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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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pays chauds. La caverne de la magicienne
     
    Ce fut lorsque les chaleurs de midi commencèrent graduellement à se retirer de la terre, que Glaucus et Ione sortirent pour jouir de l’air pur et se rafraîchir. À cette époque, les Romains se servaient de diverses espèces de voitures : celle qui était le plus en usage parmi les citoyens riches, lorsqu’ils étaient seuls, était le biga, que nous avons déjà décrit dans la première partie de cet ouvrage ; on appelait carpentum {49} celle dont usaient ordinairement les matrones, voiture qui avait communément deux roues ; les anciens employaient aussi une sorte de litière, vaste chaise à porteurs, plus commodément disposée que celle des modernes, puisque celui qui l’occupait pouvait s’y coucher à son aise, au lieu d’être secoué et ballotté perpendiculairement {50} . Il y avait aussi une autre voiture dont on se servait pour voyager, ou pour faire des excursions dans la campagne, qui contenait facilement trois ou quatre personnes, avec une tenture qui pouvait se soulever à volonté ; en un mot, quoique la forme en soit différente, elle correspondait à notre moderne britska… Les amants, accompagnés seulement d’une esclave d’Ione, avaient pris une voiture de ce genre. À dix milles de la cité on trouvait les ruines d’un temple évidemment grec ; et, pour Glaucus et Ione, tout ce qui rappelait la Grèce possédait un grand intérêt ; ils avaient résolu de visiter ces ruines : c’était là le but de leur promenade.
    La route les conduisit aisément à travers des bosquets de vignes et d’oliviers, jusqu’à ce qu’ils arrivassent sur les sommets les plus élevés du Vésuve. Le chemin alors devint difficile : les mules marchaient lentement et avec peine. À chaque perspective qui s’ouvrait dans le bois, ils apercevaient des cavernes grises et terribles, découpées dans le roc brûlé, que Strabon a décrites, mais que les diverses révolutions du temps et les éruptions du volcan ont effacées de l’aspect actuel de la montagne. Le soleil était sur son déclin ; de grandes et profondes ombres s’avançaient sur les collines ; par intervalles ils entendaient encore les sons rustiques du berger parmi les touffes de bouleaux et les chênes sauvages. Parfois ils remarquaient la forme gracieuse de la capella au poil soyeux, à la corne contournée, à l’œil brillant et gris, qui, sous les cieux de l’Ausonie, rappelle les églogues de Virgile, en broutant sur le flanc des montagnes. Des grappes de raisin, que le sourire de l’été rendait déjà vermeilles, étincelaient entre les festons de pampre qui pendaient d’un arbre à l’autre. Au-dessus, de légers nuages flottaient dans un ciel serein, et glissaient d’une façon si lente à travers le firmament, qu’ils semblaient à peine se mouvoir ; à leur droite, de moment en moment, leur vue découvrait une mer sans vagues, qu’animaient seulement quelques légères barques à sa surface ; les derniers rayons du soleil teignaient de douces et innombrables nuances cette délicieuse mer.
    « Quelle belle expression, dit Glaucus à mi-voix, que celle qui appelle la terre notre mère !… Avec quelle tendresse égale et sainte elle répand ses bienfaits sur ses enfants ! Même dans les lieux stériles auxquels la nature a refusé sa beauté, elle essaye encore de sourire. Regarde comme elle marie l’arbousier et la vigne sur le sol aride et brûlant de ce volcan ; à une telle heure, et en présence d’une telle scène, nous pourrions bien nous attendre à voir la riante figure d’un faune se montrer à travers ces festons, ou bien à surprendre les pas d’une nymphe de la montagne qui s’enfuit dans l’épaisseur du bois. Mais la nymphe a disparu de la terre, belle Ione, le jour même où les cieux t’ont créée, toi. »
    Aucune langue ne sait flatter mieux que celle d’un amant qui, dans l’exagération même de ses sentiments, ne croit dire encore que les choses les plus ordinaires. Étrange prodigalité qui s’épuise elle-même dans son effusion !
    Ils arrivèrent aux ruines ; ils les examinèrent avec cette tendresse qu’inspirent les vestiges sacrés des lieux habités par nos ancêtres ; ils y demeurèrent jusqu’à ce qu’Hesperus parût dans les nuages roses du ciel ; et, se mettant en route au crépuscule pour revenir, ils gardèrent quelque temps le silence : car, dans l’ombre et sous les étoiles, leur mutuel amour

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