Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
Vom Netzwerk:
vraiment
« là », personne d'autre n'avait réellement vu ce qui leur était
arrivé ; mais tous avaient des histoires. Je me suis dit, Nous étions en Suède,
pour l'amour de Dieu : il aurait été tellement facile de passer par le
Danemark. Mais j'ai regardé Shlomo et vu à quel point il était mortifié, et
j'ai pensé, Qui suis-je pour me plaindre auprès de ces gens à propos d'un
contretemps au cours de ce voyage ? J'ai donc dit, Hé bien, peut-être que nous
pourrons lui parler de chez vous et nous verrons bien s'il sait quelque chose,
peut-être que ça ne vaut même pas la peine de faire le déplacement.
    Shlomo a eu l'air soulagé. Je vais lui téléphoner, a-t-il
dit. Dans cinq, dix minutes, vous pourrez lui poser vos questions.
    J'ai dit, Quel âge a-t-il ?
    Peut-être qu'il a perdu la mémoire, ai-je pensé. Peut-être
qu'il n'y a pas la moindre raison d'être contrarié.
    Shlomo a dit, Oh, plus vieux qu'elle. Il a hoché la tête en
direction d'Anna – elle était assise sur le sofa, posant pour Matt
– et puis il a ajouté, Oh, comment j'ai pu oublier, comment j'ai oublié ?
     

     
    Il y a une pièce dans l'appartement de Shlomo Adler à Kfar
Saba que je considère en secret comme le Siège mondial de Bolechow. C'est
une toute petite pièce qui devait être une chambre, mais qui est devenue, de
toute évidence, un bureau. Où que vous tourniez les yeux, des papiers débordent
de cartons empilés sur des étagères, des classeurs à feuilles volantes sont
entassés les uns sur les autres. Et trônant dans la pièce, posé sur un petit
bureau qu'il rend minuscule, un gros écran d'ordinateur beige. C'est dans cette
pièce que Shlomo fait ses recherches sur Internet et le Web, qu'il maintient le
contact avec les autres anciens de Bolechow, leur envoyant e-mails et lettres,
ses bulletins, son samizdat de temps en temps, et surtout, les lettres
de rappel annuelles, qui sont adressées non seulement aux survivants, mais
aussi à leurs parents et à leurs amis, et en fait à quiconque aurait quelque
chose à voir avec Bolechow, c'est-à-dire des gens comme moi, concernant le
service commémoratif annuel de Bolechow qu'il organise.
    C'est dans cette pièce que nous nous sommes rués dès que
nous sommes arrivés chez lui, après avoir dit adieu à Anna. Shlomo s'est laissé
tomber lourdement dans son fauteuil et, mettant les lunettes qui pendaient à un
cordon d'une délicatesse incongrue autour de son cou, a consulté une série de papiers
pendant une minute ou deux. Puis, il a dit, Ah, ah, et il a décroché le
téléphone, qu'il a coincé entre l'épaule et le cou. Je me suis frayé un chemin
à travers les papiers et, près d'une étagère contre le mur, j'ai trouvé un
endroit où me tenir pendant qu'il faisait le numéro.
    Même à la distance où je me trouvais, je pouvais entendre,
dans le combiné que tenait Shlomo, le petit gargouillis d'un téléphone sonnant
très loin d'ici. Il avait dû mettre le volume à fond. Puis, Shlomo s'est mis à
parler rapidement en polonais. Je l'ai entendu dire Pan Kulberg. Je l'ai
entendu dire Anna Heller, puis Klara Heller. Je l'ai entendu dire Bolechowa. Je l'ai entendu dire Jägerach. Je l'ai entendu dire Frydka
Jäger, Lorka Jäger. Il a dit bien d'autres chose que je n'avais aucun moyen
de comprendre.
    Debout là, attendant que Shlomo traduise ce que ce Kulberg
pouvait bien dire, je me suis souvenu comment, des mois plus tôt, à la fin d'un
après-midi d'été, lorsque Matt était venu à New York pour faire le portrait de
Mme Begley et que nous étions assis dans sa salle de séjour pour parler de nos
divers voyages et de ce que nous avions découvert, j'avais mentionné le fait
qu'il serait peut-être bon pour moi d'apprendre quelques rudiments de polonais.
Assise dans son fauteuil-trône devant le climatiseur éteint, Mme Begley avait
fait une grimace. Accchhh, avait-elle dit en claquant la main sur le
bras du fauteuil dans un geste de dédain. C'est trop difficile pour vous, ne
vous donnez pas la peine ! Elle avait forcé Matt à boire plus de thé
glacé, Matt qui, j'avais pu le constater, lui avait plu. A ma grande surprise,
elle avait acquiescé lorsqu'il avait dit vouloir prendre une photo dans la
chambre parce qu'il pensait obtenir un portrait avec plus d'atmosphère, ce qui
signifiait qu'elle devrait se lever de son trône et, en s'appuyant sur sa
canne, faire le trajet pénible et douloureux à travers la salle de séjour.
Pourquoi la

Weitere Kostenlose Bücher