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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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temps…
    — Saine décision. Ses vagues excuses ne m’ont pas convaincu le moins du monde. Elle a trop envie de savoir ce que nous avons trouvé et elle est tout à fait capable de renouveler sa brillante prestation de ce soir. Va dormir, moi je n’ai plus sommeil…
    — Il n’est qu’une heure du matin, dit Adalbert en consultant sa montre à l’aide d’une lampe de poche. Réveille-moi dans deux heures : je finirai la nuit.
    Trois minutes plus tard, exactement, l’air nocturne renvoyait les échos sereins de ses ronflements. L’archéologue possédait en effet le don précieux de s’endormir à volonté. Mais Kypros ne revint pas cette-nuit-là…
    Elle reparut le surlendemain, à la manière d’un animal attiré par une odeur. Aldo était en train de faire du café avec le talent qu’y mettent en général les Italiens. Le sien lui venait de la défunte Cecina, sa chère nourrice et cuisinière, morte en lui donnant une dernière et sublime preuve de dévouement…
    — Cela sent tellement bon, dit Kypros d’une voix timide, que je n’ai pas pu résister.
    La tendre lumière du soleil à son lever lui ôtait beaucoup de son apparence spectrale et, en dépit de sa vêture archaïque et minable, Morosini la trouva bien réelle et même moderne. Il avait déjà vu des joueuses de tennis dont l’allure ressemblait à la sienne. Sa souplesse et son maintien étaient ceux d’une vraie sportive mais, pour le moment, elle avait une expression de petite fille gourmande qui la rajeunissait :
    — En voulez-vous une tasse ? Il va être prêt, fit-il avec un sourire.
    — Merci… avec plaisir.
    Elle s’assit sur une grosse pierre, croisant ses jambes nerveuses d’un mouvement naturel, jurant lui aussi avec le personnage qu’elle assumait au point qu’il faillit lui offrir une cigarette. Il essaya de l’imaginer sous des vêtements européens en train de boire un verre au bar du King David et n’y parvint pas : cela tenait peut-être à son type arabe. La tête altière de cette femme était faite pour porter couronne, diadème ou tiare… Une énigme, en vérité !
    De son côté, elle l’observait avec attention sous l’abri de ses cils longs noirs avec quelque chose qui ressemblait à du soulagement : maintenant qu’elle le voyait en pleine lumière, elle eût regretté de l’avoir tué. Un bel animal, assurément, sous sa vêture civilisée ! Sa haute silhouette élégante et racée s’accommodait fort bien de la chemise et du short en toile fatiguée. Et que son visage étroit au profil arrogant était donc séduisant sous les cheveux bruns délicatement argentés aux tempes, avec son sourire nonchalant et ses yeux d’un bleu acier étincelant ! Elle relança la conversation :
    — C’est étonnant que vous ayez les yeux bleus alors que vous êtes italien ?
    — Je suis vénitien et ce n’est pas la même chose. En outre, je tiens leur couleur de ma mère qui était française…
    Le café était prêt. Aldo lui en offrit une tasse qu’elle but avec recueillement :
    — Il est bon ?
    — Hmmm !… Divin ! Il y a bien longtemps que je n’ai rien bu de semblable. Dans nos pays on a le choix entre la bouillie à la turque et l’eau de vaisselle chère aux Anglais.
    Aldo lui en servit une seconde tasse, appela Adalbert qui gratouillait quelque chose dans l’église byzantine et s’assit en face de son invitée pour déguster son œuvre :
    — Khaled – pardonnez-moi, je sais que vous ne l’aimez pas ! – nous a dit que vous n’habitiez pas ici de façon régulière. Est-ce vrai ?
    — C’est exact. Je ne viens que deux fois l’an selon certains mouvements du soleil et de la lune…
    — Et le reste du temps ?
    Elle esquissa un geste vague avec sa tasse vide et n’offrit plus à son hôte qu’un profil perdu :
    — Oh, ici ou là… c’est selon !
    — Toujours aussi méfiante ! N’avons-nous pas, en quelque sorte, partagé le pain et le sel avec ce café ?
    — Peut-être. Cependant je vous prie de ne pas chercher à en savoir plus. Ma vie n’appartient qu’à moi…
    — Je n’essaierai pas de vous l’arracher et me contenterai de l’instant présent. Admettez tout de même que l’on ait quelque peine à vous croire Nabatéenne ? Ce peuple des grandes caravanes n’existe plus…
    — Son sang subsiste encore chez quelques rares exemplaires. Je suis l’un de ceux-là.
    Adalbert revenait vers eux nettoyant tout en marchant quelque

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