Les chevaliers de la table ronde
paroisses. Son frère, Gwynn (=
« blanc »), est devenu le gardien de l’Enfer dans la tradition
galloise : il empêche les diables d’envahir la terre ! Mais il
apparaît également dans le cycle arthurien primitif, notamment dans le récit de
Kilourh. Quant à leur père, Nudd (Nut dans les romans français), c’est
incontestablement le Nodens ou Nodons des inscriptions britto-romaines, sorte
de dieu celtique de l’Autre Monde.
[82] D’après les Antiquités de Glastonbury de Guillaume de Malmesbury (fin du XII e siècle) et le Roman d’Yder , ouvrage anglonormand
du début du XIII e siècle. Cet épisode fait
penser à la fameuse représentation dite de la déesse Artio (musée de Berne), où
l’on voit un ours devant une femme assise sur un siège royal. Ce groupe, de
facture gallo-romaine, n’en plonge pas moins dans la plus ancienne mythologie
celtique. Le nom de la déesse Artio, comme celui d’Arthur, se réfère à l’un des
noms celtiques de l’ours, artos .
[83] D’après le Tristan de Thomas (1170).
[84] D’après le Roman d’Yder . Il semble
bien qu’avant l’introduction – récente – de Lancelot dans le cycle arthurien,
les premiers récits mentionnaient une liaison adultère entre Guenièvre et Yder.
Plusieurs épisodes du Roman d’Yder y font une
discrète allusion, et l’on trouve une affirmation en ce sens dans un fragment
de poème anglo-normand sur Tristan, datant du XII e siècle (« Yder, qui occit l’ours, n’eut tant de peine et de douleur pour
Guenièvre, la femme d’Arthur. »). Mais, en recherchant la tradition arthurienne
primitive, on s’aperçoit qu’Yder n’était pas le seul amant de Guenièvre :
les sculptures de la cathédrale de Modène, qui datent de 1100, font état d’un
certain Malduc que le roi Arthur a bien du mal à vaincre ; et un étrange
poème gallois du Livre Noir de Carmarthen (XII e siècle) suggère nettement Kaï. D’ailleurs,
l’ambiguïté des rapports de Kaï et de Guenièvre est soulignée dans le Lancelot de Chrétien de Troyes. De plus, certains
récits concernant la fin du monde arthurien font de Guenièvre la maîtresse et
la complice consentante de l’usurpateur Mordret. Tout cela se réfère au thème
celtique de la Souveraineté. Voir J. Markale, la
Femme celte , nouvelle édition, Paris, Payot, 1992.
[85] Dans le récit de la Vengeance de Raguidel ,
la fille s’appelle Tremionette, et dans le Roman
d’Yder , Guenloie. Ce nom est la transcription française du gallois gwennlloyw , c’est-à-dire « blanche
lumière ». Quant au nom de Guenguasœn, il est la transcription du gallois gwenn-gwas-hen , « diable blanc », littéralement
« vieux serviteur blanc ». Ce qui indique nettement l’appartenance de
Guenguasœn, de sa fille, de Raguidel et de la jeune fille à un Autre Monde
intermédiaire entre l’image païenne du « Blanc Pays » et la
représentation chrétienne de l’Enfer diabolique.
[86] D’après l’un des nombreux épisodes de la
Vengeance de Raguidel , récit du XIII e siècle contenu dans le célèbre manuscrit d’Aumale, qui contient deux autres
œuvres arthuriennes, les Merveilles de Rigomer et le Bel Inconnu . Tout semble indiquer qu’il
s’agit d’une adaptation française d’un original en langue galloise.
[87] On reconnaîtra encore ici la forme galloise du latin Caledonia qui désigne l’Écosse.
[88] Ce nom gallois signifie « lumière du jour ».
[89] J’ai transcrit à la française le nom gallois de Kulhwch que l’auteur anonyme du récit décompose en
deux termes, cil , « cachette », et hwch ( houc’h en
breton-armoricain), signifiant actuellement « truie », et autrefois
« porc » en général. Il semble que l’histoire de Kilourh se réfère à
un antique rituel totémique.
[90] L’amour que l’on ressent tout à coup pour quelqu’un qu’on n’a jamais
vu est un motif très répandu dans la tradition celtique, aussi bien en Irlande
que dans l’île de Bretagne, et il se reconnaît aisément dans la « fine
amor » des troubadours occitans, devenue le célèbre thème de l’amour lointain (Jaufré Rudel). Mais, en fait, il
s’agit bel et bien d’une résurgence de la doctrine gnostique, la femme aimée –
et qu’on n’a jamais vue – représentant la Pistis Sophia qu’il faut réintégrer
dans sa plénitude originelle afin de parvenir à l’Harmonie cosmique.
[91] Ce que prononce la marâtre, c’est un « charme
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