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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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affaire.
    Les visiteurs s’esquivèrent après des souhaits de « Bonne soirée » sans conviction.

    *****
À peine cinq minutes plus tard, Fernand se tenait dans l’embrasure de la porte du bureau, la mine préoccupée.
    — Que voulaient-ils ?
    — Récupérer leur argent. Ferme la porte et viens t’asseoir un moment.
    Le jeune homme s’exécuta. Son père paraissait terriblement mal { l’aise.
    — Ces gens s’occupent du fils illégitime de ta femme, expliqua le vieil homme. Ils reçoivent une pension depuis la naissance de l’enfant.

    — Je sais. Thomas Picard payait cette somme. Que se passe-t-il depuis son décès ?
    — C’est l{ le problème. Peu avant sa mort, il m’a fait venir chez lui, pour un tas de mauvaises raisons. . Je veux dire qu’il m’a confirmé le contenu de son testament. En réalité, il n’y a apporté qu’une modification mineure, pour donner une petite somme à son infirmière. Mais il a évoqué le fait que son fils assumerait ensuite la responsabilité de payer les Létourneau. J’ai totalement oublié d’aborder la chose avec Edouard depuis le décès.
    — Cette obligation ne figurait pas dans le testament lui-même, bien sûr.
    La précaution allait de soi. Personne ne claironnait les secrets de famille dans un document aussi public. Eugénie elle-même avait assisté { sa lecture. Elle avait ignoré jusqu’{
    présent où se trouvait son fils, et mieux valait garder les choses ainsi.
    — Quel gâchis, grommela le vieux professionnel. Ces gens réclament leur dû. Ils n’ont pas reçu le versement du 1er mai.
    — Que leur as-tu dit ?
    — Que le généreux bienfaiteur voué au soutien de ce garçon se trouvait en voyage. Ce genre d’excuse ne suffira pas éternellement.
    — Ils n’ont pas vraiment de recours légal.
    Cela semblait une évidence. Devant un tribunal, le juge encenserait Thomas pour avoir été si généreux tout au long de son existence, mais il ne lui tiendrait pas rigueur d’être décédé avant les dix-huit ans de son protégé.
    — Tu as raison, cela même si cette grosse dame clame avoir un contrat. Mais si elle fait du bruit avec cette affaire, tout le monde se demandera pourquoi notre voisin s’intéressait tellement à un enfant né hors des liens du mariage.

    — Crois-tu que quelqu’un pourrait comprendre sa motivation ? s’inquiéta le fils.
    — En sortant, les yeux de cette grosse dame ont accroché Eugénie.
    Cette fois, Fernand afficha une réelle inquiétude.
    — Elle ne peut pas se douter, tout de même.
    — Tu te souviens d’avoir vu ce garçon ?
    — Deux fois je crois, aux funérailles d’Alfred, puis ensuite à celles de Thomas Picard. Blond, les yeux bleus. .
    — Comme sa mère.
    Peut-être Thérèse Létourneau avait-elle perçu une ressemblance suffisante pour capter son attention. Ce ne serait jamais une preuve, mais une femme dotée d’un peu d’imagination broderait un beau récit sur un élément aussi mince.
    — Le mieux serait qu’elle ne vienne jamais ici de nouveau, déclara le jeune notaire.
    — Je vais demander à Edouard de me rencontrer, je lui ferai un résumé de la situation. Je suppose qu’il aura la décence de respecter les engagements de son père.
    — S’il refuse?
    — Cet homme est attaché { sa sœur, n’est-ce pas ?
    Père d’un fils unique, le vieux professionnel imaginait les parents liés entre eux par des liens indéfectibles. Fernand demeurait plus sceptique : il se souvenait de l’hostilité sourde entre les deux jeunes gens, une dizaine d’années plus tôt.
    — Et s’il ne l’est pas, enchaîna le vieux professionnel, nous n’aurons pas le choix, n’est-ce pas? Eugénie est la mère de tes enfants, nous devons tout faire pour qu’elle conserve sa quiétude.
    Les Dupire possédaient ces moyens. Tout de même, subvenir aux besoins du fils du premier amant de sa femme souriait bien peu au jeune homme.

    *****
    Le lundi suivant, Fernand Dupire annula ses rendez-vous de fin d’après-midi afin de se livrer à une petite expédition discrète. Alors que personne ne lui demandait de rendre des comptes, Fulgence Létourneau envoyait de courtes missives afin de signaler les événements principaux de la vie de son fils adoptif. Celui-ci terminait la première année du cours complémentaire. En réalité, ce serait sa dernière journée d’école ce jour-là.
    Le trajet de la Haute-Ville au quartier Limoilou, en tramway, lui prit près d’une heure. Un peu avant

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