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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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devrait faire l’affaire. Les Nabatéens parlaient jadis l’araméen mais ils se sont convertis à la langue d’Homère parce que c’était plus commode pour le commerce de ces grands caravaniers importateurs qui avaient su truffer leurs parcours à travers le désert de citernes astucieusement disposées. Puis-je te suggérer de la laisser se relever ? Un genou sur l’estomac est peu propice à la conversation…
    — Si je la lâche elle va filer. Tu n’as pas idée c’est une véritable anguille !
    — Mais non…
    Tandis que Morosini libérait lentement sa captive, Adalbert lui tendit la main et prononçant, en grec, une salutation qui eût satisfait sans doute Nausicaa car la femme ne put retenir un sourire et accepta la main tendue. Elle se releva d’un mouvement souple et se tint devant eux avec une aisance un peu hautaine qui confirma Morosini dans sa première impression : cette femme avec ses sandales usées, son voile et sa tunique grise plutôt misérable avait une allure d’altesse. Un instant encore, elle garda le silence, puis ramassant calmement le poignard qu’Aldo lui avait arraché, elle le glissa dans sa ceinture :
    — On dirait que je vous dois des excuses, dit-elle dans un français qui leur arrondit les yeux.
    — Vous parlez notre langue ? émit Adalbert abasourdi.
    — Depuis l’enfance. Je l’ai apprise au Liban… Puis-je savoir qui vous êtes ?
    Encore un peu sous le choc, Adalbert fit les présentations avec autant d’urbanité que si l’on eût été dans un salon et non sur un rocher désertique au bord de la mer Morte :
    — Je suis désolée, dit la femme. Je vous prenais pour des pillards de la même espèce que ce Khaled et ses fils qui vous ont amenés jusqu’ici…
    Morosini, lui, ne désarmait pas. Il trouvait un peu mince la contrition désinvolte d’une femme qui les aurait certainement tués tous les deux s’il ne s’était réveillé à temps :
    — Cela vous plaît à dire. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas eu à nous en plaindre. Je n’en dirais pas autant de vous…
    Elle lui offrit un sourire insolent :
    — Rancunier ?
    — On le serait à moins mais puisque apparemment il s’agissait d’un simple « malentendu », nous direz-vous d’abord qui vous êtes vraiment et ensuite pourquoi vous vouliez nous tuer ?
    — Qui je suis ? Vous l’avez dit vous-même. Je m’appelle Kypros…
    — C’est tout à fait insuffisant… Cela ressemble assez à un nom de guerre.
    — Pourtant, c’est le mien et il faudra qu’il vous suffise car il est assez connu…
    — Celui de la mère d’Hérode le Grand, intervint Adalbert, mais depuis cette époque beaucoup de temps a coulé. Vous aurez peine à nous faire croire que vous êtes sa fille…
    — Non… mais sa descendante. J’appartiens à sa lignée tout comme j’appartiens à celle de…
    Elle parlait du haut de sa tête, avec un orgueil dont elle s’aperçut soudain qu’il l’emportait peut-être un peu trop loin.
    — De qui ? demanda Morosini.
    — Cela ne saurait vous intéresser. Vous n’avez pas besoin d’en connaître davantage…
    — Soit, gardez vos secrets mais répondez à ma seconde question : pourquoi m’avoir attaqué ? Oui, je sais, vous nous preniez pour des pillards mais des pillards de quoi ? Les biens répandus sur cette vieille forteresse presque rasée sont plutôt rares.
    — Et pourtant vous cherchez quelque chose ? Vous avez même trouvé quelque chose. Je vous ai entendu le crier vers la fin de la journée…
    Vidal-Pellicorne ouvrit la bouche pour répondre mais Aldo l’arrêta du geste. Cette femme arrogante l’agaçait de plus en plus et il n’avait aucune envie de la voir fourrer son nez dans leurs affaires :
    — Rien qui puisse être de quelque importance pour vous. Ce n’est pas le trésor d’Hérode que nous cherchons…
    — Moi non plus. Je vous souhaite une bonne nuit, messieurs !
    Ils n’eurent même pas le temps de répondre.
    Virant sur ses talons elle était déjà partie, filant comme une flèche vers les éboulements du palais d’Hérode derrière lesquels elle disparut aussi prestement qu’une ombre.
    — Eh bien ? fit Aldo en allumant une cigarette, qu’en penses-tu ?
    Les yeux fixés sur l’endroit où la femme avait disparu, Vidal-Pellicorne haussa les épaules :
    — Je n’en sais trop rien… mais ce que je sais, c’est que nous ne pouvons plus dormir tous les deux en même

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