Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
l’empêche pas d’ajouter :
— Un coup de castagnettes et le tour était joué !
François-Xavier Bonnot la fixe avec des yeux humides d’émotion admirative, pendant qu’Adèle regarde dehors. Puis elle se penche vers le chauffeur, exaspérée.
— Dites donc, mon brave, on n’a pas loué votre cabine en chambre d’hôtes !
— Je ne demande qu’à avancer ma p’tite dame, mais il y a ces foutus canassons qui bouchonnent la sortie avec leurs carrioles !
— Quand vont-ils enfin prendre la décision d’interdire les chevaux dans Paris ! s’énerve François-Xavier. On est au XX e siècle, tout de même !
Adèle passe la tête par la portière du taxi et hurle aux chevaux, en arabe :
— Ansarif-min ouna ya-himar wa-illa ou qati’ouka iraben !!!
Les chevaux s’affolent et partent dans tous les sens dans un grand concert de hennissements et de claquements de sabots sur le pavé. C’est la panique dans la rue, mais la voie se dégage.
Adèle rentre la tête dans la voiture et regarde son éditeur qui est totalement médusé.
— Bon. Et à part ça, Labesse ? dit-elle avec son sourire charmeur.
François-Xavier Bonnot ouvre de grands yeux. Sait-il, ou pas, que Labesse, en Arabe, signifie « Alors ? En forme ? » Et s’il le sait, pourquoi diable Adèle Blanc-Sec lui parle-t-elle en Arabe, alors qu’elle revient du Machu Pichu péruvien ? L’éditeur reste coi.
Et le taxi redémarre.
Chapitre 16
À la vie, à la mort…
Et à bien d’autres problèmes encore…
Notamment celui d’être coincé entre les deux…
Q uand Adèle Blanc-Sec arrive enfin devant la porte de son appartement, elle reprend un instant son souffle. Pas forcément à cause de la grande caisse en bois qu’elle vient de charrier jusque-là, ni du soulagement d’être enfin débarrassée de François-Xavier Bonnot, charmant éditeur au demeurant, mais un peu collant tout de même. Non. Elle sent son cœur battre anormalement fort. C’est l’émotion. Et pas seulement l’émotion de retrouver son appartement, son havre de paix, son nid propice aux rêveries et à l’écriture, à l’élaboration de ses pensées aventureuses et aux prises de décisions radicales qui agitent sa jeune existence depuis quelques années. Non. Pas seulement.
Elle sait que sa sœur l’attend, là, dans la chambre à côté.
Mais ce n’est pas sa sœur qui lui ouvre la porte. C’est Miranda, la concierge de l’immeuble, à l’embonpoint aussi prononcé que son franc-parler.
— Mademoiselle Adèle, dit la bonne grosse dame, qu’est-ce que vous nous avez encore rapporté comme cochonneries ?
— Miranda ? ! Surveillez votre langage ! réplique Adèle, persuadée qu’elle est que le contenu de la caisse est capable d’entendre tout ce qui se dit aux alentours. Et aidez-moi plutôt à rentrer les bagages ! ajoute-t-elle.
Prenant la grande caisse à bras le corps, Adèle la soulève et traverse l’entrée de l’appartement pendant que Miranda attrape les valises posées sur le palier.
— Oui, dit Miranda derrière elle. Ça se voit que c’est pas vous qui faites le ménage ! C’est bien joli vos vieilles reliques, mais c’est des vrais nids à poussière !
Adèle pénètre dans le salon et pose la caisse debout à côté d’une haute vitrine en acajou. Le salon, comme tout l’appartement, est cosy et assez chargé, voire encombré. C’est une sorte de mélange entre la bibliothèque d’un philosophe et l’entrepôt d’un brocanteur passionné d’archéologie, voire d’ésotérisme, qui aurait été occupé également par un explorateur de contrées lointaines, une jungle de plantes vertes, avec bien entendu, une touche féminine évidente. Et pas mal de poussière, malgré les efforts autoproclamés de la brave Miranda.
Adèle aperçoit un gros tas de courrier sur la table, à côté des journaux du jour.
— C’est quoi tout ce courrier ?
Comme pour prouver son efficacité, Miranda est déjà en train de défaire les bagages d’Adèle.
— C’est le petit Monsieur qui travaille au Jardin des Plantes. Il vous a écrit une lettre par jour, sauf le lundi où il en envoie deux pour se rattraper du dimanche !
Fronçant un peu les sourcils, Adèle examine les enveloppes à la va-vite, puis les repose sur la table. Saisissant un paquet de graines posé sur une console entre deux statuettes et une pile de livres posés de guingois, elle se dirige vers la fenêtre et l’ouvre.
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