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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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effrayantes et les plus sinistres. Ils continuaient néanmoins à marcher, dans l’espoir que, si leur attente était trompée par cette lumière, ils arriveraient pourtant à quelque demeure de berger ou à quelque caverne propice. Les vignes s’entortillaient de plus en plus devant eux ; la lumière disparaissait complètement à leur vue ; mais un léger sentier qu’ils suivaient avec fatigue et avec peine continuait à les conduire dans sa direction, à la seule lueur des éclairs que lançait l’orage. La pluie cessa soudain ; un terrain escarpé et rude, formé par la lave, s’étendait devant eux, rendu plus terrible encore dans son aspect par les éclats de foudre qui l’illuminaient de temps à autre. Quelquefois la flamme, en tombant sur des monceaux de scories gris de fer, couverts en partie d’ancienne mousse et d’arbres rabougris, s’arrêtait là quelque temps hésitante, comme si elle eût cherché en vain quelque production de la terre plus digne de son courroux ; d’autres fois, laissant toute cette partie dans l’obscurité, elle courait au-dessus de la mer en longs traits, et semblait embraser les vagues ; si intense était le feu du ciel, qu’on pouvait reconnaître les contrées les plus éloignées de la baie, depuis l’éternel Misène, avec son front orgueilleux, jusqu’à la belle Sorrente et aux montagnes géantes qui l’entourent.
    Nos amants s’arrêtèrent pleins de doute et de perplexité, lorsque soudain, dans un moment où l’obscurité les enveloppait, après les embrasements de la foudre, ils revirent, tout près d’eux, mais plus haut, la mystérieuse lumière. Un nouvel éclair, qui rougit le ciel et la terre, leur fit distinguer même les environs. Aucune maison ne se trouvait à leur proximité ; mais, à l’endroit où avait brillé la lumière, ils crurent apercevoir au pied d’une cabane une espèce de forme humaine. L’obscurité revint. La lumière, que les feux du ciel n’éclipsaient plus, reparut encore ; ils se décidèrent à monter de ce côté ; il leur fallut se faire un chemin au milieu des fragments de rochers, recouverts çà et là de buissons sauvages ; cependant ils approchaient de plus en plus, et, à la fin, ils parvinrent à l’entrée d’une sorte de caverne, qui semblait avoir été formée par de gros blocs de pierre, tombés en travers les uns des autres. Ils jetèrent alors les yeux dans l’ombre de la caverne, et reculèrent involontairement, avec une terreur superstitieuse et un long frisson.
    Un feu était allumé dans l’intérieur de la caverne ; et, sur ce feu, on voyait un petit chaudron. Une lampe grossière était placée sur une haute et mince colonne de fer. Sur le côté du mur au bas duquel flambait le feu, pendaient, en rangs nombreux, comme pour sécher, une quantité d’herbes et de graines. Un renard, couché devant l’âtre, fixait sur les étrangers des yeux rouges et étincelants, le poil hérissé, et faisant entendre un sourd murmure entre ses dents. Au centre de la caverne se dressait une statue de la Terre, avec trois têtes d’un aspect bizarre et fantastique, composées des crânes d’un chien, d’un cheval et d’un sanglier. Un trépied peu élevé s’avançait en face de ce terrible symbole de la populaire Hécate.
    Mais ce ne furent pas ces bizarres ornements de la caverne qui glacèrent le plus le sang de ceux qui y jetèrent les yeux. Ce fut la figure de l’hôtesse. Devant le feu, la lumière réfléchie sur ses traits, se tenait assise une femme très âgée. On ne rencontre peut-être dans aucun pays autant de vieilles femmes affreuses qu’en Italie. Dans aucun pays la beauté, en se retirant, ne laisse une forme plus révoltante et plus hideuse. Mais la vieille femme qui se présentait aux amants n’offrait pas ce dernier degré de la laideur humaine ; on reconnaissait au contraire en elle les restes de traits réguliers, nobles et aquilins ; elle avait un regard qui exerçait encore une sorte de fascination.
    On eût dit le regard d’un cadavre, regard froid et terne ; ses lèvres bleues et rentrées, ses cheveux d’un gris pâle, plats et sans lustre, sa peau livide, verte, inanimée, semblaient avoir déjà pris les couleurs et les nuances de la tombe.
    « C’est une morte, dit Glaucus.
    – Non… elle se meut… c’est un fantôme, ou une larve, murmura Ione en se pressant contre la poitrine de l’Athénien.
    – Oh ! fuyons, fuyons, s’écria l’esclave,

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