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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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surprise, tu as eu peur. Fais de moi ce que tu voudras, dis-moi que tu ne m’aimes pas ; mais ne me dis pas que tu en aimes un autre.
    – Hélas ! soupira Ione, et, effrayée de cette violence soudaine et inattendue, elle fondit en larmes.
    Arbacès se rapprocha d’elle ; son haleine brûlante effleurait les joues d’Ione. Il la saisit dans ses bras. Elle se déroba à son étreinte. Dans cette lutte, des tablettes s’échappèrent de son sein sur le pavé. Arbacès les aperçut et s’en empara. C’était la lettre qu’elle avait reçue le matin même de Glaucus. Ione tomba sur le lit, à moitié morte.
    Les yeux d’Arbacès parcoururent rapidement l’écrit ; la Napolitaine n’osait lever les yeux sur lui : elle n’aperçut pas la pâleur terrible qui se répandit sur sa figure ; elle ne remarqua pas le froncement de ses sourcils, ni le tremblement de ses lèvres, ni les convulsions de sa poitrine. Il lut la lettre tout entière, et puis, la laissant glisser de sa main, il dit avec un calme décevant :
    « Est-ce l’auteur de cette lettre que tu aimes ? »
    Ione soupira et ne répondit pas.
    « Parle. » Et ce fut un cri plutôt qu’une parole.
    « C’est lui, c’est lui.
    – Et son nom… est écrit ici… Son nom est Glaucus ? » Ione joignit les mains et regarda autour d’elle, comme pour chercher du secours ou un moyen de fuir.
    « Écoute-moi, dit Arbacès à voix basse, avec une sorte de murmure. Tu iras à la tombe plutôt que dans ses bras. Quoi ! te figures-tu qu’Arbacès souffrira pour rival ce faible Grec ? Quoi ! penses-tu qu’il aura laissé mûrir le fruit pour le céder à un autre ? non, belle insensée ! tu m’appartiens, à moi, à moi seul… Je te saisis et je te prends, voilà mes droits. »
    En parlant ainsi, il serra fortement Ione contre son sein, et dans ce terrible embrassement il y avait autant de haine que d’amour. Le désespoir donna à Ione une force surnaturelle ; elle se délivra encore de son étreinte et courut vers l’endroit de la chambre par lequel elle était entrée : elle en souleva le rideau, mais elle se sentit ressaisie par Arbacès. Elle s’échappa encore ; puis tomba épuisée, en jetant un grand cri, au pied de la colonne qui supportait la tête de la déesse égyptienne. Arbacès s’arrêta comme pour reprendre haleine, avant de se précipiter de nouveau sur sa proie.
    En ce moment le rideau fut tiré violemment, et l’Égyptien sentit une main forte et exaspérée se poser sur son épaule ; il se retourna et vit derrière lui les yeux flamboyants de Glaucus et la pâle, morne, mais menaçante figure d’Apaecidès.
    « Ah ! s’écria-t-il en les regardant l’un et l’autre, quelle furie vous a envoyés ici ?
    – Até, répondit Glaucus ; et il essaya aussitôt de renverser l’Égyptien.
    Pendant ce temps-là, Apaecidès relevait sa sœur, demeurée sans connaissance ; mais ses forces épuisées par les longs labeurs de la pensée ne lui suffirent pas pour l’emporter, toute légère et délicate qu’elle était ; il la posa sur le lit, et se plaça devant elle un poignard à la main, épiant la lutte de Glaucus et de l’Égyptien, et prêt à plonger son arme dans le sein d’Arbacès, s’il obtenait l’avantage sur son rival. Il n’y a peut-être rien de plus terrible sur la terre que le combat de deux êtres qui n’ont d’autres armes que celles que la nature peut donner à la rage. Les deux antagonistes se tenaient étroitement embrassés, les mains de chacun d’eux cherchant la gorge de son ennemi, le visage en arrière. Les yeux pleins de flammes ; les muscles roidis ; les veines gonflées ; les lèvres entrouvertes ; les dents serrées, ils étaient doués l’un et l’autre d’une force extraordinaire et d’une haine égale ; ils s’étreignaient, se tordaient, se déchiraient, se poussaient çà et là dans leur étroite arène ; jetaient des cris de rage et de vengeance ; tantôt devant l’autel, tantôt au pied de la colonne où la lutte avait commencé ; ils se séparèrent pour respirer, Arbacès s’appuyant contre la colonne, Glaucus un peu plus loin.
    « Ô déesse antique ! s’écria Arbacès en levant les yeux vers l’image sacrée qu’elle supportait ; protège ton élu, proclame ta vengeance contre le disciple d’une religion née après la tienne, dont la sacrilège audace profane ton sanctuaire et attaque tes serviteurs ! »
    À ces paroles, les traits

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