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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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ont raison, osa Paul III. Ce Habsbourg veut éteindre le feu dans le grenier de la maison chrétienne ; moyennant quoi, la cave est inondée !

Lyon, le jeu de paume des prés d’Ainay.
    — T enez 13  !
    Avec force et maîtrise, Henri d’Orléans donna un tel effet à sa balle qu’elle effleura tout juste l’appentis de la petite galerie – on disait « le dedans » – avant d’aller rebondir au sol. Son partenaire, l’écuyer Saint-André, en profita pour monter au filet. En face d’un pareil champion, ses deux frères paraissaient à la peine ; menés aux points, ils avaient déjà plusieurs fois dû s’incliner sur leur service. Charles d’Angoulême multipliait les « chasses » défavorables – ce que ne manquait pas de lui reprocher le dauphin François, en termes discrets mais vexants.
    Massé derrière le grillage de cette galerie longue qui borde le plus long côté des salles de paume, un public trié suivait l’échange. Plusieurs amis des Fils de France, dont La Noue et Dinteville, ne ménageaient pas leurs encouragements. Quant à Montecucculi, partisan malheureux du dauphin, il commentait la partie à l’intention de son nouvel ami Simon – qui s’était présenté à son cercle comme « chevalier » de Coisay.
    — On entend la galerie ! fit observer Orléans de façon peu civile.
    Le Ferrarais baissa d’un ton.
    La partie s’achevait sur un triomphe de plus pour le prince cadet qui paraissait, quel que fût son partenaire, imbattable à ce jeu. Le dauphin, lui, soufflait à perdre ses poumons ; pourtant agile et bien développé, il était loin de partager la forme d’athlète de son frère Orléans. Quant à Angoulême, il ne s’intéressait guère au jeu, et s’amusait davantage à faire tenir sa raquette en équilibre sur son front...
    — Aumale ! appela François. Aumale est là ?
    — Ici Monseigneur, répondit le tout jeune François de Guise, comte d’Aumale.
    — Remplace-moi donc pour la prochaine.
    — Ce n’est donc pas assez pour aujourd’hui ? demanda Jacques de Saint-André.
    — Parlez pour vous, dit Henri ; moi, je ne fais que commencer.
    Il était souvent difficile, quand s’exprimait ce prince, de saisir son état d’esprit ; car sous des dehors taciturnes, se cachait en vérité une bonne dose d’humour. Henri d’Orléans se révélait dans la pratique intensive des exercices physiques.
    Avec une certaine aisance, le comte de Montecucculi servait à présent des rafraîchissements aux joueurs et à leurs invités – un mélange de jus d’agrumes de sa composition. Le dauphin lui fit signe de se pencher pour n’avoir pas à hausser la voix.
    — Rappelle-moi qui est cet écuyer ; il me semble l’avoir vu, déjà.
    — C’est Simon de Coisay. Il fut autrefois au duc d’Alençon, puis aux Brézé.
    — Parfaitement.
    Le prince se tourna vers la galerie.
    — Coisay, approchez, voulez-vous ?
    — Monseigneur ?
    — Vous pratiquez la paume, je crois...
    — Si peu... Mais je viens de prendre une leçon.
    Le dauphin sourit et n’insista pas.
    — François, demanda soudain son plus jeune frère, irai-je avec vous à la guerre ?
    — Vous n’êtes qu’un enfant, allez donc jouer à la raquette !
    Alors, sans qu’il ait pu régir, le dauphin se vit asséner par Angoulême un assez violent coup de paume sur le crâne. La victime commença par se frotter la tête puis, soudain rouge de colère, poursuivit le garnement dans les galeries pour aller l’étrangler de ses propres mains.

    — Ainsi donc, vous vous battez en duel...
    La duchesse d’Étampes – le comté de son mari était devenu un duché – s’était invitée au jeu de paume d’une manière inopinée ; mais son irruption n’ayant pas surpris l’assistance, Simon en déduisit qu’elle n’avait rien d’inhabituel. Elle avait pris place, au milieu de la petite assistance, dans la galerie longue. Or, à peine assise, c’est à lui, Coisay, qu’elle s’était adressée. Il en conclut que son nouvel ami avait dû parler en haut lieu, ce qui n’était pas forcément une bonne chose... Plutôt adepte d’une certaine discrétion, l’écuyer se sentait partagé entre le plaisir d’un tel honneur et la gêne de ce qui l’avait suscité ; Sébastien était-il allé jusqu’à donner certains détails ?
    — Et vous avez, dit-on, des armes secrètes, ajouta la favorite en gloussant.
    Pas de doute : l’échanson avait tout raconté... Simon sentit le rouge

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