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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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car il savait que le paradis l’attendait. Le paradis où la face de Dieu brillerait au-dessus de lui.
    — En d’autres termes, il n’a pas répondu à votre offre ?
    — Non. Il s’est levé et s’est dirigé vers cette armoire.
    Le lieutenant de vaisseau tendit son bras valide vers un placard de cuisine en bois.
    — Il s’est penché et en a sorti un objet.
    — Le revolver ? demanda Tron.
    Beust fit oui de la tête.
    — Sans doute l’arme avec laquelle il a tué Gutiérrez. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me menace. Il a déclaré d’une voix très calme que l’archiduc était l’Antéchrist. Que la volonté de Dieu était que je meure. Qu’il confierait les clichés à la garde de la Sainte Église. Et que tout le reste lui était indifférent.
    — Et alors ?
    — Il m’a exhorté à prier avec lui pour le salut de mon âme.
    Au souvenir de cette injonction, Beust ne put s’empêcher de trembler.
    — Puis il s’est proposé de me confesser et de me donner l’absolution.
    — Et alors ?
    — Il tenait l’arme dans la main droite. Je l’ai vu tirer le chien avec le pouce. J’avais conscience qu’il serait trop tard quand celui-ci se rabattrait.
    — Donc, vous avez vous-même levé votre arme ? devina Tron.
    Le lieutenant de vaisseau esquissa un sourire las.
    — Pas levé, commissaire. Je n’en ai pas eu le temps. J’ai tiré à travers la cape, sans sortir le pistolet de ma poche. Je l’ai simplement pointé dans sa direction et j’ai appuyé sur la détente. Puis je me suis jeté sur le côté.
    — De sorte que la balle de Calderón a simplement éraflé votre bras…
    — Une pure chance, confirma-t-il. Si tout avait suivi son cours normal, je ne serais maintenant plus en vie.
    — La balle l’a touché en plein cœur, intervint Bossi après avoir recouvert d’une nappe le buste et le visage du prêtre. Il est sans doute mort sur le coup.
    Beust soupira de nouveau. Tron se demanda ce qui avait bien pu inciter un homme aussi sensible à entrer dans l’armée.
    — Encore un hasard ! lâcha le marin avec un ricanement pitoyable. En réalité, je suis un bien piètre tireur.
    Le commissaire le dévisagea.
    — Dites-moi, lieutenant, vous sentez-vous capable de vous lever et de marcher ?
    Il devait faire un effort pour se convaincre que l’épave affalée sur la chaise devant lui portait des galons.
    Le lieutenant de vaisseau releva la tête, l’air déconcerté.
    — Pour aller où ?
    — À quelques pas d’ici. Au rio della Madonna dell’Orto où notre gondole attend. Nous vous déposerons au Danieli . Le médecin de l’hôtel vous auscultera.
    — Qui préviendra Son Altesse ? s’inquiéta-t-il.
    — Bossi s’en chargera sur le chemin du retour.
    Beust réfléchit un instant.
    — Non, il faut que je sache si les clichés se trouvent ici. Et ensuite, je dois avertir l’archiduc moi-même.
    Il tourna à grand-peine la tête vers la gauche et demanda :
    — Qu’y a-t-il, derrière cette porte ?
    — La chambre sans doute, répondit Tron en haussant les épaules.
    — Dans ce cas, je suggérerais, dit le lieutenant d’une voix déjà plus ferme, que vous commenciez par la chambre.
    La deuxième pièce de l’appartement ne constituait pas une pièce à part entière, mais plutôt un local où ne rentraient guère plus qu’un lit, une penderie et une étagère. D’un côté du lit se trouvait une chaise, de l’autre une table de nuit. Une lumière blême, sale, filtrait par l’unique fenêtre, qui donnait également dans la cour. Il régnait une intense odeur de pétrole renversé et d’aliments moisis.
    Sur l’étagère, ils aperçurent deux appareils photo en bois et une demi-douzaine de boîtes en carton remplies de clichés. Tron et Bossi les examinèrent : elles ne contenaient que des vues de Venise. Pas de portraits et moins encore d’images qu’on pouvait vendre sous le manteau à des clients bien particuliers. Ensuite, le commissaire ouvrit l’armoire où pendaient deux redingotes et un manteau. Par réflexe, il fouilla les vêtements, mais n’y découvrit rien, comme on pouvait s’y attendre. Bossi, de son côté, regarda sous le lit et le matelas : en vain.
    Pour finir, Tron découvrit l’enveloppe (comme si Calderón n’avait pas jugé utile de chercher une cachette plus raffinée) dans le tiroir de la table de nuit, à peine dissimulée par un exemplaire de la Gazzetta di Venezia . Par malheur, elle ne

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