Les fontaines de sang
maintiens, tout tels qu’appartiennent à remplis de sagesse et hauts princes. Eut belle allure, voix d’homme de beau ton ; et avec tout ce, certes, à sa belle parleure tant ordonnée et par si belle, arrangée sans aucune superfluité de parole, ne crois que rhétoricien quelconque en langue française sût rien amender.
Voilà qui est faux et atteint au sublime. Quant au caractère, eh bien, il a été parfaitement décrit par Edmond Meyer ( Charles II de Navarre et la Normandie au XIV e siècle, Paris, 1898* et André Plaisse ( Charles le Mauvais, roi de Navarre , Société libre de l’Eure, 1972). On y trouve un récapitulatif des coups bas, des hypocrisies et des crimes soigneusement prémédités de ce roi qu’on a dit « sage » et qui fut responsable de maintes tueries, à commencer par celles de Mantes et Meulan effectuées par son favori : Guesclin. Il fut le champion des lettres, de rémission accordées à ses partisans pour « crimes, pillages ; incendies, vols et viols. Bien plus : non content de les gracier, il en anoblit quelques-uns 440 ».
Dans la Biographie générale de Firmin-Didot datant de la Belle Époque, on peut lire à son propos que dès la mort de son père, Jean le Bon, « on voit se développer le caractère du prince, insensible aux maux du peuple… et habile dans l’art d’attendre les événements et d’en profiter, de surprendre ses ennemis, de les amuser, et d’employer les intrigues et l’or (du peuple) quand la force ne pouvait le seconder efficacement ».
Il amassa un trésor de 17 millions et fut plus dépensier que Louis XIV !
Il serait trop long de citer tous les meurtres qu’il fit commettre. Ils tiennent dans 5 pages du livre d’Edmond Meyer. La foule hua le cortège qui portait sa dépouille à la basilique royale. Une note de Gaston Raynaud dans son édition du dixième volume de Froissart résume l’état d’esprit des manants de Paris :
« Diablement y ai pris part (aux impôts), disait un homme du peuple, en parlant du roi et des subsides levés par ses ordres, quand il a vescu si longtemps car il nous fust mieulx, s’il fust mort passé à dix ans » et un autre d’ajouter : « Maudite soit l’heure qu’il fut onques nez ne sacrez. » Charles V était un Valois. C’est tout dire.
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