Les chasseurs de mammouths
voies des esprits,
pressentait qu’elle courait un danger. Jondalar devait donc s’attendre au pire.
Vers midi, Ayla annonça à Mamut qu’elle allait entamer ses
préparatifs pour la cérémonie de la racine. A plusieurs reprises, ils étaient
revenus sur tous les détails. Elle se sentait raisonnablement sûre de n’avoir
rien oublié d’important. Elle rassembla des vêtements propres, une peau de
daim, souple et absorbante, et plusieurs autres objets. Au lieu de sortir par l’abri
des chevaux, elle se dirigea vers le foyer de la cuisine. Elle ressentait en
même temps le désir de voir Jondalar et l’espoir de ne pas le trouver. Elle fut
à la fois déçue et soulagée en découvrant que Wymez était seul dans l’aire du
travail des outils. Il n’avait pas vu Jondalar depuis le début de la matinée,
lui dit-il, mais il lui remit gentiment le petit nodule de silex qu’elle
demandait.
Elle gagna le bord de la rivière et en remonta le cours sur une
certaine distance, à la recherche d’un lieu approprié. Elle s’arrêta à l’endroit
où un petit cours d’eau rejoignait la rivière. Le ruisseau avait contourné un
affleurement rocheux qui formait sur l’autre rive une berge plus élevée et
protégeait du vent. Un écran de buissons et d’arbres tout juste bourgeonnants
enfermait un coin isolé, abrité et procurait en même temps du bois sec de l’année
précédente.
Depuis sa position en surplomb, Jondalar, replié sur ses pensées,
regardait sans vraiment le voir le courant furieux de l’eau boueuse. Il n’avait
pas pris conscience des ombres changeantes à mesure que le soleil montait dans
le ciel et il sursauta en entendant quelqu’un approcher. Il n’était pas d’humeur
à soutenir une conversation aimable, amicale, en ce jour de fête pour les
Mamutoï. Vivement, il se glissa derrière quelques buissons pour attendre, sans
se faire voir, que l’arrivant se fût éloigné. Lorsqu’il vit Ayla s’arrêter et,
manifestement, s’installer, il ne sut plus que faire. Il songea bien à s’esquiver
sans bruit, mais Ayla était trop bonne chasseuse : elle l’entendrait, à
coup sûr. Il pensa alors à émerger tout simplement des buissons, en prétextant
un besoin pressant, et à poursuivre son chemin. Mais il n’en fit rien.
Aussi discrètement que possible, il demeura caché pour observer
la jeune femme. Il ne pouvait s’en empêcher, il ne pouvait même pas s’obliger à
détourner les yeux, même lorsque, très vite il comprit qu’elle se préparait à
la cérémonie de la soirée et qu’elle se croyait seule. Au début, il s’était
senti submergé par la joie de sa présence mais il ne tarda pas à être fasciné.
Il ne pouvait faire autrement que la regarder.
Rapidement, Ayla alluma un feu à l’aide d’une pierre à feu et d’un
morceau de silex. Elle y mit des pierres à chauffer. Elle voulait rendre le
rite de purification aussi proche que possible de celui du Clan mais elle ne
pouvait éviter certaines différences. Elle avait envisagé de faire du feu à la
manière du Clan, en faisant tourner rapidement entre ses paumes une baguette
sèche sur un morceau de bois plat, jusqu’à faire naître une braise. Mais, dans
le Clan, les femmes n’étaient pas censées transporter du feu ni en allumer pour
une cérémonie rituelle. Si elle devait braver la tradition en allumant son
propre feu, décida Ayla, elle pouvait aussi bien se servir de sa pyrite.
Les femmes, toutefois, avaient le droit de se fabriquer des
couteaux et d’autres outils en pierre, à condition de ne pas s’en servir pour
la chasse. Ayla avait décidé qu’il lui fallait un nouveau sac à amulettes.
Celui qu’elle portait, un sac mamutoï abondamment orné, ne conviendrait pas à
un rite du Clan. Pour en fabriquer un autre, conforme aux règles du Clan, elle
avait besoin d’un couteau pareil à ceux du Clan, et c’était pour cette raison
qu’elle avait demandé à Wymez un nodule de silex. Elle chercha sur la berge,
trouva un galet de la grosseur d’un poing, poli et arrondi par l’eau, qui lui
servirait de percuteur. Elle l’utilisa pour débarrasser de sa gangue de craie
le petit nodule, tout en commençant à le façonner grossièrement. Elle n’avait
pas fait ses propres outils depuis un certain temps mais elle n’avait pas
oublié la technique et elle ne tarda pas à s’absorber dans sa tâche.
Quand elle eut fini, la pierre luisante, d’un gris sombre, avait
une forme plus
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