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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’intelligence la plus froide et la plus calculatrice qui soit… et des goûts amoureux fort éclectiques. Surtout lorsque son intérêt ou celui de Venise se trouvaient en cause… Mais l’heure n’était pas aux réminiscences historiques, Ilona revenait vers lui après avoir allumé le tabac d’un long fume-cigarettes d’ambre… Dans la robe noire et brillante dont le décolleté, en glissant, révélait une épaule ronde, ses hanches ondulaient de façon suggestive mais il lui offrit son sourire le plus narquois :
    — Curieuse rencontre en effet ! Dois-je en conclure qu’il me faut me déshabiller pour aller souper avec vous dans la cour auprès du malencontreux ornement que vous lui avez donné ?
    — Le feriez-vous si je l’exigeais ?
    — Ma foi, non. Il fait trop froid…
    Elle vint presque contre lui, l’enveloppant à la fois de son parfum et de l’odeur sucrée du tabac d’Orient, planta ses noires prunelles dans les yeux de Morosini qui en soutint le regard sans cesser de sourire. Et, brusquement, elle éclata de rire mais un rire frais, joyeux, incroyablement jeune, celui d’une petite fille qui a fait une bonne farce :
    — Dieu que c’est drôle ! s’écria-t-elle en s’écartant pour se laisser tomber sur l’un des divans. Il y a longtemps que je ne m’étais autant amusée !
    — Allons, tant mieux ! Pouvons-nous rire ensemble ?
    — Pourquoi pas ? Mais d’abord quittez votre air empaillé et venez vous asseoir là. Nous allons boire ensemble le verre de l’amitié, ajouta-t-elle en tendant un bras pour ouvrir un petit cabaret en marqueterie où elle prit deux verres et une prosaïque bouteille de fine Napoléon.
    — L’amitié ? fit Aldo. Sur quelle base pensez-vous l’établir ?
    — Pas sur celle de nos ancêtres, rassurez-vous. J’ai un amant et il me suffit !… Trinquons d’abord et dites-moi ensuite la raison qui vous a conduit jusqu’ici ? Étes-vous aussi un ambassadeur occulte ?
    Tout allait si vite avec cette fille étrange que Morosini se donna le temps de goûter l’alcool ambré qui était admirable avant de répondre :
    — Oui et non. Si je suis ambassadeur, c’est d’une cause à laquelle vous ne comprendriez rien mais qui me tient à cœur parce que la vie de ma femme en dépend.
    — Vous êtes marié ?… Dommage ! fit-elle avec une petite grimace…
    — Pourquoi ? Il n’y a là rien qui puisse empêcher l’amitié si c’est ce que vous m’offrez ?
    — Je ne m’en dédis pas. Voyons votre requête !
    Ce fut au tour d’Aldo de s’approcher du portrait :
    — Vlad a aimé la première Ilona au point de lui léguer un trésor qu’il avait peut-être obtenu de façon contestable mais auquel il tenait parce qu’il y voyait la matérialisation de sa chance et, pour ce que j’en sais, vos mères, grand-mères, aïeules l’ont toujours conservé comme leur bien le plus précieux…
    — C’étaient surtout les tziganes qui avaient décidé d’en faire une sorte de symbole de leur errance parce qu’on y voyait la lune et le soleil et mes mères, comme vous dites, se sont laissé prendre à cette fable ! Sans jamais pouvoir s’en délivrer. Les tziganes étaient trop nombreux, trop puissants en dépit du mépris dont ils ont été et sont toujours l’objet. Elles étaient leurs prisonnières et, parvenues à l’âge de porter un enfant, elles étaient livrées au roi. C’est de cela que je me suis sauvée parce que je ne veux connaître en moi que le sang de Vlad. Le premier homme auquel je me suis donnée n’était pas un roi loqueteux mais un vrai prince…
    — Cependant vous avez conservé les pierres qui portaient la lune et le soleil, fit doucement Morosini. Ce sont ces pierres que je suis venu vous supplier de me vendre. À quelque prix que ce soit. J’en ai besoin…
    — Vraiment ?
    — Vraiment !
    Et, à cette femme inconnue qui était sans doute une criminelle, il conta brièvement l’histoire des pierres vertes et le chantage dont il était l’objet. Sans entrer bien sûr dans les détails. Elle l’écouta avec une sorte de ravissement comme en éprouve un enfant lorsqu’on lui raconte une belle histoire et, quand ce fut fini, elle exhala un long soupir.
    — Comme c’est passionnant ! Je regrette d’autant plus de ne plus posséder ces pierres…
    Arrêté dans son élan lyrique, Aldo la considéra bouche bée :
    — Que dites-vous ? Vous ne les avez plus ?
    — Eh

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