Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
la reine de Navarre ; vous êtes obsédé par ce Milanais...
    — Comme Charles Quint l’est par notre Bourgogne.
    — Cela ne finira-t-il jamais ?

    Depuis quelques mois, François I er avait perdu sa forme légendaire. Un mal honteux, contracté dans sa jeunesse, au temps de Marignan, lui faisait revenir, de temps à autre, un douloureux abcès aux génitoires. La gêne et la douleur qui en résultaient à chaque fois le handicapaient bien davantage qu’il ne voulait l’admettre. Ce jour-là, vaincu par la douleur, il avait dû se laisser porter jusqu’à un lit d’appoint. Sa sœur partageait tous ses maux ; elle aurait pu donner le sentiment qu’elle souffrait autant que lui.
    — C’est encore ce maudit abcès, soufflait le roi.
    — Mon Dieu, quelle calamité !
    — Je suis puni par où j’ai péché... osa-t-il murmurer dans un faux sourire.
    François but une décoction qui finit par calmer un peu sa douleur. Dehors, la pluie avait redoublé. Il aimait voir Marguerite à son chevet, comme aux temps épiques de la captivité madrilène ; n’avait-elle pas toujours été là pour lui ? Depuis le début de l’après-dînée, il paraissait désireux d’aborder un sujet que sa sœur devinait, mais sans oser s’y aventurer. C’est encore lui qui fit le premier pas.
    — Me suivriez-vous dans le salon d’à-côté ?
    — Vous savez bien que je vous suivrais n’importe où...
    Marguerite aida François, non sans d’infinies précautions, à se relever. Puis ils pénétrèrent gravement, comme sur les lieux d’un crime, dans cette pièce où, l’été 1522 – autant dire dans une autre vie – le frère avait eu envie de la sœur, au point de se jeter sur elle 1 ... L’un et l’autre n’en conservaient-ils pas une blessure inguérissable ?
    La pièce avait peu changé ; tous deux en firent le tour, se tenant par la main.
    — Il y a près de quinze ans, maintenant...
    — Chhh...
    Marguerite posa le doigt sur les lèvres du roi.
    — Pourquoi veux-tu tout dire, toujours ?
    — Mais...
    La chaire de bois sombre avait déserté l’embrasure, remplacée par deux caquetoires. Ils s’y assirent et demeurèrent un moment côte à côte, en communion muette. C’est François qui, de nouveau, rompit le silence.
    — Comme je regrette !
    — Non, articula sa sœur. Ne regrette pas. Si nous avons vécu certaines choses, c’est que ce devait être nécessaire.
    Le roi se mit à grimacer, de nouveau – sous l’effet d’un réveil de la douleur.
    — J’ai beau me dire que c’est du passé...
    — Contrairement à la politique, la vie ne connaît pas le passé. Elle ne connaît pas non plus le futur. Elle n’est qu’un présent permanent.
    — Mais...
    — Ce n’était pas hier, François, c’est maintenant. C’est toujours.
    — Mais...
    Marguerite sourit tendrement.
    — Tu seras toujours mon petit, petit frère. Mon petit frère qui dit « mais »...

Rome, cité du Vatican.
    L ’empereur séjournant à Rome, il profita d’une réunion des cardinaux pour s’annoncer à eux de manière inopinée. Un fascinant camaïeu de rouges, de pourpres, d’écarlates, répondait, dans la chapelle Sixtine, aux récentes fresques de Michel-Ange. Sur de si vives couleurs, les deux protagonistes allaient trancher par la sobriété de leurs tenues : l’empereur tout en noir, le pape tout en blanc.
    Charles Quint n’avait pas jugé bon de faire trop tôt savoir à la Curie qu’il avait une déclaration à faire ; aussi Paul III, surpris de sa visite, l’avait-il fait attendre. Enfin le pontife était entré en grande pompe, sur la sedia gestatoria 2 , visiblement froissé – pour ne pas dire courroucé – des manières étrangement cavalières du souverain Très Catholique.
    — Mon fils, lui dit-il quand Charles vint s’agenouiller devant lui, j’aurais aimé préparer davantage ce nouvel entretien...
    — C’eût été inutile, estima l’empereur.
    — Laissez-moi en juger !
    À première vue, le successeur de Clément VII lui ressemblait assez ; il était comme lui menu et chenu, comme lui un peu voûté et pourvu d’une barbe blanche assez longue. Mais la similitude s’arrêtait à cette apparence, car il était en bien meilleure forme que son devancier, et pouvait surprendre ses interlocuteurs par une résistance à toute épreuve.
    — Il appert, annonça le pape Paul, que notre fidèle et très aimé empereur Charles, cinquième du nom, voudrait nous délivrer, ainsi

Weitere Kostenlose Bücher