Les chevaliers de la table ronde
270-292.
[30] Le début de ce chapitre est emprunté aux premiers épisodes de Perlesvaux , récit français des environs de l’an
1200, publié par Nitze et Jenkins sous le titre le
Haut Livre du Graal , Chicago, I932-1937. La suite du récit s’apparente
au Perceval de Chrétien de Troyes et au Didot-Perceval de la tradition de Robert de Boron,
et concerne uniquement la quête des chevaliers d’Arthur. Des extraits de Perlesvaux , traduits en français moderne par Christiane
Marchello-Nizia, ont été publiés dans Danielle Régnier-Bohler, la Légende arthurienne , Paris, Laffont, 1989.
[31] Cet épisode est un conte populaire oral recueilli par le célèbre
fondateur du néo-druidisme au XVIII e siècle,
Edward Williams, dit Iolo Morgannwg, et contenu dans les Iolo Manuscripts publiés par son fils Taliesin
Williams (Llandovery, 1838, p. 188). Ce n’est qu’une simple anecdote, mais elle
est révélatrice du caractère archaïque de l’Arthur primitif, véritable chef de
bande dont la légende a fait un roi et même un « empereur »
tout-puissant.
[32] Il s’agit de la coutume celtique connue sous le nom anglo-saxon de fosterage , et qui fut très observée en Irlande, même
après la christianisation, et jusqu’à la fin du Moyen Âge.
[33] Comme pour tous les lieux du cycle arthurien, la géographie et le
mythe font bon ménage. Géographiquement, on peut y reconnaître Orkney,
c’est-à-dire les îles Orcades, au nord de l’Écosse. Mais le royaume de Loth est
souvent dit Lothian, avec le jeu de mots que l’on devine, qui est le comté
d’Édinburgh. Mais comment ne pas penser à la divinité gallo-romaine – et
romano-brittonne – Orcus , sorte de gardien de
l’Autre Monde, devenu dans la tradition populaire le fameux « Ogre »
des contes de fées. D’autre part, il ne faudrait pas oublier que, dans la tradition
galloise ancienne, le roi Loth apparaît sous la forme de Llwch (ou Lloch)
Llawwynnawc (= « à la main blanche »). Or Llwch est la transposition en moyen-gallois du gaélique loch qui signifie « mare », « marécage », ce qui ramène à l’idée
des « Infernaux Paluds ». Mais Llwch et Loch ont été souvent confondus avec le
français Lac , ce qui n’est pas fait pour
simplifier la compréhension de toutes ces légendes. C’est dans un palais sous un lac que sera élevé Lancelot, par la Dame du Lac , et le héros arthurien Érec (Gereint)
est dit « fils du roi Lac ».
[34] D’après le Merlin de la tradition de Robert de Boron.
[35] D’après la Vita Cadoci , texte latin
du XII e siècle. D’une façon générale, les
documents monastiques et hagiographiques ne sont guère tendres envers l’Arthur
historique, accusé, à tort ou à raison, d’en prendre à son aise avec les
franchises ecclésiastiques et de piller sans scrupule les abbayes. On
remarquera aussi la réputation des moines de se livrer à la magie – même
blanche ! –, ce qui prouve que, dans l’esprit du temps, ils étaient
considérés comme les héritiers directs des druides.
[36] Ce récit, qu’on peut faire remonter au IX e siècle, préfigure évidemment le « Cortège du Graal », tel qu’il est
présenté par Chrétien de Troyes au XII e siècle.
[37] Ce thème du chaudron magique, l’un des archétypes du Graal, est le
même que celui du Chaudron de Brân le Béni. Voir le chapitre IX (« le
Temps des Merveilles ») de la première époque, la
Naissance du roi Arthur .
[38] D’après le poème 30 du Livre de Taliesin ,
manuscrit gallois du XIII e siècle, intitulé
« les Dépouilles de l’Abîme » (J. Markale, les
Grands Bardes gallois , Paris, Picollec, 198I, pp. 97-99), avec quelques
détails empruntés au récit gallois de Kulhwch et Olwen.
[39] L’interprétation donnée ici par Geoffroy de Monmouth – dont je suis
fidèlement le texte – prouve que le clerc gallois ne comprenait rien à ses
sources. Traditionnellement, chez les Celtes, et particulièrement chez les
Gallois, l’ours est un symbole royal. N’oublions pas non plus que le nom
d’Arthur provient du nom celtique de l’ours. Le rêve d’Arthur ne concerne donc
pas l’épisode qui suit, mais la bataille finale du règne où l’ ours Arthur sera opposé au dragon Mordret.
[40] Jusqu’au IX e siècle, le
Mont-Saint-Michel se trouvait au milieu d’une forêt. Cette forêt fut engloutie
par un raz de marée et, depuis lors, la mer a envahi ce qu’on appelle la baie
du
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