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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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plus magnifique variété de la plus opulente campagne.
    Enfin, devant le paysage, une ombre glissa et s’arrêta devant elle ; le charme qui agissait sur le reste de la scène sembla agir également sur cette ombre : elle s’anima, prit un corps, et Ione reconnut ses propres traits et toute sa personne dans ce fantôme.
    Alors le paysage du fond s’évanouit et fit place à la représentation d’un riche palais. Un trône était au milieu de la salle ; autour du trône étaient rangées des formes d’esclaves et de gardes, et une main pâle soutenait au-dessus du trône l’apparence d’un diadème.
    Un nouvel acteur apparut : il était vêtu de la tête aux pieds d’une robe noire ; sa figure était cachée. Il s’agenouilla aux pieds de l’ombre d’Ione ; il lui prit la main, il montra le trône, comme s’il l’engageait à s’y aller asseoir.
    Le cœur de la Napolitaine battait violemment.
    « Voulez-vous que l’ombre se fasse connaître ? demanda Arbacès, qui était à côté d’elle.
    – Oh ! oui, murmura doucement Ione.
    Arbacès leva la main… Le fantôme sembla écarter le manteau qui le couvrait, et Ione frémit… C’était Arbacès lui-même qui était à genoux devant elle.
    « Voilà ta destinée, murmura de nouveau la voix de l’Égyptien à son oreille. Tu seras la femme d’Arbacès. »
    Ione frissonna. Le noir rideau se referma sur cette fantasmagorie, et Arbacès lui-même, le vivant Arbacès, tomba aux pieds d’Ione.
    « Ô Ione, dit-il en la contemplant avec passion ; écoute un homme qui depuis longtemps lutte avec son amour. Je t’adore. Les destins ne sauraient mentir… Tu seras à moi. J’ai parcouru le monde entier, et je n’ai trouvé personne qui t’égalât. Dès ma jeunesse j’ai soupiré après un être comme toi. Je n’ai fait que rêver jusqu’au jour où je t’ai rencontrée ; je me réveille, et je te vois ! Ne te détourne pas de moi, Ione, ne me regarde plus comme tu m’as regardé : je ne suis pas cet être froid, insensible, morose, que j’ai dû te paraître ; jamais femme n’eut un amant si dévoué, si passionné que je le suis et que je le serai toujours pour Ione. Ne cherche pas à arracher ta main de mon étreinte… Vois, je la laisse libre. Retire-la si tu veux, soit ; mais ne me repousse pas légèrement. Juge de ton pouvoir sur celui que tu as pu transformer à ce point : moi qui ne me suis jamais agenouillé devant un être mortel, je suis à tes pieds, moi qui ai commandé au sort, j’attends le mien de ta bouche. Arbacès n’aura pas d’autre ambition que celle de t’obéir ; il y mettra son orgueil. Ione, tourne les yeux de mon côté, éclaire-moi de ton sourire. Mon âme est sombre lorsque ta figure se cache à ma vue ; brille donc, ô mon soleil, mon ciel, la lumière de mes jours !… Ione, Ione, ne rejette pas mon amour. »
    Seule, et au pouvoir de cet homme singulier et redoutable, Ione n’éprouvait pas pourtant de terreur. Son langage respectueux, la douceur de sa voix la rassurèrent : elle se sentait d’ailleurs protégée par sa propre pureté, mais elle était confuse, étonnée : il lui fallut quelques moments pour qu’elle pût retrouver ses idées et répondre.
    « Levez-vous, Arbacès », dit-elle enfin ; et elle se résigna à lui tendre la main, qu’elle retira promptement, du reste, lorsqu’elle y sentit la pression ardente de ses lèvres ; « si ce que vous me dites est sérieux, si votre langage est vrai…
    – S’il est vrai ! reprit-il avec tendresse.
    – C’est bien. Écoutez-moi donc. Vous avez été mon tuteur, mon ami, mon conseiller ; je ne suis pas préparée au nouveau caractère sous lequel vous vous montrez à moi. Ne pensez pas, ajouta-t-elle vivement en voyant l’éclair d’une sombre passion traverser ses yeux, ne pensez pas que je méprise votre amour… que je n’en suis pas touchée… que je ne me trouve pas honorée de votre hommage… Mais… répondez-moi… pouvez-vous m’écouter avec calme ?
    – Oui, tes paroles dussent-elles être la foudre et m’écraser.
    – J’en aime un autre, dit Ione en rougissant, mais d’une voix assurée.
    – Par les dieux, par les enfers, s’écria Arbacès en se relevant de toute sa hauteur, ne me parle pas ainsi ; ne te joue pas de moi ; c’est impossible ! Qui as-tu vu ? qui as-tu connu ? Oh ! Ione, c’est un artifice de femme ! Oui, une ruse féminine. Tu veux gagner du temps. Je t’ai

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