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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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fonctions de gouverneur de Paris. La municipalité, renversée lors du
massacre de l’Hôtel de Ville, fut aussitôt rétablie.
    En l’après-midi du même jour, Jérôme de Galand,
sorti de la clandestinité, fit porter court billet au comte de Nissac.
    On y lisait :
    Ami,
    À présent que la
Fronde est à genoux, l’heure est venue d’en finir avec l’Écorcheur. Soyez à
quatre heures de relevé en la rue Trace Nounain avec vos Foulards Rouges en
grand équipement.
    Deux de mes archers vous y attendront pour
vous mener en cave profonde où je me trouverai en fort intéressante compagnie.
    Serviteur et ami
    Jérôme de Galand

81
    En la cave bien éclairée par plusieurs
flambeaux, Loup de Nissac eut grande difficulté à reconnaître la créature
enchaînée, nue, hirsute, qui évoquait une bête sauvage.
    Repoussant de saleté et dégageant forte
puanteur, le marquis Jehan d’Almaric, le visage défiguré par une longue balafre,
accueillit le nouvel arrivant avec un pâle sourire :
    — Vous m’avez connu plus fringant, comte
de Nissac !
    Galand le fit taire d’un coup de pied à la
poitrine et le marquis toussa longuement.
    — Depuis combien de temps le détenez-vous
ici ? demanda Nissac au policier.
    — Quelque temps déjà… En été, par grande
chaleur, les portefaix travaillent poitrine nue. Un de mes hommes remarqua les
avant-bras rayés de curieuses cicatrices de celui-ci et se souvint d’un de mes
avis à le rechercher. Le reste fut fort aisé.
    — Mais pourquoi m’en faire confidence si
tardivement ?
    Jérôme de Galand haussa les épaules.
    — La Fronde n’existe plus. Les Condéens
fuient l’armée royale comme les Pompéens finirent par se sauver devant César, généraux
et centurions en tête. Le roi sera là demain, dans deux jours ou dans une
semaine. Aujourd’hui, nous pouvons nous lancer aux trousses de l’Écorcheur, je
sais qui il est et plus grand monde ne le protège. Hier encore, il n’en était
point ainsi.
    Le comte de Nissac jeta un regard au
prisonnier que les chaînes trop courtes obligeaient à demeurer à genoux.
    — Jérôme, faites-le détacher. Qu’on lui
donne chemise et haut-de-chausses, je ne parle pas à un homme qu’on avilit de
la sorte, fût-il la plus indigne des créatures.
    Le policier hésita puis donna ses ordres. Nissac
l’entraîna à l’écart pour demander :
    — Il a avoué si rapidement ?
    — Certes non. Il a résisté aux violences
et n’a accepté de parler qu’en échange de ma parole qu’il retrouverait la
liberté et sans doute quelques cassettes d’or mises de côté pour fuir.
    Nissac se crispa :
    — Vous avez donné votre parole ?
    — Je l’ai fait.
    — Vous allez donc la tenir ?
    — Rien n’est moins certain.
    Bien qu’il fût peu de choses au monde, et
moins d’êtres encore, qui eussent pu effrayer le policier, il baissa cependant
les yeux devant le regard du comte de Nissac où, pour la première fois, il vit
grande colère contenue à son endroit :
    — Monsieur de Galand, nous ignorons tout
de ce que seront les règles du monde nouveau auquel nous travaillons vous et
moi et que nous ne verrons pas de notre vivant. Mais, dans celui-ci, le roi
vous a fait baron et sachez qu’il est des usages avec lesquels on ne saurait
badiner sans déchoir de son rang. Ainsi de l’honneur et de la parole donnée, lorsqu’on
est gentilhomme, fût-ce à une canaille. Me suis-je bien fait comprendre, baron
de Galand ?
    — Cet homme sera libéré, vous avez ma
parole ! concéda Galand d’une voix morne.
    — Alors allons lui parler ! répondit
Nissac.
    Le comte écarta d’un geste dédaigneux les
remerciements du marquis en disant :
    — Au fait, monsieur !
    D’Almaric hésita, comme si le nom de son
ancien maître ne pouvait franchir ses lèvres.
    Il préféra commencer loin en le temps :
    — Il hait les femmes, et sa mère surtout,
car s’il était né l’aîné, sa vie eût été tout autre. Ainsi se vengeait-il… Mais
ce n’est point tout. Il a toujours trahi, avant même que d’écorcher les femmes.
C’est en apparence un homme d’esprit mais il est faible, lâche et la trahison
coule dans ses veines, même s’il porte un des plus grands noms du royaume. Il
complota en 1626 avec Henri de Talleyrand-Périgord comte de Chalais mais c’est
celui-ci qui fut exécuté par un bourreau si maladroit qu’il dut donner quinze
coups de hache avant d’achever le comte et la foule en eut

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