Les chevaliers de la table ronde
Merlin.
Quand Gauvain eut terminé de converser avec Arthur, il alla
à travers la cité, à la recherche de Morgane. Il la trouva dans une chambre, où
elle lisait dans un grand livre rempli d’images et de lettres inconnues. Gauvain
la salua et lui transmit le message de Merlin : « Les pommiers de l’île
d’Avalon seront toujours chargés de fruits si tu le désires. » Ayant
entendu ces paroles, Morgane remercia Gauvain et se dirigea vers la fenêtre d’où
on pouvait embrasser tout le pays alentour. Sans dire une parole, elle fixa son
regard sur l’horizon, et dans ses yeux, intensément brillants, passèrent
soudain de grands vols d’oiseaux noirs [134] .
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[1] Voir J. Markale, le Roi Arthur et la société
celtique , Paris, Payot, 5 e éd., 1989.
[2] Le sud du Pays de Galles, essentiellement le Dyved .
[3] Le nord du Pays de Galles, essentiellement le Gwynedd .
[4] À l’époque arthurienne (V e – VI e siècle), cette région située au nord du fleuve
Humber était déjà conquise par les Saxons, mais la légende arthurienne semble
néantiser complètement les réalités historiques.
[5] Ce personnage, qui joue un rôle important dans plusieurs épisodes de
l’épopée arthurienne, n’est qu’une variante du héros celtique primitif, Brân
Vendigeit, tel qu’il apparaît dans la seconde branche du Mabinogi gallois. Voir J. Markale, La Naissance du roi Arthur , première époque du Cycle du Graal , Ed. J’ai lu, n° 4742.
[6] Personnage important de la légende primitive d’Arthur et qui semble
d’origine armoricaine, certains épisodes faisant nettement mention de
« Caradoc (ou Carados) de Vannes ». La forme Caradoc (Caradawg),
parfois orthographiée Cardoc , qui signifie
« aimable », est galloise, la forme bretonne-armoricaine étant Karadec . Quant au surnom, il a donné lieu à de nombreuses
controverses. En français, cela signifierait « bref bras »,
c’est-à-dire « au bras court ». Mais c’est une mauvaise interprétation
d’un ancien gallois et breton (deux langues identiques avant le XI e siècle) qui serait Brech-Bras ,
littéralement « Bras Long ». La forme française est donc un superbe
contresens. On peut penser à l’allemand Sauerkraut ,
littéralement « fermenté chou », qui est devenu stupidement le
français « choucroute » !
[7] Kaerlion sur Wysg (ou « sur Usk ») est une importante
forteresse de création romaine située au sud-est du Pays de Galles, et les
fouilles archéologiques ont démontré l’importance de cet établissement, qui
n’est pas celtique, mais purement romain. L’archéologie corrobore des textes
monastiques du haut Moyen Âge, et l’ensemble laisse penser que l’épopée arthurienne historique (donc dans sa base prélégendaire)
est une exaltation des Romains , autrement dit
des Britto-Romains de l’île de Bretagne, derniers défenseurs de la civilisation
occidentale – et chrétienne – face aux » Barbares », aux Pictes du
Nord et aux Saxons et autres peuples germano-scandinaves (encore
« païens ») qui menaçaient le fragile édifice romano-celto-chrétien
qui, à la fin de l’Empire, s’acharnait à maintenir une tradition culturelle
considérée comme essentielle pour la survie de la civilisation.
[8] Dans la géographie arthurienne, toujours plus mythologique que réelle,
la Carmélide se trouve tantôt en Grande-Bretagne, tantôt en Bretagne
armoricaine.
[9] On a tenté d’identifier la « Terre Déserte » avec le Berry.
Il est plus vraisemblable d’y voir les Marches de Bretagne, autrement dit les
comtés de Rennes et de Nantes, territoires situés à l’est de la Vilaine et qui
étaient peuplés de Gallo-Francs au moment de l’éclosion de la légende
arthurienne, Gallo-Francs en lutte perpétuelle avec les Bretons armoricains
établis à l’ouest de la Vilaine. Le fait que Claudas de la Terre Déserte
apparaît dans la légende spécifique de Lancelot du Lac, légende d’origine nettement
armoricaine (et même du pays de Vannes), conforte cette hypothèse.
[10] La légende se fait ici l’écho d’événements historiques du Ve siècle
concernant une alliance des Gallo-Romains et des Bretons, dirigés par un
certain Riothime, contre les Wisigoths. Le duc Frolle serait donc le souvenir
d’un chef wisigoth.
[11] C’est le père de Lancelot du Lac. Son pays semble être situé dans le
sud de la Bretagne armoricaine, dans la région de Vannes, et la légende
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