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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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renfermait qu’un seul cliché. Cela signifiait inévitablement que le prêtre avait dissimulé les autres ailleurs. Peut-être l’évêque Labatista les avait-il déjà en sa possession. Le commissaire calcula qu’il en restait encore au moins cinq. Cependant, compte tenu des circonstances, il était peu probable que la Sainte Église osât en faire usage pour nuire à Maximilien. Beust semblait partager cet avis car il prit la nouvelle avec une relative indifférence.
    — Comment faire, à présent ? demanda-t-il en tendant l’enveloppe vers le cadavre.
    — Le sergent Bossi va prévenir le médecin légiste, expliqua Tron. Puis le corps sera transporté à l’Ognissanti où l’identification pourra avoir lieu demain matin, avant l’autopsie.
    Beust fronça les sourcils.
    — L’identification ? Nous savons tous que cet homme est le père Calderón. Pourquoi voulez-vous procéder à une identification ? Et surtout, comment ?
    — Je crois vous avoir parlé d’une personne qui l’a vu dans l’appartement d’Anna Slapater.
    — Ah ! Le mystérieux témoin ?
    —  La témoin, le corrigea Tron. Il s’agit d’une jeune fille qui, sous le coup de l’émotion, n’était pas en mesure de le décrire. Cependant, je pense qu’elle parviendra à le reconnaître.
    — Comment s’appelle-t-elle ?
    — Angelina Zolli. Jusqu’à présent, nous avons tenu son nom secret pour des raisons de sécurité. C’est une petite orpheline qui habite chez les marguilliers de Santa Maria Zobenigo. Je vais la prier de passer demain à l’hôpital pour pouvoir enfin boucler cette affaire.
    Beust lui adressa un sourire forcé.
    — Si cela vous paraît indispensable…
    Comme il appuya son bras gauche sur la table, il fit une grimace.
    — Souhaitez-vous que le sergent Bossi vous ramène à la gondole ? demanda Tron.
    — Ce n’est qu’une éraflure ! riposta-t-il du tac au tac, sur un ton presque agressif. Vous oubliez que je suis soldat, commissaire.
    Il se pencha pour ramasser son revolver, enclencha le cran de sécurité et glissa l’arme sous la cape. Puis il jeta un regard satisfait : sur Calderón dont le buste et la tête étaient cachés par la nappe.
    — En plein cœur, sans dégainer et sans viser, commenta-il d’un ton vaniteux. L’archiduc ne va pas le croire !

47
    Deux heures plus tard, lorsque Tron regagna le rio della Madonna dell’Orto en compagnie du docteur Lionardo et des deux brancardiers, la bruine s’était transformée en un brouillard épais, compact. Après un rapide examen, le médecin légiste avait confirmé la supposition de Bossi. Calderón était mort sur le coup, la balle du lieutenant de vaisseau l’avait touché en plein cœur.
    Le commissaire observa (la scène ne lui était à présent que trop familière) les deux brancardiers en train de charger le cercueil. Quelques instants plus tard, l’embarcation s’éloigna du quai sans bruit avant d’être avalée par le brouillard. Tron cherchait ce qui l’empêchait d’apprécier à sa juste valeur la conclusion de cette affaire. Certes, le kaléidoscope troublant qui l’avait tenu en haleine au cours des deux dernières semaines, lui offrant sans cesse de nouvelles combinaisons d’images toujours plus surprenantes, venait enfin de s’immobiliser. Tous les fragments se correspondaient, s’emboîtaient parfaitement les uns dans les autres. Pourtant, un détail infime le gênait dans le vitrail que formait cet agencement. Il pensa à l’argent que Maximilien lui avait fait miroiter et sur lequel – dans l’état actuel des choses – il ne devait sans doute plus compter. Son malaise provenait-il de ce manque à gagner ? Non. Il découlait plutôt du regard satisfait que Beust avait jeté sur le cadavre et de l’arrogante évidence avec laquelle il allait porter à son crédit la résolution de cette énigme.
    Bien entendu, Tron redoutait aussi le moment où il devrait annoncer à la princesse la mort de son ami d’enfance. Comme prendrait-elle cette information tragique ? Ferait-elle preuve du détachement souvent irritant avec lequel elle avait coutume d’accueillir les mauvaises nouvelles ? Ou s’effondrerait-elle, cette fois, et rejetterait-elle la faute sur lui  ? Peut-être continuerait-elle à nier l’évidence et à clamer l’innocence du père Calderón.
    La gondole de police le déposa sur le ponton du palais Balbi-Valier peu après six heures. En entrant dans le salon, il aperçut

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