Les fils de la liberté
tels des pigeons, l’air suffocant, les occasionnelles détonations de canon (des tirs d’entraînement, nous l’espérions) provenant d’une position éloignée baptisée le « vieux front français ».
Chacun vivait sur les nerfs, incapable de trouver le sommeil à moins d’être ivre. Je ne buvais pas et j’étais donc passablement agitée. Jamie était parti depuis plus de deux heures et je trépignais d’impatience. Non pas que j’eusse hâte de savoir ce que St. Clair répondrait aux miliciens mais, entre la chaleur et la fatigue, nous n’avions pas fait l’amour depuis plus d’une semaine et je commençais à craindre que nous n’en eussions bientôt plus le temps. Si nous devions nous battre ou prendre la fuite dans les jours à venir, Dieu seul savait quand nous aurions à nouveau un peu d’intimité.
J’arpentais le champ de manœuvres en surveillant la maison du général quand, enfin, je le vis sortir. Je me dirigeai vers lui sans me presser afin de laisser le temps aux officiers sortis avec lui de prendre congé. Ils se tinrent un moment regroupés. Leurs épaules affaissées et leur mine furieuse m’indiquèrent que, comme l’avait prédit Jamie, leurs efforts avaient été vains.
Il se détacha d’eux lentement, s’éloigna les mains croisées dans le dos et la tête baissée, méditatif. Je m’approchai par-derrière et passai mon bras autour du sien. Surpris, il me sourit.
— Tu ne dors pas encore, Sassenach ? Quelque chose ne va pas ?
— Non, il m’a semblé que c’était le soir idéal pour une promenade dans un jardin.
— Un jardin ?
— Le jardin du commandant, pour être exacte.
Je tapotai ma poche.
— J’ai la clef.
Il y avait plusieurs petits jardins à l’intérieur du fort, des potagers pour la plupart. Le jardin d’agrément derrière les quartiers du commandant avait été dessiné par des Français de longues années auparavant et, bien qu’il ait été négligé depuiset soit envahi de mauvaises herbes, il présentait un avantage particulier : il était entouré d’un haut mur, avec une porte que l’on pouvait verrouiller. Plus tôt dans la journée, j’avais subtilisé la clef au cuisinier du général St. Clair venu me consulter pour un mal de gorge. Je comptais la lui rendre le lendemain quand j’irais prendre de ses nouvelles.
La porte se trouvait au fond du jardin, hors de vue. Nous nous glissâmes discrètement dans l’allée qui longeait le mur pendant que le garde devant la maison du commandant était occupé à bavarder avec un passant. Je refermai rapidement la porte derrière nous, la verrouillai, remis la clef dans ma poche et me pendis au cou de Jamie.
Il m’embrassa longuement puis redressa la tête.
— Je vais peut-être avoir besoin d’un peu d’aide.
— Pas de problème.
Je posai une main sur son genou nu et caressai de mon pouce les poils frisés de sa jambe.
— Tu penses à quel genre d’aide ?
Je remontai mes doigts le long de sa cuisse, sentant ses muscles se tendre et se relâcher. A ma surprise, il arrêta ma main en la saisissant à travers l’étoffe.
— Je croyais que tu voulais de l’aide ?
— Caresse-toi, a nighean , dit-il doucement.
J’étais légèrement déconcertée, d’autant plus que nous nous trouvions dans un jardin en friche à quelques mètres d’une allée très fréquentée par les miliciens en quête d’un coin calme où se saouler. Néanmoins… je m’adossai au mur et remontai mes jupes au-dessus de mes genoux. Je caressai lentement l’intérieur de ma cuisse qui était, je devais le reconnaître, très douce. Mon autre main suivit la ligne de mon corset, remontant jusqu’en haut, là où mes seins étaient comprimés par le fin coton moite.
Ses paupières étaient lourdes. Il était à moitié ivre de fatigue mais devenait de plus en plus alerte. Tripotant d’un air songeur le lacet qui retenait l’encolure de ma chemise, je susurrai :
— Tu connais l’expression « sauce bonne pour l’oie est bonne pour le jars » ?
— Quoi ?
Ma question l’avait définitivement arraché à sa torpeur. Il était bien éveillé cette fois, ses yeux injectés de sang grands ouverts.
— Tu m’as entendue.
— Tu veux que je… que je…
— Oui.
— Je ne peux pas faire ça ! Pas devant toi !
— Si moi je peux le faire devant toi, la moindre des choses serait de me rendre la pareille. Naturellement, si tu préfères que j’arrête…
Je lâchai le
Weitere Kostenlose Bücher