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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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un avenir que je crois proche, une grave crise financière. Depuis qu’ils ne peuvent plus boire ni jouer ailleurs que dans la clandestinité les Américains ont découvert la spéculation en Bourse. Or celle-ci fait monter les cours dans une telle proportion que les valeurs n’ont plus aucun rapport avec le capital réel des industries qu’elles représentent. Tout est fondé sur le volume des achats et des ventes qui est devenu monstrueux. Aussi le plus faible ralentissement des transactions ferait s’écrouler tout le système. Et c’est ce qui va se produire avant longtemps. Si l’Amérique s’est embarquée sur un bolide sans freins, je n’ai pas l’intention d’attendre l’accident… Et l’accident ce sera la panique qui s’emparera des milliers de porteurs d’actions quand ils s’apercevront qu’ils ne détiennent plus que du papier.
    Un silence suivit ces dernières paroles dont Aldo pesait la gravité. Venant d’un tel homme l’information méritait réflexion mais au point où il en était, les considérations financières présentaient peu d’importance. Néanmoins il dit :
    — Et si… cet accident ne se produisait pas ? Pourquoi donc serait-il inéluctable ?
    — Parce qu’il est pratiquement impossible qu’il en soit autrement mais soyez certain que je suis déterminé à le déclencher au cas où il ne se présenterait pas suffisamment vite.
    — Je vois !… En revanche ce que je vois mal c’est ce que vous allez faire de… de…
    Il n’arrivait pas à trouver le mot qui convenait pour le monstre qu’on lui avait fait entrevoir mais Ricci avait compris :
    — Pour celui dont j’ai accepté les ordres… et les conseils durant tant d’années. Parce que je le plaignais, l’admirais et, d’une certaine façon, l’aimais ? En un mot pour Cesare, ce génie de la finance… mon frère aîné enfin ? Lui aussi va disparaître. Il a fait son temps et sa perte est devenue une nécessité. Pour les raisons que vous venez d’invoquer mais aussi parce que je veux vivre entièrement libre les années qui me restent et que je veux paisibles. Demain avant l’aube ce palais que j’ai bâti pour lui va sauter et, avec lui, tous ceux qui s’y trouveront encore. À mon regret vous en ferez partie…
    — Et vous n’y serez plus bien entendu ?
    — Bien entendu. Cette nuit, le Médicis viendra jeter l’ancre dans la baie et je me rendrai à son bord. Ensuite… la mer est grande.
    L’égoïsme de cet homme avait quelque chose d’effarant et surtout sa façon de disposer des vies humaines avec le détachement d’un Néron ou d’un Caligula. Même celles qui auraient dû lui être chères :
    — Et Mary que deviendra-t-elle ?
    — Son sort est réglé : elle sera mon dernier cadeau à Cesare ! Lorsque son univers souterrain s’anéantira il sera, je l’espère, au plus fort de sa jouissance et ne se rendra compte de rien : il mourra heureux.
    — Et pour elle ? Combien d’heures de martyre ? Ne pouvez-vous au moins lui éviter cela ? Encore une fois c’est une femme !
    — Vous avez de la pitié de reste et celle-là ne la mérite guère. Depuis que je l’ai rencontrée elle se joue de moi. Du moins elle le croit car l’idée ne lui viendrait même pas que je puisse l’avoir percée à jour. Vous ne m’avez rien appris avec vos « révélations » vous savez ? Et en réalité, elle n’est pour moi qu’un pis-aller.
    — Comment cela ?
    — Celle que je destinais à combler les ultimes désirs de mon frère était plus belle, plus tendre aussi. Je l’avais choisie avec soin et vous savez ce qu’il est advenu d’elle ?
    — Vous l’avez fait écraser sous mes yeux dans Piccadilly, martela Aldo saisi d’une furieuse envie de se jeter sur ce misérable et de l’étrangler, gardant assez de raison pour savoir qu’on l’abattrait aussitôt et il voulait en savoir plus. Autrement dit vous rentriez bredouille ? jeta-t-il avec un maximum de mépris.
    — Exact ! Or, sur le bateau, j’ai trouvé cette fille. Moins belle que Jacqueline mais la ressemblance était suffisante pour quelle fasse l’affaire. Elle s’était donné assez de mal pour me prendre au piège alors qu’en réalité c’est moi qui l’ai prise… Voilà ! ajouta Ricci en se levant, vous n’ignorez plus rien à présent.
    — Pas tout à fait. Puisque je ne dois pas quitter les lieux vivant je voudrais connaître l’histoire des joyaux de Bianca Capello… et

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