Les fontaines de sang
campagne. Ils entrèrent dans Tolède et y massacrèrent 1 200 Juifs. Les fidèles de Pèdre conquirent la cité (18 mai 1355). À l’approche du roi, don Henri quitta Toro pour se réfugier en Galice, auprès de Fernand de Castro. Il obtint un sauf-conduit et vint en France (1356) où ses hommes d’armes et lui-même se conduisirent comme des routiers sans émouvoir Jean le Bon.
Sur ces entrefaites, la guerre commença entre Pèdre et Pierre IV d’Aragon. Rappelé par l’Aragonais, Henri prit une large part à ce conflit. Il envahit la Castille du côté de Soria, battit l’ennemi près d’Arabiana (22 septembre 1359) et fut vaincu à Najera où sa tente et sa bannière échurent aux Castillans (24 avril 1360). Lorsque Pierre IV eut enfin fait là paix, Henri reprit sa vie d’aventurier en terre française. Ne pouvant plus piller l’Espagne, il mit à sac la sénéchaussée de Carcassonne et vendit ses routiers au plus offrant (1361). Attaqué de nouveau, Pierre IV eut recours au comte qui lui amena 3 000 lances. Tous deux s’engagèrent, par un traité secret signé à Monzon, à détrôner Pèdre I er . Un sixième de la Castille devait appartenir à l’Aragon (31 mars 1363). La même année, ils renouvelèrent leur convention à Benifar (10 octobre). Le prétendant promit de céder le royaume de Murcie et dix villes importantes le jour où il s’assiérait sur le trône. Pierre IV et Henri forcèrent le roi à lever le siège de Valence (fin avril 1364) et prirent Murviedro (1365). À la fin de 1365, les Grandes Compagnies, conduites par Guesclin et quelques prud’hommes français qui ne craignaient point de s’acoquiner, franchirent les Pyrénées à l’appel du comte et du roi d’Aragon. Entrées en Castille, elles occupèrent Calahorra et proclamèrent roi le bâtard de Trastamare sous le nom de Henri II (16 mars 1366). Couronné à Burgos que Pèdre venait d’abandonner après avoir délié les habitants du serment de fidélité, Henri grignota la Castille. Moins d’un mois après la cérémonie du sacre, il était à Tolède.
La chasse aux trésors
Pèdre partit pour Bayonne avec ses enfants et une partie de ses trésors. Le nouveau règne commença par des largesses insensées. Il fallait payer les trahisons, rassasier les aventuriers de France et d’Angleterre. Guesclin reçut le comté de Trastamara, la seigneurie de Molina et le titre de connétable de Castille. Calveley devint comte de Carrion. Les Aragonais eurent une large part dans cette chasse aux trésors et aux titres. Henri II démembrait le royaume qu’il prétendait avoir délivré. Il y gagna le surnom d ’Enrique el de las mercedes : Henri celui des grâces. Congédiant au plus tôt ses terribles alliés, il ne retint auprès de lui que Guesclin, Calveley et 1 500 lances (soit entre 8 000 et 10 000 hommes).
Rassemblés à Burgos, les Cortès reconnurent son fils don Juan héritier de Castille et de Léon (janvier 1367).
Cependant, Pèdre avait obtenu l’aide du Prince Noir. Les Anglais passèrent les Pyrénées et Henri fut défait à la bataille de Najera (ou Navarette). Guesclin y fut fait prisonnier avec Audrehem, le maréchal de France, et maints gentilshommes français et espagnols, sans oublier le chroniqueur Pedro del Ayala. Henri s’enfuit au cours de la bataille et Pèdre remontait sur son trône.
Charles V offrit le comté de Cessenon, près de Béziers au bâtard fugitif. Il y ajouta le château de Peyrepertuse plus une pension grassouillette et des subsides secrets.
Ségovie, Avila, Valladolid et une partie des provinces basques s’étaient révoltées après le départ des Anglais. Don Henri reparut en Espagne. Il n’avait que 400 lances, mais ses partisans s’armaient de toutes parts. Ils lui livrèrent Calahorra, Burgos où fut pris le roi titulaire de Majorque, Jayme III, l’époux de la belle mais inquiétante Jeanne de Naples. Pèdre, aux abois, lança les Maures grenadins sur l’Andalousie. Ils la ravagèrent mais échouèrent devant Cordoue (1368). Guesclin dont Charles V venait de payer la rançon rejoignit Henri sous Tolède que le bâtard assiégeait depuis le 14 mars 1369. La cité tomba, Pèdre s’enfuit et fut vaincu à Montiel. Il allait périr dans la tente de Guesclin, tué par son frère avec l’aide du Breton… qui lui avait promis de l’aider dans sa fuite.
La lutte continue
À peine restauré, le bâtard fratricide eut à lutter contre Fernand de Castro soutenu par
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