison. Qu’ést-cé qué nous avons à faire avec lé temps passé ? Lé temps passé appartenait à nos pères, à nos ancêtres, fort bien ! mais lé temps présent nous appartient. – Ils ont leurs belles tombes dé marbre ou dé bronze, avec leurs épitaphes ou leurs armoiries, et nous nous avons dé bonne soupe et dé petits plats exquis. – Jé vais donner ordre qu’on serve lé dîner sur-lé-champ, milord.
    À ces mots, il fit une pirouette sur les talons, et mit ses domestiques en mouvement pour placer le dîner sur la table. Dalgarno sourit, et remarquant un air de gravité à son jeune ami : – Qu’avez-vous ? lui dit-il ; vous n’êtes pas assez simple pour vous fâcher contre un pareil âne.
    – Je réserve ma colère pour de meilleures occasions, répondit lord Glenvarloch ; mais j’avoue que j’ai été indigné en entendant ce drôle prononcer le nom de mon père. – Et vous, milord, et vous qui m’avez assuré que l’endroit où vous me conduisiez n’était pas une maison de jeu, vous venez de lui dire que vous en étiez sorti les poches vides.
    – Ah ! ah ! ah ! s’écria Dalgarno, je lui ai parlé selon le jargon du temps ; et puis, à vrai dire, il faut bien qu’on joue de temps en temps un ou deux jacobus, sans quoi on se ferait regarder comme un ladre. – Mais voici le dîner, et nous verrons si la bonne chère du chevalier vous plaira plus que sa conversation.
    On se mit à table, et les deux places d’honneur furent données aux deux jeunes amis. Ils furent comblés des attentions les plus cérémonieuses par le chevalier, qui leur fit les honneurs de sa table ainsi qu’aux autres convives, et assaisonna le tout de son agréable conversation. Le dîner était véritablement excellent, dans ce style piquant que les Français avaient déjà introduit, et que les jeunes Anglais qui aspiraient au rang de connaisseurs et d’hommes de goût se voyaient dans la nécessité d’admirer. Toutes les espèces de vins étaient aussi de première qualité, et l’on en servit avec abondance. La compagnie n’était presque composée que de jeunes gens, et par conséquent la conversation fut frivole, vive et amusante. Nigel, dont l’esprit avait été depuis long-temps abattu sous l’inquiétude et l’infortune, se trouva plus à l’aise, et sentit naturellement renaître une partie de sa gaieté.
    Parmi les convives réunis, les uns avaient véritablement de

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