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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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mon visage vers le Capitole, en souriant. Je sentais par instants la longue cape d’Helena me frôler. Je pressentais confusément que nous touchions au but. Quelque part dans cette métropole rôdaient mes proies. Il me restait à trouver les preuves susceptibles de convaincre l’Empereur et à identifier la cachette des cochons d’argent volés. J’avais déjà une partie de la réponse. Le dénouement approchait, et ma confiance grandissait. Heureux de me plonger dans ce décor familier et convaincu d’avoir fait de mon mieux en Bretagne, je sentis enfin se relâcher le désespoir qui m’avait saisi après la mort de Sosia.
    Me tournant vers Helena Justina, je la surpris en train de me regarder. Elle aussi avait surmonté sa tristesse. Son problème n’avait jamais été très grave ; elle avait fait son propre malheur, pour un temps seulement. Beaucoup de personnes agissent de la sorte, quelquefois pendant une vie entière. Si certains se complaisent dans le malheur, ce n’était pas le cas d’Helena. Elle était trop lucide et ne se jouait pas la comédie. Quand on la laissait en paix, son visage était calme et son âme sereine. Je ne doutais pas qu’elle finirait par retrouver un peu d’indulgence envers elle-même. Peut-être pas à mon égard, mais je ne pouvais lui en vouloir de me détester. Quand je l’avais rencontrée, je n’étais moi-même pas tendre à mon égard.
    — Vous allez me manquer, fit-elle, moqueuse.
    — Comme une ampoule dès que la douleur s’en va…
    — Tout à fait !
    Cette plaisanterie nous fit rire.
    — Certaines clientes demandent à me revoir, la taquinai-je.
    — On se demande bien pourquoi ? me lança-t-elle avec son impertinence coutumière, les yeux malicieux. Vous exagérez tant que ça le montant de la facture ?
    Elle avait perdu quelques kilos récemment, mais elle conservait des formes attrayantes et sa coiffure me plaisait toujours autant. Je lui souris.
    — Seulement si j’ai envie de les revoir.
    — Je demanderai à mon comptable de ne laisser passer aucune erreur, railla-t-elle.
    Son père et son oncle avaient perdu leur pari. Cela n’avait aucune chance de durer, mais pour l’instant nous restions amis.
    Son teint avait rosi et ses cheveux voletaient dans le vent ; dans cet état, je pouvais la remettre sans crainte à sa famille. Ils auraient une piètre idée de moi, mais cela valait mieux que la vérité.
     
    Je connais deux bonnes raisons d’emmener une fille se promener sur les remparts. On y respire le bon air, ce que nous avions fait. J’envisageai un instant la deuxième raison, puis me ravisai. Notre long voyage s’achevait. Je la ramenai chez elle.

Troisième partie
    Rome
     
    Printemps, 71 ap. J.-C.

38
    Un comité d’accueil nous attendait dans la rue où résidait son père.
    Nous avions gagné le secteur de la porte Capena sans encombre, avant de rejoindre la villa du sénateur par un dédale de ruelles. Les chaises s’arrêtèrent. Nous allions descendre quand Helena eut un sursaut. Je me retournai : une bande de fripouilles fonçait vers nous – on n’en aurait même pas voulu au marché aux esclaves. Tous portaient un chapeau pointu leur masquant le visage plus que de raison – les traces de petite vérole m’avaient l’air en bonne voie de cicatrisation… Ils gardaient une main enfouie dans leur manteau, certainement pas pour tenir au chaud leur casse-croûte.
    — Par Hercule ! Frappez la cloche pour qu’on vienne !
    Helena se précipita vers la porte d’entrée tandis que je détachais le montant d’une des chaises. Je jetai un regard à la ronde. Les passants s’empressaient de chercher refuge chez les joailliers et fleuristes dont les lanternes allumées indiquaient qu’ils restaient ouverts à cette heure tardive. Dans un quartier aussi chic, mieux valait ne pas compter sur une quelconque assistance. Les promeneurs disparaissaient à la vitesse des bulles dans les remous du Tibre en crue.
    Ces canailles étaient rapides, mais moins que moi. Ils cachaient sous leur manteaux des gourdins hérissés d’épines, mais en trois mois de mine j’avais accumulé une réserve d’agressivité qui ne manqua sans doute pas de les surprendre. Avec ma perche tournoyante, qui mesurait bien deux mètres cinquante, je pouvais faire quelques dégâts.
    Alerté par les coups de cloche répétés d’Helena, Camillus finit par arriver à la rescousse avec ses esclaves. Les malfrats ne demandèrent pas leur

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