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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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réfléchisse ! Encore une question ? Vient-il pendant la « Season » ?
    — Toujours ! Il reste un temps variable entre trois semaines et un mois, en juillet pour une célébration à la mémoire de ses défuntes.
    — Ce qui signifie qu’il ne va plus tarder… Pourriez-vous convaincre Mrs Bascombe de me parler ? Quelque chose me dit qu’elle en sait davantage que n’importe qui sur les habitudes de la maison.
    — On peut essayer. Je vous emmènerai demain avec la camionnette mais on ne fera que passer juste le temps de vous mettre en contact. Après vous pourrez y aller seul…
    Mais le lendemain, il fut impossible de trouver Betty Bascombe. Le bateau qu’elle amarrait auprès de sa maison – à peine plus qu’une cabane en bois mais soigneusement entretenue avec des murs que la femme devait blanchir à la chaux une année sur deux – était absent lui aussi.
    — Elle doit être en mer, conclut Ted mais ça ne fait rien. Vous savez maintenant où elle habite et je vous donnerai un mot pour elle…
    — L’endroit est joli, apprécia Morosini en contemplant l’étroite anse si calme où l’abrupt des rochers ne laissait pas place à la moindre grève, comment se fait-il que les milliardaires du coin ne s’en soient pas emparés ?
    — Impossible ! Les Bascombe sont là depuis le XVII e siècle comme ma taverne. Déjà, quand Peter a été arrêté, ça a failli déclencher une révolution dans le pays. Alors personne n’oserait toucher à Betty. Ils se contentent de l’ignorer et elle n’en demande pas plus.
    — Et l’autre, le Ricci ? Tel que je le connais il n’aurait guère de scrupules à s’en débarrasser ?
    — Il n’oserait pas : ce serait signer ses crimes et, en hiver, on aurait bien trouvé le moyen de le lyncher. Et il le sait !
    — Étrange cette espèce de sécession entre la vieille ville et le Newport doré ! C’est une source de prospérité ?
    — Et encore ce n’est plus ce que c’était mais notre île depuis que les premiers colons y  sont venus a toujours été une terre de contrastes. Au commencement, comme dit la Bible, étaient les minorités persécutées du XVII e siècle, Quakers puis Juifs et pourtant l’origine de la fortune de l’île, c’est l’esclavage, partie prépondérante du commerce avec les États du Sud.
    — L’esclavage ?
    — Eh oui ! Autant et même plus que Charleston, Savannah ou La Nouvelle-Orléans. Les anciens avaient mis au point un système parfait : ils bâtissaient des navires, les expédiaient en Afrique faire le plein de nègres puis cinglaient vers les Indes Occidentales où ils échangeaient leurs cargaisons contre du sucre, de la mélasse et de l’or. Après quoi ils revenaient ici où la mélasse était transformée en rhum. Ainsi se trouvait bouclé un circuit à toute épreuve. En outre nous entretenions d’excellentes relations avec les riches planteurs aristocrates du Sud que rejoignaient aussi les riches planteurs anglais de la Jamaïque. Cela pendant l’été pour fuir les fortes chaleurs. Mais personne n’avait fait construire de simili-palais ou de copies de châteaux. Tout ce monde vivait dans les simples maisons coloniales du vieux Newport où les réceptions succédaient aux réceptions durant tout le XVIII e siècle, même après la Guerre d’Indépendance qui a fait disparaître les Anglais. Puis ce furent les planteurs du Sud après la guerre de Sécession.
    — Vos planteurs avaient des esclaves ?
    — Pas seulement eux. Le grand Washington en avait à Mount Vernon et Jefferson à Monticello. C’étaient les seigneurs de la Virginie. Nous avions d’ailleurs été les derniers à ratifier la Charte d’Indépendance et on s’est un peu fait tirer l’oreille pour aller se faire tuer dans le Sud. Ici c’était et c’est resté longtemps une terre de tolérance. Et puis, après la guerre Mrs Augustus Belmont est venue avec Ward Mac Allister, l’homme de toutes les folies qui a transformé nos pique-niques bon enfant en « fêtes champêtres » avec valets dorés versant le champagne à flots dans les bois ou sur les plages, architectures florales, argenterie massive, nappes de dentelles étalées à même le sol et orchestres cachés dans les buissons où les dîners de cent convives étaient quotidiens et où le moindre bal coûtait cent mille dollars. Et puis a commencé le règne de « la » Mrs Astor. C’est elle qui a limité la Haute Société à 400

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