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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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destruction. On n’entendait qu’un cri : Le tremblement de terre ! le tremblement de terre !
    Passant au milieu de cette foule sans qu’elle prît garde à eux, Apaecidès et Glaucus n’entrèrent pas dans la maison ; ils se hâtèrent de descendre une des allées du jardin, passèrent par une petite porte, et, au dehors, retrouvèrent, assise sur un tertre ombragé par de sombres aloès, la jeune fille aveugle, qu’un rayon de la lune leur fit reconnaître. Elle pleurait amèrement.

LIVRE III

Chapitre 1
  Le forum des Pompéiens. – Ébauche du premier mécanisme au moyen duquel la nouvelle ère du monde fut préparée
     
    La matinée n’était pas encore avancée, et le forum se trouvait déjà rempli de gens affairés et oisifs. De même que de nos jours à Paris, dans les villes d’Italie, à cette époque, les habitants vivaient presque constamment hors de chez eux. Les édifices publics, le forum, les portiques, les bains, les temples eux-mêmes, pouvaient être considérés comme leurs véritables demeures ; il ne faut pas s’étonner qu’ils décorassent si magnifiquement ces places favorites de réunion, pour lesquelles ils ressentaient une sorte d’affection domestique, non moins qu’un orgueil public. Le forum de Pompéi était en particulier singulièrement animé à cette heure ! Le long de son large pavé, composé de grandes dalles de marbre, plusieurs groupes assemblés conversaient ensemble avec cette habitude énergique qui approprie un geste à chaque mot, et qui est encore un des signes caractéristiques des peuples du Midi. Là, par un des côtés de la colonnade, on voyait assis dans sept boutiques les changeurs de monnaie, avec leurs trésors étalés devant eux, tandis que les marchands et les marins, dans des costumes variés, entouraient leurs échoppes. De l’autre côté, des hommes en longues toges {40} montaient rapidement les degrés d’un magnifique édifice, où les magistrats administraient la justice ; il y avait là des avocats actifs, bavards, diseurs de bons mots, faiseurs de pointes, comme on en voit à Westminster. Au centre de l’espace, des piédestaux supportaient diverses statues, dont la plus remarquable était celle de Cicéron, d’un aspect imposant. Autour de la cour s’élevait une colonnade régulière et symétrique d’architecture dorique, où plusieurs personnes, appelées dans ce lieu par leurs affaires, prenaient le léger repas qui forme le déjeuner d’un Italien, en parlant avec animation du tremblement de terre de la nuit précédente, et en trempant des morceaux de pain dans leur vin mêlé d’eau.
    On apercevait aussi dans l’espace ouvert diverses espèces de marchands exerçant leur commerce : l’un présentait des rubans à une belle dame de la campagne ; l’autre vantait à un robuste fermier l’excellence de ses chaussures ; un troisième, une espèce de restaurateur en plein vent, tel qu’il s’en trouve encore dans les villes d’Italie, fournissait à plus d’une bouche affamée des mets sortis tout chauds de son petit fourneau ambulant ; à quelques pas, comme pour caractériser le mélange d’intelligence et de confusion de ces temps, un maître d’école expliquait à ses disciples embarrassés les éléments de la grammaire latine {41} . Une galerie placée au-dessus du portique, à laquelle on montait par un escalier de bois, était aussi remplie d’une certaine foule ; mais, comme la principale affaire du lieu se traitait là, les groupes, en cet endroit, avaient un air plus tranquille et plus sérieux.
    De temps à autre, la foule d’en bas s’ouvrait pour laisser passer respectueusement quelque sénateur qui se rendait au temple de Jupiter (situé sur l’un des côtés du forum, et lieu de réunion des sénateurs). Ce haut personnage saluait avec une orgueilleuse condescendance ceux de ses amis ou de ses clients qu’il distinguait dans les groupes. Au milieu des habits pleins d’élégance des personnes du premier rang, on remarquait les rudes vêtements des paysans voisins qui allaient aux greniers publics. Près du temple, on avait devant soi l’arc de triomphe, et la longue rue qui s’étendait au-delà toute remplie d’habitants : de l’une des niches de l’arc jaillissait une fontaine dont les eaux étincelaient aux rayons du soleil ; s’élevant au-dessus de la corniche, la statue équestre en bronze de Caligula contrastait fortement avec le pur azur d’un ciel d’été.

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