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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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feu, s’agenouilla, chercha de la
main la légère chaleur qui subsistait. Il ferma à demi les paupières pour se
remémorer la scène qu’il avait secrètement épiée. Lorsqu’il rouvrit les yeux,
il vit le nodule de silex, qu’elle avait abandonné. Il le ramassa, l’examina.
Il aperçut les éclats qu’elle avait fait sauter, en remit quelques-uns à leur
place pour étudier le travail de plus près. Non loin des morceaux de peau de
daim, il trouva le perçoir. Il le prit, l’examina. Il n’était pas fait de la
manière à laquelle il était accoutumé, il semblait trop simple, presque
grossier. Ce n’en était pas moins un bon outil, efficace. Et bien acéré, se
dit-il, quand il s’y blessa le doigt.
    Cet outil évoquait Ayla elle-même. Il représentait en quelque
sorte l’énigme qu’elle incarnait : ses contradictions apparentes ; sa
visible candeur, tout enveloppée de mystère ; sa simplicité, imprégnée d’un
antique savoir ; sa sincérité ; sa naïveté, encloses dans la
richesse ; et la profondeur de son expérience. Il décida de garder le
perçoir, en souvenir d’elle, l’enveloppa, pour l’emporter, dans les morceaux de
peau.
    Le festin eut lieu dans la chaleur de l’après-midi. Il se
déroula dans le foyer de la cuisine, mais on avait relevé et attaché les lourds
rabats de peau de l’abri des chevaux, afin de faciliter la circulation de l’air
frais et celle des convives. Bon nombre des festivités se tenaient dehors, en
particulier les jeux et les concours – la lutte semblait être un
sport de printemps favori –, ainsi que les chants et les danses.
    On échangeait des présents, en signe de chance, de bonheur, de
bonne volonté, à l’imitation de la Grande Terre Mère qui, une fois encore,
apportait à la terre la chaleur et la vie, et pour montrer qu’on appréciait les
dons qu’Elle déversait sur Ses créatures. Il s’agissait généralement de cadeaux
sans grande importance : des ceintures, des gaines pour les couteaux, des
dents d’animaux percées d’un trou ou creusées d’une rainure afin de pouvoir les
accrocher en guise de pendentifs, des rangs de perles qu’on pouvait porter tels
quels ou coudre sur des vêtements. Cette année-là, le tout nouveau tireur de
fil remportait un grand succès, qu’on le donnât ou le reçût, ainsi que l’étui
où le ranger, fait d’un petit tube d’ivoire ou d’un os d’oiseau creux. Nezzie
la première en avait eu l’idée : elle portait son étui, avec le petit
carré de peau de mammouth qui lui servait de dé, dans son sac à coudre
richement décoré. Plusieurs autres femmes l’avaient imitée.
    Les pierres à feu possédées par chaque foyer étaient considérées
comme magiques et tenues pour sacrées. On les gardait dans une niche, avec l’effigie
de la Mère. Mais Barzec offrit plusieurs nécessaires dont il avait imaginé le
modèle, et qui furent l’objet du plus vif enthousiasme. Ils étaient commodes à
porter, contenaient des matériaux facilement inflammables sous l’effet d’une
étincelle – des fibres végétales duveteuses, de la bouse séchée et
pulvérisée, des éclats de bois – et ménageaient une place à la pierre
à feu et au silex, lorsqu’on voyageait.
    Quand le vent du soir rafraîchit l’atmosphère, le Camp abrita à
l’intérieur ses sentiments chaleureux et referma les lourds rabats. On passa un
certain temps à s’installer, à revêtir les tenues de cérémonie, à placer les
derniers éléments décoratifs, à remplir les coupes d’un breuvage favori, tisane
aux herbes ou bouza de Talut. Tout le monde se rendit ensuite au Foyer du
Mammouth pour assister à la partie la plus importante de la Fête du Printemps.
    Ayla et Deegie firent signe à Latie de venir s’asseoir avec
elles : elle était presque leur égale, à présent, presque une jeune femme.
Sur son passage, Danug et Druwez levèrent des regards empreints d’une timidité
inaccoutumée. Elle carra les épaules, redressa la tête mais s’abstint de leur
adresser la parole. Ils la suivirent des yeux. Lorsqu’elle s’installa entre les
deux amies, Latie souriait : elle avait l’impression d’être devenue un personnage
et de se trouver tout à fait à sa place.
    Du temps où ils étaient enfants, elle était la compagne de jeux,
l’amie des deux garçons, mais elle n’était plus une enfant, elle n’était pas
une gamine que de jeunes mâles pouvaient ignorer, dédaigner. Elle

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