Les chasseurs de mammouths
de cuir souple. C’est très pratique, surtout
pour le voyage, mais il m’arrivait de les replier plusieurs fois ou de les
garnir de laine de mouflon, de fourrure et même de duvet d’oiseau. Parfois, du
duvet de certaines plantes. Jamais, en ce temps-là, de bouse de mammouth
séchée, mais c’est efficace, aussi.
Mamut possédait la faculté, quand il le voulait, de s’effacer,
de se fondre dans le décor, de sorte que les femmes oubliaient sa présence et
parlaient entre elles en toute liberté, comme elles ne l’auraient jamais fait
devant d’autres hommes. Ayla, toutefois, ne l’avait pas oublié. Elle le
regardait observer ses compagnes. Quand la conversation languit, il s’adressa
de nouveau à Latie.
— L’un de ces prochains jours, tu voudras trouver un
endroit où communier personnellement avec Mut. Prête attention à tes rêves. Ils
t’aideront à découvrir le lieu convenable. Avant de t’y rendre, tu devras
jeûner et te purifier, en saluant toujours les quatre directions, le ciel et le
monde souterrain. Tu lui présenteras des offrandes et des sacrifices, particulièrement
si tu désires Son aide ou Sa bénédiction. Ce sera plus important encore quand
viendra le moment où tu désireras un enfant, Latie, ou lorsque tu apprendras
que tu en attends un. Alors, tu devras te rendre à ce lieu sacré pour toi et
faire brûler un sacrifice pour Mut, un don qui montera vers Elle avec la fumée.
— Comment saurai-je ce que je dois Lui donner ?
demanda Latie.
— Il pourra s’agir de quelque chose que tu auras trouvé. Tu
sauras si c’est le don qui convient. Tu le sauras toujours.
— Quand tu désireras avoir un homme en particulier, tu
pourras aussi le Lui demander, fit Deegie, avec un sourire de connivence. Je ne
peux pas te dire combien de fois je Lui ai demandé Branag.
Ayla lança un coup d’œil vers son amie et résolut d’en apprendre
plus long sur les lieux de sacrifices personnels.
— Il y a tant à apprendre ! gémit Latie.
— Ta mère pourra t’aider, et Tulie aussi, dit Mamut.
— Nezzie me l’a demandé, et j’ai accepté d’être Gardienne
cette année, Latie, déclara Tulie.
— Oh, Tulie ! Je suis si contente. Je me sentirai
moins seule.
La Femme Qui Ordonne sourit à l’ardeur affectueuse de la jeune
fille.
— Ce n’est pas tous les ans, dit-elle, que le Camp du Lion
présente une toute nouvelle femme.
Latie, le visage assombri par la concentration, demanda à voix
presque basse :
— Tulie, comment est-ce ? Dans la tente, je veux dire.
Cette nuit-là ?
Tulie regarda Nezzie, sourit de nouveau.
— Es-tu un peu inquiète ?
— Un peu, oui.
— Ne te tourmente pas. On t’expliquera tout. Tu sauras à
quoi t’attendre.
— Est-ce un peu comme lorsqu’on jouait, Druwez et moi,
quand on était enfants ? Il rebondissait sur moi très fort. Il essayait de
faire comme Talut, je pense.
— Non, ce n’est pas vraiment ainsi, Latie. Il s’agissait là
de jeux d’enfants : vous faisiez semblant d’être adultes. Vous étiez tous
les deux très jeunes, alors, trop jeunes.
— Oui, c’est vrai, nous étions très jeunes. Latie se
sentait maintenant beaucoup plus âgée.
— Ces jeux-là sont pour les petits enfants,
continua-t-elle. Il y a longtemps que nous n’y jouons plus. D’ailleurs, nous ne
jouons plus du tout. Ces derniers temps, ni Danug ni Druwez ne veulent même me
parler bien longtemps.
— Ils en auront bientôt envie, j’en suis sûre, déclara
Tulie. Mais rappelle-toi bien : pour le temps présent, tu ne dois pas leur
parler beaucoup et tu ne dois jamais rester seule avec eux.
Ayla tendit la main vers la grosse outre d’eau suspendue par
une courroie de cuir à une cheville enfoncée dans l’un des piliers de
soutènement. C’était la panse d’un cerf gigantesque, un mégacéros, qu’on avait
traitée pour conserver son étanchéité naturelle. On l’emplissait par l’ouverture
inférieure, qu’on repliait ensuite pour la fermer. On rainait sur tout le tour
l’extrémité d’un os à moelle, percé au centre d’un trou naturel. Pour former un
verseur, on attachait la paroi de l’estomac de cerf à l’os en enroulant bien
serré une lanière autour de la partie rainée.
Ayla ôta le bouchon – une mince bande de cuir, passée
dans le trou et nouée plusieurs fois en un endroit. Elle versa de l’eau dans la
corbeille étanche qu’elle utilisait pour faire son infusion du matin,
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