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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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lire entre les lignes. Cela fait, il prit une douche, enfila un smoking pour le dîner et, glissant dans sa poche les missives qu’il venait d’écrire, descendit à la réception pour qu’on les lui poste. Il avait un peu de temps devant lui et pensait qu’un verre au bar ne serait pas désagréable en attendant les tourtereaux de l’archéologie.
    En échange de son courrier, l’homme aux clefs d’or lui remit une lettre sans timbre ni aucune indication postale : seulement son nom.
    — Qui a porté ceci ?
    — Un commissionnaire, Excellence ! Il n’y a pas de réponse.
    — C’est bien, je vous remercie.
    Tout en se dirigeant vers le bar, Morosini décacheta la lettre et leva un sourcil surpris. Il n’en avait jamais reçue d’aussi brève : elle ne contenait que trois mots et un point d’exclamation mais combien explicites : « Allez-vous-en ! »
    Songeur, il glissa le billet dans sa poche, se choisit un coin tranquille dans le somptueux café maure qui tenait lieu de bar, commanda une fine à l’eau, et prenant une cigarette dans son étui d’or il l’alluma d’une main machinale comme les premières bouffées qu’il en exhala. Chez lui la meilleure façon de réfléchir – le verre et la cigarette ! – toutefois avec le bain et quand il pouvait conjuguer les trois, c’était un moment de pur bonheur mais il n’était pas question de remonter pour retrouver ces agréables conditions. Pourtant, ce qu’il relisait en essayant de trouver, sur le papier ou l’enveloppe, le moindre indice de provenance méritait qu’on s’y arrête longuement. Encore qu’il n’arrive pas à comprendre d’où elle pouvait venir, la menace était claire même si elle n’était pas formulée : ou il partait, ou il lui arriverait quelque chose de désagréable. Et cela ne regardait que lui, la suscription de l’enveloppe portant son seul nom.
    Naturellement, il n’envisagea pas une seconde d’obéir à l’étrange injonction. D’abord il avait horreur de recevoir des ordres et, en outre, il suffisait qu’il se sente gênant ou indésirable auprès de gens malintentionnés pour lui donner envie d’en savoir davantage.
    Adalbert et Hilary faisant leur apparition à cet instant, il fourra précipitamment le message dans sa poche et les accueillit de son habituel sourire nonchalant :
    — Alors ? Quelles nouvelles ?
    Il n’était pas difficile de deviner, à leur mine, qu’elles n’étaient pas brillantes. Vidal-Pellicorne, d’ailleurs, haussa les épaules et soupira, en présentant l’un des fauteuils à sa compagne :
    — C’est un peu ce que je pensais : les consuls n’ont aucune influence sur les décisions des ministères. Ils sont surtout là pour la paperasserie. L’Anglais n’a pas caché à notre amie que sa seule chance était à Ankara et avec son ambassadeur…
    — Eh bien, ce n’est pas si grave ? La capitale administrative est à quatre cent cinquante kilomètres, à peine, et elle est reliée par le chemin de fer. Évidemment ce n’est pas l’Orient-Express mais c’est supportable…
    Hilary leva sur Morosini un regard effrayé :
    — Je sais cela mais Ankara n’est pas encore une vraie ville. Ce n’est paraît-il qu’une grosse bourgade où la police n’est pas parfaite. Si… si vous vouliez bien m’accompagner, je me sentirais plus tranquille.
    Elle portait, ce soir-là, une robe en crêpe Georgette blanc pailletée de minuscules perles de verre du même bleu que ses yeux, ce qui la rendait particulièrement séduisante, mais Aldo était blindé contre ce genre de sortilège. Il y répondit par un sourire bon enfant :
    — Vous avez peur d’un voyage de quelques heures, alors que vous venez de traverser l’Europe, et de quelques bureaucrates, vous qui avez fait choix d’une profession où il faut savoir affronter les hommes tout autant que les éléments ?… Vous n’êtes pas vraiment la reincarnation de lady Stanhope !
    — Je l’avoue bien volontiers. D’ailleurs je ne suis pas archéologue au même sens que M. Vidal-Pellicorne. Ainsi je ne dirigerai jamais un chantier de fouilles : je suis seulement spécialiste des faïences et porcelaines.
    — Évidemment, ça casse mais ça ne salit pas ! fit Morosini sarcastique…
    — Ne soyez pas cruel ! Ce que je vous demande est peu de chose. Nous pourrions prendre le train de nuit – je me suis renseignée ! Demain matin, nous serions à pied d’œuvre et demain soir nous

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