Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
l’attend pour sauver sa sœur. Qu’elle cherche à raviver l’espoir et l’énergie qui l’animaient quand elle a bravé tous les dangers en Égypte, et l’infâme Dieuleveut… Elle jette un dernier regard vers sa sœur, enfile son manteau et se dirige vers la sortie. Elle ouvre la porte et a la surprise de tomber sur un homme, plié en deux sur le palier, penché vers son paillasson !
— Monsieur ? fait Adèle, un peu interloquée.
L’homme se redresse et l’on reconnaît Zborowsky, complètement décontenancé d’avoir été surpris dans une posture si ridicule. Il ôte immédiatement son chapeau pour saluer Adèle.
— Oh, je suis vraiment confus, Mademoiselle Blanc-Sec ! je m’apprêtais à vous glisser un mot sous votre porte et… Je ne savais pas que vous étiez rentrée !
— Oui, et je m’apprêtais à sortir !
— Ah ? ! Je ne vous retiens pas, alors, bredouille le jeune homme… Tenez, ajoute-t-il, lui tendant timidement son enveloppe.
Adèle prend la lettre avec un sourire dont Zborowsky ne perçoit pas l’air moqueur.
— J’espère qu’elles sont numérotées, parce que je vais m’y perdre avec toutes vos lettres !
— Oh, oubliez les autres ! réplique Zborowsky très vite. Je veux dire : vous pouvez les lire plus tard mais… Celle-ci est la plus importante !
— Dans ce cas, je la mets au-dessus de la pile !
Joignant le geste à la parole, Adèle revient dans son appartement pour poser la lettre.
Zborowsky, avec la témérité maladroite des amoureux transis, lui emboîte le pas, jetant des regards émerveillés sur le décor de l’élue de son cœur. Adèle pose l’enveloppe sur le tas de lettres.
— Je la lirai dans mon bain, dit Adèle, légèrement provocante. Je lis toujours mon courrier dans mon bain.
— Ah ? fait Zborowsky en déglutissant à cette idée. C’est… C’est gentil…
Le regard d’Adèle est accroché par la une du journal. Il est plié et une seule phrase du gros titre est visible : M ARIE -J OSEPH E SPÉRANDIEU . Elle déplie le journal à la hâte pour lire le titre en entier : M ARIE -J OSEPH E SPÉRANDIEU EST CONDAMNÉ À MORT .
La jeune femme en laisse presque tomber la feuille de chou. Elle est atterrée.
— Quoi ? dit-elle dans un souffle.
— Je disais, c’est gentil, fait Zborowsky.
— Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Ptérodactyle ? fait Adèle les yeux plongés dans le premier paragraphe de l’article sur la condamnation d’Espérandieu.
En fait, elle se parle plutôt à elle-même, comme si elle avait carrément oublié l’insignifiante présence du jeune homme.
— Eh bien, répond Zborowsky, croyant qu’elle s’adresse à lui, justement… c’est à propos de ça que…
Mais Adèle fonce déjà vers le palier, agrippant le jeune homme au passage.
— Dans quelle prison emmène-t-on habituellement les condamnés à mort ? lui demande-t-elle en le fixant soudain droit dans les yeux.
— Euh… la Santé ! bafouille Zborowsky.
Notre héroïne claque la porte, et plantant Zborowsky sur le palier, elle dévale les escaliers en courant.
— Je peux faire quelque chose pour vous, Mademoiselle Adèle ?
— Oui ! Buvez à la mienne ! répond la voix déjà lointaine d’Adèle.
Andrej Zborowsky sourit, mais il n’est pas bien certain d’avoir compris la blague.
Chapitre 17
Tant qu’on a la santé…
L es hauts murs crépis et noirs de suie se dressent jusqu’à l’angle du boulevard. La rue de la Santé est longue et déserte. Qui pourrait bien aimer se promener le long de cette prison où claque de temps à autre la lame de la guillotine, au gré d’une justice aveugle depuis que cet engin de mort a été transféré de la prison de la Roquette ? Pas grand monde, assurément. La petite porte découpée dans les grands vantaux de fer ne s’ouvre que pour quelques rares visiteurs, familles, ou avocats.
Dans sa cellule étroite dont les barreaux noirs masquent le ciel, Marie-Joseph Espérandieu est désespéré. Condamné à mort… Comment est-ce possible ? Comment ont-ils pu l’accuser d’être l’instigateur des malheureux accidents provoqués par le ptérodactyle, alors qu’il a tout essayé pour l’en empêcher ? Ils se sont moqués de ses théories scientifiques ! Ils l’ont taxé de fou dangereux ! Même les « experts » scientifiques convoqués à la barre ont été unanimes. Un dément, mais responsable de ses actes, car il
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