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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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déroutés, n’y comprenaient plus rien. Montecucculi, reprenant son souffle, s’approcha de ses amis pour éclairer leur lanterne.
    — Ce gentilhomme, déclara-t-il à mi-voix, vient de prouver – le plus fermement du monde... – son intérêt pour ma personne !
    Il avait confié cela sur le ton badin, vaguement coquin, d’un jeune Italien sans prévention, visiblement habitué à recevoir les hommages les plus divers... Simon de Coisay, bien moins libre en fait, observait quant à lui le bout de ses bottes.
    — Pur accident, bredouilla-t-il.
    — On n’est jamais trahi que par les siens !
    L’assistance à son tour partit d’un grand rire, et le drame s’acheva dans une farce digne des bonnes foires lyonnaises.

Palais de Lyon.
    L a pluie ruisselait aux verrières. Ses reflets dessinaient de curieuses ridules sur le visage de Marguerite, brouillant ses traits vieillis prématurément. Elle se rappelait le temps où, cloîtrée par les mêmes ondées, dans ce même appartement, elle s’efforçait de distraire les humeurs sombres de la feue régente...
    — Vous rappelez-vous cette huile au genévrier dont usait Madame contre les rhumatismes, et qui embaumait toutes ces pièces ?
    — Si je me la rappelle ? soupira le roi. Je la respire encore... Je revois notre mère allongée dans sa ruelle...
    — Elle ne dormait presque jamais.
    — Trop inquiète, trop active !
    Le retour à la Cour de la reine de Navarre avait été, pour son frère, une grande joie. Jamais il n’oublierait leurs retrouvailles, à Dijon, ni les effusions dont elles avaient été l’occasion. François I er n’avait pas hésité, pour les rendre possibles, à mettre un terme – certes provisoire – aux persécutions contre les réformés. Mieux : un édit royal, signé à Coucy, avait ordonné la libération des prisonniers religieux et le retour au bercail des dissidents exilés – à condition, toutefois, que tous abjurent l’hérésie dans un délai de six mois.
    — Je me dis parfois, reprit le roi, que notre mère n’aurait pas approuvé les actuelles orientations du Conseil.
    — Et pourquoi cela ?
    — Parce qu’elle appréciait Montmorency. Parce qu’elle détestait votre Brion. Parce qu’elle méprisait mes ambitions italiennes et surtout, parce qu’elle rêvait d’une paix saine et durable avec l’Empire... Vous faut-il d’autres raisons ?
    Marguerite haussa les épaules.
    — Madame vous aurait désapprouvé. Soit... Est-ce si grave ?
    — Eh... C’est que notre mère était fort avisée.
    — Autre temps, autre politique.
    — Les problèmes, eux, demeurent inchangés... D’ailleurs, je me demande s’il ne serait pas judicieux de rappeler Montmorency avant que la guerre ne commence.
    — Montmorency ? De grâce, n’en faites rien ! On ne peut à la fois vouloir la paix et conduire la guerre ! D’ailleurs, le grand amiral s’acquitte de tout au mieux.
    — Au mieux ? Non. Le grand maître serait meilleur...
    Le roi, tout en parlant, observait de près sa sœur, comme s’il guettait chez elle le plus léger signe de parti pris ou de mauvaise foi.
    — Depuis votre retour, insista-t-il, vous avez pesé de tout votre poids pour éloigner le maréchal de la direction des affaires. Vous m’avez même poussé à renvoyer sa sœur 10  !
    Marguerite baissa les yeux. Elle n’avait guère lieu d’être très fière de cette sordide victoire de Cour qui, à sa demande, s’était soldée, en effet, par le départ de la maréchale de Châtillon, jusque-là dame d’honneur de la reine. Plus généralement, il lui arrivait souvent d’intervenir auprès de son frère, en faveur de Chabot et de la favorite. Aussi l’idée de voir Montmorency et la grande sénéchale relever la tête, la réjouissait-elle peu.
    Le roi suivait sa pensée.
    — Notre mère n’aurait pas aimé non plus que j’envahisse les États de son frère ! Elle regardait la Savoie comme territoire inviolable.
    — Est-il vrai que Turin serait pris ?
    — Si j’en crois les courriers de votre Brion...
    — Sire, à la fin, cessez de l’appeler « mon Brion » ! C’est vous qui avez confié cette campagne au grand amiral. Et que je sache, vous avez tout lieu de vous en féliciter !
    — Il aimerait maintenant forcer le Milanais 11 . Mais Tournon m’assure que ce serait une erreur. Nous aurions tort de prendre de force ce que l’empereur est à deux doigts de nous donner.
    — Madame n’avait pas tort, laissa tomber

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