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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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d’argent pleins d’une eau parfumée et des serviettes brodées de franges de pourpre. Mais l’édile déploya avec ostentation une serviette qu’il avait apportée de chez lui ; ce n’était pas que le linge en fût plus fin mais la frange était deux fois plus haute que celle des autres ; il s’essuya les doigts en provoquant l’attention comme un homme qui s’attend à être admiré.
    « Vous avez là une splendide mappa, dit Claudius ; d’honneur la frange en est aussi large qu’une ceinture.
    – Une bagatelle, mon cher Claudius, une bagatelle ; on m’a assuré que cette raie est la dernière élégance de Rome, mais Glaucus s’entend mieux que moi à tout cela.
    – Que Bacchus nous soit propice ! dit Glaucus, en s’inclinant avec respect devant une magnifique image du dieu placé au centre de la table au coin de laquelle on avait placé les dieux lares et des salières. Les hôtes répétèrent la prière et répandant ensuite du vin sur la table, ils firent les libations accoutumées.
    Après cela, les convives se penchèrent sur leurs lits et le repas commença.
    « Que cette coupe soit la dernière que je porte à mes lèvres, s’écria le jeune Salluste, pendant que la table débarrassée de ses premiers stimulants était garnie de mets plus substantiels et que les esclaves remplissaient jusqu’au bord le cyathus, qu’il tenait à la main, que cette coupe soit la dernière, si ce n’est pas le meilleur vin que j’ai bu à Pompéi !
    – Qu’on apporte l’amphore, dit Glaucus, et qu’on lise la date et la provenance de ce vin. »
    Un esclave s’empressa d’informer la société que, d’après l’étiquette attachée au bouchon, le vin était originaire de Chio et qu’il comptait cinquante années d’âge.
    « Comme la neige l’a rafraîchi délicieusement ! dit Pansa ; il a juste le degré qu’il lui faut.
    – Cette neige, reprit Salluste, est pour le vin comme pour l’homme l’expérience, qui en modérant la fougue de ses plaisirs, les rend deux fois plus agréables.
    – Elle produit l’effet d’un « non » dans la bouche d’une femme, ajouta Glaucus ; froideur d’un moment, qui ne fait que nous enflammer davantage.
    – Quand aurons-nous le prochain combat des bêtes féroces ? demanda Claudius à Pansa.
    – Vers le huit des ides d’août, répondit Pansa, le lendemain des fêtes de Vulcain. Nous réservons un jeune lion, charmante bête, pour cette occasion.
    – Qui lui donnera-t-on à dévorer ? continua Claudius ; hélas ! il y a une bien grande disette de criminels. Il vous faudra positivement condamner un innocent au lion, mon pauvre Pansa.
    – J’y pense, en effet, depuis quelque temps, répondit sérieusement l’édile. C’est une infâme loi, que celle qui nous défend de livrer nos propres esclaves aux bêtes. N’avons-nous pas le droit de faire ce que nous voulons de nos biens ? c’est ce que j’appelle une véritable atteinte à la propriété.
    – Il n’en était pas ainsi dans le bon vieux temps de la république, ajouta Salluste en soupirant.
    – Et même cette prétendue générosité envers les esclaves est une privation pour le pauvre peuple. Comme il aime à voir une belle rencontre entre un homme et un lion ! Cet innocent plaisir (si les dieux ne nous envoient bientôt quelque bon criminel) sera perdu pour le peuple grâce à cette fatale loi.
    – Quelle mauvaise politique, dit Claudius d’une façon sentencieuse, que de contrecarrer les amusements virils du peuple !
    – Remercions Jupiter et le destin, s’écria Salluste, de ne plus avoir Néron.
    – C’était un tyran, en effet ; il a tenu notre théâtre fermé pendant dix ans.
    – Je m’étonne qu’il n’y ait pas eu de révolte, dit Salluste.
    – Il s’en est fallu de peu », répliqua Pansa, la bouche pleine d’un morceau de sanglier.
    La conversation fut interrompue en ce moment par un concert de flûtes et deux esclaves entrèrent en portant un plat.
    « Quels mets délicats nous gardez-vous là, mon cher Glaucus ? », s’écria le jeune Salluste avec des yeux de convoitise.
    Salluste n’avait que vingt-quatre ans et il ne connaissait rien de plus agréable dans la vie que de manger… peut-être avait-il déjà épuisé tous les autres plaisirs… Cependant il avait du talent et un excellent cœur autant que faire se pouvait.
    « Je reconnais sa figure, par Pollux, s’écria Pansa ; c’est un chevreau ambracien. Ho ! ajouta-t-il

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