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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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entendre…
    — Vous étiez si inquiet que ça ?
    — Et M. Buteau plus encore que moi. En réponse à notre télégramme, le King David nous a prévenus que vous aviez quitté Jérusalem et nous n’avons pas réussi à atteindre le baron de Rothschild…
    — … qui doit être quelque part en Bohême. Il nous a quittés il y a plus d’un mois, rappelé d’urgence…
    — Sans doute mais ne deviez-vous pas rentrer depuis un moment ?
    — J’ai écrit à M. Buteau. N’a-t-il pas eu ma lettre ?
    — Aucune. Il se tourmente beaucoup.
    Morosini faillit lui dire qu’il se tourmentait lui-même plus encore mais choisit d’en rester là.
    — Bon, enfin, je suis là. Que se passe-t-il ?
    — Heu… J’aimerais mieux que ce soit M. Buteau qui vous le dise.
    — Alors passez-le-moi ! Et vite ! La communication peut être coupée d’un instant à l’autre…
    — Mais c’est qu’il n’est pas là ! gémit Angelo au bord des larmes. Cependant sa voix s’éclaircit d’un seul coup « Ah si, le voilà ! »
    Un instant plus tard, la voix douce et bien timbrée de l’ancien précepteur devenu fondé de pouvoir se faisait entendre avec une nuance de nervosité inhabituelle chez cet homme toujours si calme :
    — Où diable êtes-vous, Aldo ? On vous cherche partout !
    — À Constantinople… Apparemment vous n’avez pas reçu ma lettre ?
    — Non je n’ai rien reçu mais les postes orientales ne sont pas vraiment un exemple. L’important est que vous alliez bien. Donna Lisa aussi, j’espère ?
    — Pas… pas vraiment mais je vous en parlerai tout à l’heure si on nous en laisse le temps. Que se passe-t-il à la maison ? Angelo a l’air affolé…
    — Il n’y a pas de quoi mais en fait un problème inattendu se présente. Vous vous souvenez de Spiridion Mélas, l’ancien valet de votre cousine, la comtesse Orseolo ?
    — Celui dont elle voulait faire le nouveau Caruso ? Très bien. Qu’est-ce qu’il a encore fait celui-là ?
    — Oh, pas grand-chose, il réclame la succession. Il prétend posséder un testament.
    — Il a vraiment tous les culots ! Après l’avoir plus qu’à moitié ruinée et couverte de ridicule en devenant son amant, il veut ce qu’il n’a pas encore réussi à lui arracher : le palais et ce qui reste ?
    — Exactement. Que devons-nous faire ? J’ai vu maître Massaria bien entendu mais il dit que vous seul pouvez attaquer le testament…
    — Je n’en ai guère envie, mon cher Guy. Vous savez ce qu’il en était de ma cousine Adriana et ce que j’avais à lui reprocher. Que ses dépouilles tombent dans les mains d’un aigrefin me paraît au fond assez normal…
    — Sans doute et je m’attendais un peu à cette réaction mais, pour une fois, songez au qu’en-dira-t-on. Venise ne comprendrait pas que vous laissiez à ce moins-que-rien un palais historique et l’héritage, même réduit, d’une noble et grande famille. D’autant que pour tout le monde, la comtesse Adriana, comme Anielka et Cecina, est morte d’avoir ingéré des champignons vénéneux. Si vous laissez s’afficher pareil scandale vous y perdrez beaucoup parce que l’on ne comprendra pas !
    Aldo ne réfléchit qu’un court moment. Certain grésillement dans la ligne laissait prévoir une prochaine coupure :
    — Je vais écrire à Massaria sur-le-champ, lui dire de faire opposition et d’engager toute procédure qu’il jugera utile. Vous avez raison ! Libre à moi, si nous gagnons, de faire don de l’héritage à la ville de Venise ou à une institution charitable…
    — Vous me faites plaisir… À présent, vite, donnez-moi des nouvelles de Lisa. Elle est malade ?
    — Non mais nous avons un problème dont je ne peux pas vous parler au téléphone. Je vais vous écrire. D’ici, la poste doit mieux fonctionner que de Jérusalem…
    Le téléphone devait penser la même chose car Guy Buteau n’eut même pas le temps de répondre : la ligne était coupée… Aldo ne jugea pas utile de rappeler : il se mit au petit bureau que comportait sa chambre et sur du papier à en-tête du Pera Palace écrivit à son notaire puis, après un moment de réflexion, composa une lettre pour Guy dans laquelle il se contentait de dire que l’affaire du Pectoral avait eu un prolongement inattendu et que, de ce fait, on avait jugé bon de prendre, contre lui, certaines garanties, mais le nom de Lisa ne figura nulle part. Il savait son vieil ami assez fin pour

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