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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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seuil de la sagesse, je l’ai fait entrer dans son temple ; et, devant la majesté de la déesse, son âme s’est relevée et adoucie. Ne craignez rien ; il ne se repentira plus. Ceux qui se fient en Arbacès ne se repentent jamais qu’un instant.
    – Vous me faites grand plaisir, reprit Ione. Mon cher frère, je suis si heureuse de son bonheur ! »
    La conversation roula alors sur des sujets plus légers ; l’Égyptien s’exerça à plaire, il ne dédaigna pas même d’amuser. La prodigieuse variété de ses connaissances lui permettait d’orner et d’éclairer tous les sujets qu’il touchait ; et Ione, oubliant l’effet désagréable des premiers discours, se laissa entraîner, malgré sa tristesse, par la magie de cette intelligence séduisante. Ses manières devinrent moins contraintes, son langage reprit de l’animation, et Arbacès s’empressa de saisir une occasion qu’il attendait.
    « Vous n’avez jamais vu, dit-il, l’intérieur de ma maison ; elle ne vous déplairait pas. Vous y trouveriez plusieurs chambres qui vous expliqueraient ce que vous m’avez plusieurs fois demandé de vous décrire, la distribution d’une habitation égyptienne. Les petites et mesquines proportions de l’architecture romaine n’ont point de rapport, il est vrai, avec la construction domestique des palais de Thèbes et de Memphis ; mais on retrouve çà et là quelque chose de cette antique civilisation, qui a fait faire tant de progrès à l’humanité. Accordez à l’ami de votre jeunesse une de ces brillantes soirées d’été, et laissez-moi m’enorgueillir d’avoir vu ma sombre demeure honorée de la présence de la belle et admirée Ione. »
    Sans se douter des souillures de cette maison ni des dangers qui l’attendaient, Ione accepta sa proposition. Le jour suivant fut fixé pour la visite ; et l’Égyptien, le visage serein, mais le cœur palpitant d’une joie féroce et profane, prit congé de la Napolitaine. À peine était-il sorti, qu’une autre personne étrangère se fit annoncer. Mais retournons maintenant vers Glaucus.

Chapitre 5
  La pauvre tortue : nouveau changement pour Nydia
     
    Le soleil du matin éclairait le petit et odorant jardin renfermé dans le péristyle de la maison de l’Athénien. Glaucus était couché, triste et distrait, sur le gazon lisse et frais, semé par intervalles dans le viridarium. Un dais léger protégeait sa tête contre les rayons du soleil d’été.
    Lorsque cette maison fut exhumée dans les fouilles de Pompéi, on trouva dans le jardin la carapace d’une tortue, qui en avait été un des êtres familiers {33} . Cet animal, étrange chaînon des êtres dans la création, à qui la nature semble avoir refusé les plaisirs de la vie, excepté la perception de la vie passive et rêveuse, avait été l’hôte de cette maison, longtemps avant que Glaucus y vînt demeurer ; si longtemps même que les années que la tortue avait vécues dépassaient la mémoire des hommes, et que la tradition leur assignait une incroyable date.
    La maison avait été bâtie et rebâtie, elle avait changé bien des fois de possesseurs ; les générations avaient fleuri et disparu, et la tortue n’en continuait pas moins sa lente et peu sympathique existence. Dans le tremblement de terre qui, seize ans auparavant, avait détruit une partie des édifices publics de la cité, et fait fuir les habitants effrayés, la maison que Glaucus habitait présentement avait été terriblement atteinte. Les propriétaires l’abandonnèrent pendant plusieurs jours ; à leur retour, ils déblayèrent les décombres qui couvraient le viridarium, et retrouvèrent leur tortue intacte, et ignorante de la destruction dont elle avait été environnée. On eût dit qu’une vie enchantée résidait dans son sang languissant et dans ses mouvements imperceptibles. Elle suivait sa marche régulière et monotone ; elle traversait pas à pas la petite étendue de son domaine, mettant des mois à accomplir son évolution. C’était une voyageuse sans repos que cette tortue ! elle continuait ses courses de chaque jour avec autant de patience que de peine, sans prendre garde aux choses qui l’entouraient ; tortue philosophe concentrée en elle-même ! Il y avait quelque chose de grand dans son égoïsme solitaire. Le soleil dont les rayons l’inondaient, l’eau qui tombait sur elle tous les jours, l’air qu’elle aspirait insensiblement, formaient ses seules et éternelles

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