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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Ricci et qu’elle soit on ne sait ?… Sa maîtresse ?
    — Vous rêvez ? Une fille comme elle avec ce… il faut avoir l’esprit mal tourné pour imaginer une chose pareille.
    Là il exagérait. Aldo passa la vitesse supérieure :
    — Comment étaient les femmes qu’on lui a tuées ? Des laiderons ?
    — Oh non ! Mais…
    — Il n’y a pas de mais : cet homme est assez riche pour s’offrir tout ce qu’il veut.
    — Pas celle-là ! s’écria Ted avec indignation. Je reconnais volontiers qu’il a tout l’argent pour plaire mais une femme de cette classe avec ce regard, ce sourire, n’acceptera jamais d’un type pareil, même doré sur tranches comme il est, autre chose que l’hommage de son admiration sans rien accorder en échange ! J’en mettrais ma main au feu !
    Aldo aurait pu prédire qu’il pourrait finir manchot mais s’abstint. Il savait de quoi Hilary – puisqu’il ne lui connaissait pas d’autre nom ! – était capable. Il avait vu Adalbert bêtifier devant elle pendant des mois mais celui-là battait tous les records ! Il avait d’ailleurs encore quelque chose à dire :
    — Vous avez malgré tout raison d’attirer mon attention à ce sujet ! La pauvrette doit ignorer à quel genre d’individu elle a affaire ! Il va falloir ouvrir l’œil afin de la protéger si le besoin s’en faisait sentir !
    La camionnette arrivait à cet instant devant la White Horse Tavern et Ted freina des quatre fers en faisant couiner ses pneus. Puis il se tourna vers son passager avec un grand sourire :
    — Je suis certain que cette journée va compter dans ma vie, qu’il faut la marquer d’une pierre blanche !
    — Si vous le dites !… Et vous allez faire quoi ? Allumer un feu de joie ?
    La large patte de l’Américain s’abattit avec une vigoureuse cordialité sur le dos aristocratique de son client :
    — Ce serait prématuré ! On verra plus tard… Est-ce que je vous ai déjà fait goûter le vieux rhum qu’on distillait au temps de la traite ? Je suis sûr que vous n’avez jamais rien bu de pareil !

CHAPITRE IX
LE FUGITIF
    Mrs Adela Schwob aimait décidément beaucoup le pie aux huîtres car en revenant des « Oaks » où il était allé le porter lui-même, Ted irradiait la satisfaction par tous les pores de sa peau. Non seulement il savait ce qu’il désirait apprendre mais en outre, il l’avait vue ! Il lui avait parlé. Elle lui avait même souri quand Adela le lui avait présenté en disant qu’il était non seulement une sorte de gentilhomme d’ancienne souche fidèle gardien des traditions culinaires de l’île mais aussi le maître d’une maison possédant le double avantage d’être un monument historique et un lieu convivial comme les temps modernes n’en connaissaient plus. En ajoutant même qu’il était un peu la mémoire vivante de Newport.
    — Elle s’appelle Mary Forsythe, exhala enfin le bienheureux dans son extase. C’est une Anglaise d’excellente famille connue des Schwob depuis longtemps et elle est arrivée à New York avec l’intention de répondre enfin à leur invitation pour la « Season ». Je suis sûr qu’elle en sera la reine car vous n’imaginez pas à quel point elle est exquise ! Les hommes vont se battre pour elle…
    — Si c’est à coups de poing vous avez votre chance, coupa Morosini agacé, mais si c’est à l’épée ou au pistolet, je vous vois mal parti. Et Ricci dans cette affaire ?
    — Lui ? Aucune importance ! Si Mary et ses amis sont arrivés avec lui, c’est qu’il leur avait proposé son yacht mais il n’a fait que les transporter.
    — Et vous aussi par la même occasion ? Sincèrement, Ted Mawes, où pensez-vous aller de la sorte ? Jusqu’au mariage, après que vous aurez étendu raides morts tous ces prétendants que vous anticipez ?
    — Pourquoi pas ? se renfrogna l’aubergiste. Elle pourrait tomber plus mal ? Je suis riche et si je n’appartiens pas à la Haute Société, j’appartiens à l’Histoire, comme dit Mrs Schwob. Ne sommes-nous pas, nous les fils des premiers colons, la vraie noblesse des États-Unis ?
    — C’est incontestable, admit Aldo conciliant. Eh bien, il me reste à vous souhaiter bonne chance, mon ami ! Tous mes vœux vous accompagneront.
     
    Aldo venait d’achever son dîner et laissant Ted à ses rêves, il sortit faire un tour avant de regagner l’agréable chambre, donnant sur un jardin fleuri de clématites et de roses

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