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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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du voile de Julia, et explorer les secrets de l’âme vaine et si peu féminine de sa visiteuse.
    « Quel motif, dit-il d’une voix lente et grave, t’amène, ô jeune fille, dans la maison d’un fils de l’Orient ?
    – Sa réputation, dit Julia.
    – En quoi ? reprit-il avec un étrange et léger sourire.
    – Peux-tu le demander, sage Arbacès ? Ta science n’est-elle pas le sujet de toutes les conversations de Pompéi ?
    – J’ai acquis, en effet, quelques connaissances, répondit Arbacès ; mais comment ces sérieux et stériles secrets peuvent-ils être agréables à l’oreille de la beauté ?
    – Hélas ! dit Julia, un peu encouragée par ce ton d’adulation auquel elle était habituée, la douleur ne s’adresse-t-elle pas à la sagesse pour être consolée ? et les personnes qui aiment sans espoir ne sont-elles pas les victimes choisies de la douleur ?
    – Ah ! s’écria Arbacès, un amour sans espoir ne saurait être le lot d’une si belle personne, dont les attraits se révèlent à travers le voile même qui les couvre ; relève, jeune fille, relève ce voile ; laisse-moi voir si ton visage est en harmonie avec la grâce de ton corps. »
    Julia, qui ne demandait pas mieux que de montrer ses charmes, et qui pensait peut-être intéresser ainsi davantage l’Égyptien à son sort, leva son voile après une courte hésitation, et révéla une beauté à laquelle le regard de l’Égyptien n’aurait pu reprocher qu’un peu trop d’art.
    « Tu viens pour m’entretenir d’un amour malheureux, dit-il ; tourne ton visage vers celui que tu aimes ; je ne saurais te conseiller un meilleur charme que celui-là !
    – Oh ! trêve à ces flatteries, dit Julia ; c’est un vrai charme que je viens demander à ta science, un charme qui fasse aimer.
    – Belle étrangère, répliqua Arbacès avec un peu d’ironie, de semblables talismans ne sont pas au nombre des secrets que mes longues veilles ont acquis.
    – Alors, illustre Arbacès, pardonne-moi et reçois mes adieux.
    – Arrête, s’écria Arbacès, qui, malgré sa passion pour Ione, ne demeurait pas insensible à la beauté de sa visiteuse, et qui, dans un meilleur état que celui où il se trouvait, aurait peut-être essayé de consoler la noble Julia par d’autres moyens que ceux d’une science surnaturelle…
    – Arrête, reprit-il ; quoique j’aie laissé, je l’avoue, l’art de la magie, des philtres et des breuvages à ceux qui en font métier, je ne suis pas cependant si indifférent à la beauté, que je n’aie usé de cet art pour mon propre compte, dans ma jeunesse… Je puis te donner des renseignements utiles, du moins, si tu me parles avec franchise. Si j’en crois ta toilette, tu n’es pas encore mariée ?
    – Non, dit Julia.
    – Et peut-être, n’étant pas favorisée de la fortune, tu veux conquérir un riche époux.
    – Je suis plus riche que celui qui me dédaigne.
    – C’est étrange, très étrange ! tu aimes donc bien celui qui ne t’aime pas ?
    – Je ne sais si je l’aime, répondit Julia avec hauteur, mais je sais que je veux triompher d’une rivale. Je voudrais voir à mes pieds celui qui m’a refusé son hommage… Je voudrais voir celle qu’il m’a préférée, méprisée à son tour.
    – Ambition naturelle et digne d’une femme ! continua l’Égyptien d’un ton trop grave pour être ironique. Un mot encore, jeune fille. Peux-tu me confier le nom de celui que tu aimes ? est-il possible que ce soit un Pompéien ? Un Pompéien, s’il était aveugle à ta beauté, le serait-il à ta richesse ?
    – Il est d’Athènes, répondit Julia en baissant les yeux.
    – Ah ! s’écria l’Égyptien impétueusement, et une vive rougeur colora ses joues, il n’y a qu’un Athénien jeune et noble à Pompéi… Parlerais-tu de Glaucus ?
    – Ne me trahis pas, c’est lui en effet. »
    L’Égyptien s’affaissa sur son siège, le regard attaché sur le visage à demi détourné de la fille du marchand, en se demandant à lui-même si cette conférence, qu’il avait jusqu’alors regardée comme indifférente, en s’amusant de la crédulité de sa visiteuse, ne pouvait pas profiter à sa vengeance.
    « Je vois que tu ne peux m’être d’aucun secours, reprit Julia offensée de son silence ; garde-moi du moins le secret ; encore une fois, adieu.
    – Jeune fille, répliqua l’Égyptien d’un ton empressé et sérieux, ta requête m’a vivement touché… tes désirs

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