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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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serviteur.
    — Simple curiosité professionnelle : vous n’auriez pas un amoureux ignoré de votre famille ?
    Elle piqua un fou rire.
    — Vous dites des bêtises ! Il n’y a personne…
    — Vous êtes pourtant une jeune fille bien séduisante, ajoutai-je avec insistance. Mais vous n’avez rien à craindre avec moi !
    — Me voilà rassurée !
    Ses larges yeux marron se firent soudain pétillants. La garce me taquinait !
    Malgré tout, elle faisait un peu la fière. Après la peur panique de l’après-midi, elle cherchait à se montrer courageuse. Cette pointe de hardiesse la rendait encore plus délicieuse. Ses yeux merveilleux, malicieux à souhait, plongeaient dans les miens où ils faisaient de sacrés ravages.
    À point nommé, des pas retentirent sur le palier. On tambourina à la porte, avec la nonchalante arrogance habituelle aux forces de l’ordre.

4
    Les forces de l’ordre reprirent leur souffle après cette rude montée.
    — Entrez donc, lançai-je calmement. C’est ouvert.
    Il entra et se laissa tomber lourdement à l’autre extrémité du banc.
    — Falco, sacré filou ! Là, tu m’épates !
    Il m’adressa un lent sourire.
    Petronius Longus était capitaine de patrouille dans la milice de l’Aventin. C’était un homme massif, au tempérament placide, presque léthargique, et pourvu d’un visage qui attirait la sympathie, sans doute parce qu’il laissait transparaître si peu d’émotion.
    Petronius et moi nous connaissons depuis très longtemps. Nous avons choisi le même jour pour nous engager dans l’armée. Nous nous sommes rencontrés tandis que nous faisions la queue en attendant de prêter serment à l’empereur, alors que nous habitions à cinq rues l’un de l’autre ! Après sept années où nous avons partagé la même tente, nous sommes rentrés, vétérans de la deuxième légion d’Auguste, celle qui avait opéré dans les îles britanniques. Nous avions tous deux été contraints de quitter l’armée dix-huit ans plus tôt que prévu, à cause des piètres performances de la deuxième, au moment de la révolte de la reine Boudicca. Ni lui ni moi n’aimons évoquer cette époque.
    — Garde un peu les yeux dans ta poche ! lançai-je. Elle s’appelle Helena.
    — Enchanté, Helena. Vous avez un joli prénom. Falco, où l’as-tu dégotée ?
    — En piquant un sprint autour du temple de Saturne.
    Je préférai répondre avec franchise, car Petronius pouvait déjà être au courant. D’ailleurs, je tenais à montrer à la jeune fille qu’elle avait affaire à un type honnête.
    Je présentai le capitaine à ma ravissante cliente.
    — Voici Petronius Longus. Je ne connais pas de meilleur policier municipal.
    — Bonsoir, monsieur, dit-elle.
    — Voilà ! lançai-je avec dépit. Parce que vous êtes fonctionnaire municipal, on vous donne du monsieur… Inutile d’en faire trop, ma petite !
    — Ne faites pas attention à ce sournois personnage, railla Petronius, toujours aussi nonchalant mais en lui souriant un peu trop à mon goût.
    Comme elle lui souriait elle aussi un peu trop généreusement, je me pressai d’ajouter :
    — Les hommes vont discuter autour d’un verre de vin. Allez donc m’attendre dans l’autre pièce.
    Elle me fusilla du regard mais s’exécuta néanmoins. Elle avait été bien élevée et comprenait qu’elle habitait un monde où les hommes faisaient la loi. Elle respecta les bonnes manières et reconnut que j’étais maître chez moi.
     
    — Pas mal, fit Petronius d’un ton approbateur.
    Il avait une épouse et, Dieu sait pourquoi, elle l’adorait. Lui ne parlait jamais de sa femme, mais on sentait qu’il tenait beaucoup à elle. Ils avaient trois filles et, comme tout bon pater familias romain, Petronius les adorait. Je voyais venir le jour où la prison Tullianum déborderait de jeunes freluquets ayant eu le malheur de jeter un regard un peu trop insistant sur une des filles de Petro.
    Je parvins à mettre la main sur deux tasses qui avaient l’air propres, même si je pris soin d’essuyer celle de Petro avec ma tunique avant de la poser sur la table. Un trou sous une des lattes du plancher faisait office de cave. J’avais le choix entre un tord-boyaux espagnol particulièrement corsé, offert par un client reconnaissant, un rouge charnu acquis récemment, avec un goût à faire croire qu’il venait directement du tombeau de quelque roi étrusque, et une amphore d’un blanc de Setinum, arrivé

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