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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’un ou l’autre de ses nombreux enfants ! Il y a assez de ruines où l’on peut se cacher pour observer.
    — Tu as sûrement raison et il doit bien aussi la faire espionner, elle…
    L’impression de sécurité qui avait été celle des deux hommes durant tous ces jours et que l’attaque de Kypros avait entamée acheva de se dissoudre à la suite de cette visite. Ils reprirent leur travail mais avec d’autant moins d’enthousiasme qu’ils ne firent pas d’autre découverte. Même chez Adalbert qui pratiquait la foi du charbonnier le découragement pointait :
    — Je ne sais pas où ton rabbin est aller pêcher que ce rocher arrosé de sang pourrait nous livrer « sinon les émeraudes, du moins un indice important ». C’est très joli, les rêves, mais ce n’est pas souvent prémonitoire…
    — À moins qu’il n’y ait une indication dans ce manuscrit que nous avons trouvé et que nous ne pouvons lire ?
    — J’ai peine à le croire. J’ai plutôt l’impression qu’il s’agit d’un texte pieux, normal là où on l’a trouvé. De toute façon et si nous n’avons rien d’autre, il faudra bien s’en remettre à la traduction de sir Percy. Et là…
    — Tu crains qu’il ne nous livre une traduction fantaisiste ? Tu n’as pas confiance ?
    — On ne sait jamais jusqu’où on peut faire confiance à un archéologue. Surtout quand il s’agit de joyaux. En cas de découverte, la tentation de travailler pour soi-même doit être forte.
    — Tu ferais ça, toi ?
    Vidal-Pellicorne leva vers la mèche qui lui tombait sur le front un regard empreint d’innocence :
    — Bah ! fit-il sobrement.
    Morosini ne put s’empêcher de rire. Il savait très bien que lui-même était incapable de résister à la magie d’une pierre parfaite. Incontestablement il y avait là un risque mais il fallait le prendre.
    — On pourra toujours photographier le manuscrit et demander une autre traduction. On verra bien si c’est la même… et, de toute façon, nous ne pouvons passer toute notre vie ici…
    C’était l’évidence. On décida donc de fouiller encore deux ou trois jours puis de rentrer à Jérusalem. Mais les événements allaient se précipiter…
    Dans la nuit du lendemain, alors qu’Adalbert était de garde et qu’Aldo ne dormait que d’un œil, un cri terrible déchira l’air et jeta celui-ci hors de son lit avant de les précipiter d’un commun accord vers le mur d’une des casemates dont l’ouverture dégradée donnait sur le vide.
    — Ça vient de là-dessous, chuchota Vidal-Pellicorne. Et c’est un cri de femme.
    — Kypros doit habiter sous nos pieds… mais par où la rejoindre ?
    — La corde ! On va descendre directement.
    Un nouveau cri, plus faible, les fit activer. Attacher la corde à un rocher et la jeter au-dehors ne leur demanda qu’un instant, après lequel Aldo plus sportif et plus léger que son compagnon se laissa glisser de quelques mètres avec quelques précautions. La nuit était suffisamment claire pour qu’il s’y retrouve facilement. Il découvrit alors, sur sa gauche, l’entrée d’une grotte et un étroit sentier taillé dans la roche qui desservait deux autres ouvertures avant de se perdre dans les ruines du palais. Il allait balancer la corde pour l’atteindre quand deux hommes sortirent de l’une de celles-ci, portant chacun un sac sur le dos, coururent en se courbant le long de l’étroit rebord et s’évanouirent au milieu des pierres. Ils étaient si pressés qu’ils n’avaient pas vu Aldo. En trois secondes celui-ci eut pris pied sur le chemin et tira la corde par trois fois pour indiquer à Adalbert qu’il était arrivé. Celui-ci le rejoignit puis tous deux s’engagèrent dans le trou d’où étaient sortis les hommes qui étaient sans doute des pillards. L’obscurité y était totale et Morosini alluma la lampe accrochée à sa ceinture. En outre, un gémissement qui se prolongeait leur servit de guide. En effet, au fond d’une première grotte totalement vide s’ouvrait, derrière une sorte de pilier rocheux, un passage bas qu’ils franchirent en se baissant. Le spectacle qu’ils découvrirent leur arracha une exclamation horrifiée : Kypros gisait sur le sol dans sa tunique déchirée et trempée de sang. Couchée sur le côté, ses mains rougies crispées sur la blessure de son ventre, elle haletait avec de petites plaintes plus déchirantes que les cris. L’éclairage révélait autour d’elle une

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