Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
applique sans vergogne des théories dangereuses pour l’humanité ! Un criminel diabolique, un dément, un fou ne cessaient de répéter ces témoins partiaux, plus virulents procureurs que l’avocat général lui-même ! Son avocat a bien tenté de se faire entendre dans ce concert de vociférations. Mais sa piètre défense n’a provoqué que des ricanements et des cris unanimes, des appels au châtiment suprême pour ce soi-disant éminent savant, chantre du spiritisme et autres folies meurtrières !
Mais s’il est vraiment fou, n’aurait-il pas dû obtenir la clémence des juges et finir dans un asile ? Non… Il n’a plus d’espoir. Il ne croit même pas à la grâce présidentielle, malgré les démarches entreprises par son avocat. D’ailleurs il n’a même plus envie de le revoir, ce pauvre jeune homme qui n’a pas su se battre pour cette nouvelle science qu’Espérandieu défend, cette conjonction des psychismes qui a fait son malheur… Son avocat… pfft… il bredouillait… Marie-Joseph aurait dû se défendre lui-même… Mais à chaque fois que les juges lui laissaient la parole, les cris de ses détracteurs l’empêchaient de s’expliquer…
Les verrous de sa porte s’ouvrent en cliquetant et un gardien apparaît, bedonnant, rougeaud et moustachu.
— Espérandieu ! Y’a votre avocat qui veut vous voir !
Le Professeur est très étonné. Il se lève péniblement et suit le gardien.
Après lui avoir fait traverser coursives et couloirs sombres et sales, passer des grilles aux multiples verrous, le gardien finit par le pousser dans une petite pièce qui sert de parloir. Son avocat est là, debout, penché sur sa sacoche posée sur la table, dans laquelle il fouille maladroitement.
— Vous avez 20 minutes, Maître, dit le maton.
L’avocat ne répond pas. Il n’a pas l’air de trouver ce qu’il cherche dans sa sacoche. Le gardien sort, les enfermant à double tour dans cette petite pièce seulement meublée d’une table et de deux sièges boulonnés au sol.
Espérandieu se pose sur la chaise comme un grand et vieil oiseau fatigué et regarde son avocat avec étonnement. Mais quand le jeune homme cesse de fouiller dans sa sacoche et relève la tête, ce n’est plus de l’étonnement, c’est de la stupéfaction.
C’est Adèle Blanc-Sec ! En robe noire d’avocat ! Avec une fine fausse moustache et les cheveux plaqués sous un chapeau d’homme ! Soit dit en passant, même la moustache lui va à ravir…
— Mademoiselle Blanc-Sec, mais que faites-vous là ?
Adèle pose un doigt sur ses lèvres pour qu’il parle moins fort, puis s’assoit sur la chaise face à Espérandieu.
— Professeur, chuchote-t-elle, écoutez-moi ! J’ai retrouvé la momie de Patmosis !
— C’est pas possible ? ! s’exclame Espérandieu, les yeux écarquillés.
— Oui, c’est possible, mais j’y suis arrivée quand même, et ne me demandez pas comment !
L’éminent professeur laisse cette information et toutes ses conséquences pénétrer son esprit jusqu’ici obnubilé par le funeste sort qui l’attend.
— Et où est-elle maintenant ? demande-t-il avec cet enthousiasme immédiat propre aux chercheurs passionnés tels que lui.
Une lueur s’allume dans ses yeux tristes et fiévreux, petite étincelle qui lui ferait presque oublier sa condamnation à mort.
— Elle est chez moi, répond Adèle en faisant signe encore une fois au Professeur de s’exprimer plus doucement, de peur qu’on ne les écoute. Elle est endormie comme une princesse qui n’attend plus que son prince charmant pour se réveiller.
— Ma chère Adèle, soupire le Professeur, j’ai bien peur qu’elle ne doive attendre un autre prince, car je ne vois pas comment je pourrais sortir d’ici… En plus, mon esprit est totalement occupé à contrôler l’animal.
— Le ptérodactyle ? demande Adèle en ouvrant de grands yeux.
— Oui. Je voulais améliorer ma technique en attendant votre retour d’Égypte, et j’ai réussi à donner la vie à cet œuf, vieux de 135 millions d’années.
— Parfait ! s’enthousiasme Adèle. Si vous arrivez à réveiller un ptérodactyle, c’est pas une momie de 4000 ans qui va vous faire peur !
— Peut-être, murmure Espérandieu. Mais l’animal m’épuise. Car dès que je m’assoupis, il reprend son instinct et se met à tuer… Et il faut absolument que je l’en empêche !
Voyant que le Professeur se met à trembler d’une
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